mardi 2 juin 2009

L'affaire Cicéron


1952
Titre originel : 5 fingers
alias : L'affaire Cicéron
alias : Five Fingers
1952

Cinéaste: Joseph L. Mankiewicz
Comédiens:James Mason - Michael Rennie - Danielle Darrieux - John Wengraf



Un film d'espionnage très bien filmé par Mankiewicz -scusez le pléonasme. On sait aussi que Mankiewicz n'est pas qu'un joli faiseur, mais avec un scénario purement divertissant, cet aspect professionnel est mis en évidence. L'histoire et les personnages présentés ici ne permettent pas les explorations psychologiques et morales d'All about Eve ou de A letter of three wives, aussi est-ce l'écriture scénaristique et la réalisation du film qui portent toute l'attention. Me semble-t-il.

Or, force est de constater que le cinéaste fait encore une fois preuve d'une belle rigueur dans la construction. Sans extravagance, assez sèche, la réalisation est avant tout orientée vers l'efficacité. Le genre l'exige-t-il? Peut-être un peu. Mais c'est bien plus le milieu dans lequel les personnages évoluent qui nécessite une approche aussi sobre, directe.

Pour consolider les passages de crise et de suspense nés de cette histoire de documents militaires cruciaux volés par le valet de l'ambassadeur britannique à Ankara, Mankiewicz s'adjoint les services du compositeur Bernard Hermann dont la musique nerveuse et tendue (combien de fois merveilleusement utilisée par Hitchcock) se marie plutôt bien à ce type d'intrigue.

On reconnait aussi à Mankiewicz une capacité à susciter chez ses comédiens le meilleur d'eux-même. Cette affaire Cicéron confirme cette qualité primordiale selon moi.
James Mason est parfait pour un rôle il est vrai assez monolithique, en apparence du moins car le tumulte de son arrivisme se laisse deviner sur deux ou trois plans d'une brêve mais intense puissance. Mason, en Merlin, réussit dans ces secondes là à sortir des étincelles de singularité.

Que ce soit Danielle Darrieux (en comtesse franco-polonaise)

ou John Wengraf (en aristocrate allemand)  ou bien encore Michael Rennie (en agent britannique), les comédiens servent plus que correctement l'intrigue.

3 commentaires:

  1. libellé : espionnage (peut-être)

    Votre essai ne rend pas justice à la chose la plus intéressante ici : le rapport maître/valet et son triple retournement (servez-moi un verre, ordonne Diello à la comtesse polonaise). A ce moment pensent Diello et le spectateur "les jeux sont faits, l'affaire est dans le sac".
    Puis les coups de théâtre se succèdent et le suspense émerge et s'accélère : la femme de ménage remplace un fusible, et sans le vouloir déclenche l'alarme. Diello donne le change "il s'est enfui par là’’ dit-il avec sang froid à l'envoyé britannique . Bref, corps diplomatiques anglais et nazis se mettent à la poursuite du fugitif, d'Ankara à Istamboul (ou Constantinople). Puis...un navire quitte le Bosphore. Pour Diello, le rêve de toute une vie se réalise enfin : on le voit ensuite, en blazer d'alpaga blanc, dominer de sa villa haut perchée l'océan qui le sépare de ses tribulations et humiliations passées. Mais si le film s’arrêtait là, on ne serait pas chez Mankiewicz…
    Alors coup de théâtre extraordinaire : l'espion et la comtesse qui l'a trahi et volé ont une fortune colossale …de faux billets, et le film de s'achever sur un éclat de rire comme il n'y en a pas deux au cinéma.

    Roxane


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  2. C'était déjà moi le 12 février 2013 à 20:46. (j'avais oublié)
    Je reviens à ce film ce soir parce que "le cirque" de James Bond et de ses nanas (à peine entrevues qu'elles sont baisées : on ne craignait pas le sida à l'époque) m'a laissé sur une fin de "bon" film d'espionnage (dans une veine + ou - similaire assez palpitante, je reverrai LA FIRME avec Gene Hackman).

    je trouve Danielle Darieux très bien employée (Ophüls en fait lui aussi une très bonne utilisation dans
    LES BOUCLES D OREILLE DE MADAME DE…).

    J'ai souvent regardé cette affaire CICERO, et pour Mankiewicz et pour Mason et pour Darrieux dans ce rôle d'agent double, mais étrangement, ce soir il me manque l'énergie percutante des James Bond, la couleur,
    les décors très modernistes (prequ'en avance sur leur temps qui font penser à Stanley Donen (je dis une
    bêtise ? Possible, je n'ai pas le courage de comparer les dates).

    La comtesse Staviska arrêtée en Suisse avec une fortune en faux billets est une fin sublime.

    All about Eve figure en bonne place parmi mes "top ten", j'ai eu beau revoir trois fois et lire mille choses autour de "A letter to three wives", je n'ai pas marché et n'ai pas compris le succès du film.

    J'ai essayé de voir tous les James Mason qui existent, et s'agissant de mâles, il est parmi mes "top five". Il a comme la plupart des acteurs anglais formés par le théâtre ou Oxford, une diction anglaise
    qui est un pur enchantement pour moi.



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  3. je pensais avoir encore quelque chose à dire, mais j'ai tout dit. Il est tard et je verrai les "boni" (pluriel de bonus) demain. Terence Young et Mankiewicz n'ont pas les mêmes visées, mais selon l'âge et l'humeur on s'arrête ici ou là. Mais dans les deux cas c'est vraiment du bon cinéma (je me rattrape). Dans son interview à Cannes, Robert Bresson, après un speech sur l' "invention au cinéma" déclarait que les JB 007 en étaient bourrés — inventions et qu'il adorait être surpris à chaque séquence. C'est un beau et juste compliment. Je vais laisser couler un peu d'eau "sous le Pont Mirabeau de nos amours" et tâcherai,
    si c'est possible de voir les blurays. Ce que vous en dites est bluffant. Il est encore 4 heures du mat,
    je suis réveillée par les infos et vous savez ce que je fais : je les introduis dans mes rêves avec des
    "tiens ! c'est Christine ockrent, on est samedi et les infos de 12.30 sont passées".
    Obligée d'annuler tous mes RV du matin. Cela étant, je ne dérange personne. La diférence entre le matin et le soir pour moi est capitale : le matin, je me sens foutue, le soir je chante sur les toits, avec ou sans lune.
    Avez-vous remarqué la dentition de James Mason dans ses premiers films ? Ses sourires sont endeuillés (comme dans le film où un écrivain cherche un criminel et le trouve en Mason, un de ses premiers rôles) par des dents qui se chevauchent ou sont manquantes …L'argent ne fait pas le bonheur de ceux qui n'en ont pas. Trève de clichés, je tire ma révérence !

    P.S. les couples de A LETTER TO THREE WIVES sont d'une banalité à pleurer

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