mercredi 29 octobre 2014

Heat



1995

Cinéaste: Michael Mann
Comédiens: Al Pacino - Robert De Niro

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd




Cela faisait très longtemps que je n'avais pas vu ce film. Mes souvenirs n'étaient pas marqués par un grand enthousiasme. Je me rappelais un grand duo d'acteurs, cabotins ou impériaux, une belle fusillade urbaine et c'est tout.

D'une certaine manière, après cette nouvelle revoyure, mon opinion repose d'abord sur ces mêmes éléments. Pourtant, cette fois-ci, j'ai beaucoup apprécié le spectacle. Peut-être pas un immense kif, mais un bon petit, fort sympatoche. J'ai même regretté de ne pas l'avoir vu en blu-ray. Si Criterion pouvait s'occuper de son cas, je suis preneur de suite.

Premier plaisir : la belle mise en scène de Michael Mann, reconnaissable, comme une bonne vieille copine qu'on est heureux de retrouver pour un petit coup, en hommage aux délices et aux souvenirs émus du bon vieux temps. Son image est toujours bien placée, parfois surprenante, bien cadrée, imaginative, sensuelle, très picturale. Elle pourrait être froide avec ce gros travail sur les gris, les bleus, le métal des lumières qui jaillissent du noir de la nuit, cette épuration des lignes, ces sempiternelles baies vitrées, ces cités lumineuses, rutilantes. Ampoules chaudes contre ombres froides. Mais rien n'est moins froid que ces lignes, ces couleurs qui paralysent les personnages, les enferment dans un monde de solitaires qui ne savent s'ils veulent l'être vraiment. Métaphysiquement seuls face à la mort et tous ces fantômes qui errent autour des vivants, les personnages n'ont que très peu d'issues dans "Heat" : la fidélité à l'idée, d'amitié ou d'amour, d'identité, de jeu social. Même si tout cela est très dangereux, cela fait sens et permet aux hommes de continuer à creuser le sillon, à poursuivre leurs espérances même si elles les fuient sans cesse. "Heat" est un très beau film noir. Nous savons tous que nous allons mourir. Les personnages sont hantés par le chemin qui les y mènera.

Film sur l'amour et la mort, il est aussi drapé des plus beaux atours que Michael Mann sait mettre sur ses histoires. Il filme avec un soin continu des cadres les plus stylisés, des acteurs qui semblent s'ébrouer joyeusement dans ce flot d'images esthétisantes et ce magma existentiel où les personnages hauts en couleurs font plus que survivre.

Al Pacino
est peut-être le récipiendaire le plus chanceux. Pouvoir laisser libre court à l'exubérance de son policier désabusé face à son addiction professionnelle, son sacerdoce un peu morbide et qui détruit progressivement sa vie familiale composite est sans aucun doute pour Pacino un cadeau qu'il goûte à sa juste valeur. Il ne ménage pas ses efforts pour incarner un flic intelligent qui tente de rester humain au sein d'une population de requins et de cadavres. Il tempête, il grimace, comme je disais plus haut, il cabotine à plein tube, avec dans l’œil cette petite étincelle, un indice de jubilation intérieure qui fait bon voir quand on est un spectateur aimant. Il prend son pieds et ça se voit. Sans effort apparent. Grande classe.

Il prend d'autant plus de plaisir qu'il a face à lui un compère, un frère d'arme à sa taille, tout aussi libre de son jeu et grâce aux certitudes de l'expérience et de l'âge sans doute. Robert De Niro
possède son personnage avec peut-être plus d'intériorité. Certaines de ses scènes sont admirables. On peut littéralement lire dans ses yeux le cheminement de sa pensée et des ses émotions, notamment dans une séquence en voiture où il doit choisir entre la vengeance et une nouvelle vie.

L'association des deux personnages tient sur une seule idée, un peu ténue, celle du rôle social, du travail, de l'accaparement de la fonction sur l'individu, qu'il soit braqueur ou flic. L'astuce est un peu tirée par les cheveux. On voit bien qu'elle est le prétexte à la célébration dans la réunion de deux comédiens gigantesques.

C'est du moins le sentiment qui m'a tenu un peu éloigné du film pendant des années. Il s'est aujourd'hui presque totalement dissipé, ne prend plus toute la place en tout cas. Je peux désormais apprécier un spectacle bien pensé, à la concrétisation lumineuse, comme sait toujours si bien le faire Michael Mann. Place au plaisir de ciné, tout simplement!

Trombi:
Val Kilmer:

Jon Voight:

Ashley Judd:

Natalie Portman:

Tom Sizemore:

Amy Brenneman:

Diane Venora:

Mykelti Williamson:

Wes Studi:

Ted Levine et Patricia Healy:

Dennis Haysbert:

William Fichtner:

Tom Noonan:

Kevin Gage:

Hank Azaria:

Susan Traylor:

Kim Staunton:

Danny Trejo:

Henry Rollins:

Ricky Harris:

Tone Loc:

Hazelle Goodman:

Jeremy Piven:

Xander Berkeley:

Steven Ford?

Kai Soremekun:

Bud Cort:

?
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vendredi 17 octobre 2014

Carland Cross Le golem



1991
Tome 1

Carland Cross : Le golem

Auteur: Michel Oleffe
Dessinateur: Olivier Grenson
Editeur: Claude Lefrancq Editeur

Notice SC



Déçu, dans la mesure où je me suis fait une trop belle idée de l'ouvrage. Surtout, amoureux du grand roman holmésien et même de ses ersatz plus ou moins fidèles à leur modèle, comme les Harry Dickson de Jean Ray, mi-polars mi-fantastiques, je voulais croire que cette série bédé allait fureter avec finesse dans ce type d'univers.

Hélas, de finesse il n'est point! Bien au contraire. J'ai de suite été rebuté par le style ampoulé du texte, parfois ridicule, quelquefois carrément grotesque notamment avec ses saillies anglaises sorties de nulle part. On voudrait cligner de l'œil vers Edgar Pierre Jacobs, on pourrait s'y prendre autrement. Le clignement insiste, répétitif et maladroit, lourd. Alors que chez Jacobs, cela coule de source, ici le texte apparaît affadi par cet emploi mal venu de l'anglais qui a donc des consonances artificielles. L'apprenti détective qui donne du "maître" n'est pas sans ambiguïté. On veut rire là ou on est sérieux? On ne sait trop.

Quel dommage que le scénario et les personnages soient d'aussi pales figures, car le dessin, très classique, école belge, certes, n'est pas sans charme horrifique par moments. Agréable, il réussit parfois à bien coller à l'aspect fantastique de l'aventure. Tssss, vraiment frustrant!

Je ne renouvellerai donc pas l'expérience de cette série bédé. Désolé.

jeudi 16 octobre 2014

Columbo : Rançon pour un homme mort



1971
Title: Ransom for a dead man
Titre: Rançon pour un homme mort

Saison 1
Episode 0
ou 
Pilote 2

Réalisateur: Richard Irving
Comédiens: Peter Falk - Lee Grant

Notice Imdb

Vu en dvd




Second pilote (que d'aucuns classent comme le premier épisode) diffusé 3 ans après le premier, cet épisode présente un Columbo moins propret, plus relâché dans la coupe de cheveux. Peter Falk
incarne un lieutenant plus volontiers plongé dans ses réflexions. Pas de trace de la voiture encore, mais le chili con carne fait son entrée.

Vis à vis du duel policier, les créateurs ont privilégié un tout autre type de confrontation entre le criminel et l'enquêteur. Il y a entre Columbo et les femmes criminelles une sorte de relation de séduction. Le scénario permet aux femmes de bien décrypter le jeu de dupes, parfaitement huilé, que met en branle le lieutenant, à savoir sa fausse gaucherie, ses questions à côté de la plaque, etc. Passer pour un imbécile afin de mieux percer le secret de son enquête en somme. Et sur ce pilote c'est bien de dévoiler, d'entrée de jeu, la "mécanique Columbo" qu'il s'agit de mettre en lumière grâce à la relation privilégiée encore, dans un jeu du chat et de la souris, entre un Peter Falk, bien plus porté à la comédie que dans le premier épisode, et une Lee Grant
 tout en finauderie. Elle le décrit très bien vers la fin, se prend d'une certaine affection ou d'une admiration pour le bonhomme. Columbo est un charmeur, qu'on se le dise!

Ce qui me déplaît un peu plus c'est la relation conflictuelle, annexe, entre la criminelle et la fille de la victime, qui me paraît moins importante et quelque peu mal dégrossie, surtout avec le jeu problématique de Patricia Mattick
(ado écervelée). On n'est pas loin de l'hystérie, c'est plutôt grossier et lassant à la longue. Si l'on se contente de la relation Falk/Grant, l'épisode est assez satisfaisant.

A noter dans le casting, la première apparition dans la série de Timothy Carey, sans doute venu là par la bande, non pas celle du billard, mais celle de Peter Falk, et probablement  de John Cassavetes.

Sur le plan cinématographique, si je puis dire pour un série télé, la mise en scène et en image est assez conventionnelle, mais plus alerte que le premier pilote. Elle prend plus de risques. Il y a des zooms, des travellings, un peu plus d'audace, mais c'est très loin d'être bluffant et innovateur comme dans d'autres morceaux de bravoure columbiens.

Et toujours cette base musicale étrange, très seventies, qui fleure bon les séries et téléfilms de cette époque-là. Percussions curieuses et qui aujourd'hui titillent agréablement mon oreille nostalgique.

Trombi:
John Fink:

Harold Gould:

Paul Carr:

Jean Byron:

Judson Morgan:

Lois Battle:

Harlan Warde:

Jed Allan:

Hank Brandt:

Richard Roat:

Bill Walker: