mardi 27 juin 2017

L'Africain



1983

Titre original : L'Africain

Cinéaste: Philippe de Broca
Comédiens: Catherine Deneuve - Philippe Noiret

Notice SC
Notice IMDB

Vu à la télé

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Très curieusement, ce film de Philippe de Broca n’atteint pas pleinement ses objectifs. Entendons-nous bien : il n’est pas mauvais ce film, loin de là, mais disons qu’il ne parade pas non plus sur les sommets que le cinéaste a déjà plusieurs fois côtoyés auparavant.
Pourtant, sur le papier, tous les ingrédients cher à de Broca sont bel et bien là. Mais la magie n’opère pas. Exotisme, casting royal, alchimie détonante des personnages, le film avait tout ce qu’il fallait et l’ensemble ne parvient pas à produire le résultat escompté. Pourquoi? Je serais bien incapable de répondre avec sûreté.
J’avancerais toutefois une hypothèse : le rythme pas aussi échevelé qu’à l’habitude. En effet, Philippe de Broca a toujours plus ou moins su intégrer à ses comédies cette dimension de vitesse d’exécution, soit dans les dialogues, soit dans le montage et la succession des situations. L’Africain déroge à la sacro-sainte règle de la comédie et l’on peut dire sans se tromper qu’il n’est pas un film qui dévale la pente. Il n’y a pas cette folie, cette course de mots et de gestes, cette percussion dans le récit. Les personnages ne virevoltent plus, ne se téléscopent plus qu’avec modération. Le rythme n’est pas ébouriffant. Les dialogues manquent de puissance et d’accroche.
Les acteurs sont formidables, mais ne peuvent éviter de se heurter à ce manque de souffle originel. Le scénario a beau chercher à faire bouger les personnages, l'enchaînement des situations manque de dynamisme. Les enjeux ne sont pas suffisamment mis en valeur peut-être également.

C’est dommage car Catherine Deneuve
est de toute beauté, charmeuse, maligne et fait preuve d’une force, d’une indépendance qui ne laisse pas le spectateur de marbre.
Face à elle, le grand Philippe Noiret
parvient encore à jouer l’homme fort, tonitruant, prêt à déraciner les arbres à la force des bras et de sa colère. Leur collision n’est pas sans charme. Au loin, on devine leurs souvenirs communs, un film de Philippe de Broca déjà, La vie de château, où ils étaient tous si jeunes et pétulants. Seulement, le temps a passé et le côté piquant n’est plus de leur âge peut-être, oui, sans doute. On songe aussi au merveilleux film Le sauvage de toujours ce grand Philippe de Broca, avec Deneuve et Montand, chef d’oeuvre dont L’Africain reprend un peu la trame : un homme parti loin des emmerdes modernes voit débouler une femme qui n’en finit plus de le bousculer. La comparaison heurte L’Africain de plein fouet. Le sauvage est au-dessus à 100 coudées.
Malgré un très beau casting, où l’on retrouve un Jean-François Balmer
un peu effacé et un Jean Benguigui
magnifique de dégueulasserie et un bien curieux rôle d’anglais pour le grand Jacques François
(tiens, en voilà une idée saugrenue!), malgré les superbes images africaines de Jean Penzer
(la restauration récemment effectuée donne un résultat probant), malgré la très jolie musique de Georges Delerue qui enrobe le tout d’une parure fort plaisante, on finit le film un peu déçu. Certes, on est ravi d’avoir revu ces images, ces acteurs à l’oeuvre, mais déçu que tous ces ingrédients n’ait pas produit ce que la recette laissait espérer.
Souci d’enfant gâté? Je n’en suis pas sûr. Je crois réellement que le film s’est assoupi en cours de route, sans qu’il s’en rende compte, tout doucement, gentiment, sans faire de bruit...

Trombi:

Félins



1988

Titre francophone : Félins

Auteur: Carmelo Gozzo
Dessinateur: Lorenzo Lepori

Editeur: Elvifrance
Série Incube n°70

Notice SC
Notice Bédéthèque

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Petit format italian (fumetti) très curieux. Son histoire est pour le moins abracadabrante, pas loin d’être grotesque, jugez-en : une guerre entre deux peuplades matriarcales (les femmes dominatrices des lions contre les femmes dominatrices des tigres) voit la victoire des premières sur une planète lointaine. Mais les trois filles de la reine des tigres ont été téléportées sur notre bien vieille Terre afin d’échapper au génocide. Les femmes lions mettent une génération à retrouver leur trace et envoient des lions pour les massacrer.

Ajoutez à cela des moments pornographiques totalement injustifiés par l’histoire, un côté gore quand les lions dévorent les humains et vous obtenez là une bédé très étrange, dont les objectifs semblent pour le moins éclatés, partant dans tous les sens. Oh, j’allais oublier : on a droit à un flic aux traits plus ressemblants à ceux de Peter Falk en Columbo.
A ce compte-la, pourquoi pas? Je subodore que Carmelo Gozzo a voulu surenchérir dans le nimportenaouak et s’amuser. Quelque part, son histoire est tellement délirante qu’elle en devient fascinante, car décomplexée, folle assumée.

Le dessin est a priori conventionnel pour ce type de production Elvifrance. On a connu beaucoup plus simple. Celui-ci reste très traditionnel, assez rigide par moments, bien maîtrisé à d’autres. En fait, plus le format est pris au maximum, mieux le dessinateur Lorenzo Lepori assure. S’il doit découper encore plus l’histoire sur la planche, le dessin perd en détails et sûreté. Du moins est-ce une impression personnelle. Peut-être qu’il manque de fluidité pour retranscrire le mouvement et l’action quand les cases sont trop petites?

Drôle d’objet que cette bédé : à voir tellement cela déborde de tous les côtés. S’il y a un aspect nanar dans la bédé, alors celle-ci peut légitimement en porter le titre!

Diane de Grand Lieu Tome 1



2003

Titre original : Diane de Grand-Lieu, tome 1

Auteur: Hanz Kovacq
Dessinateur: Hanz Kovacq

Editeur: IPM
ISBN: 2-912003-98-9

Notice Bédéthèque
Notice SC

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Hallucinant! J’avais jamais vu un truc pareil, un ovni! Comment décrire cela? Une bédé porno-grotesque? porno-gore? Non, ce n’est pas horrifique, mais le porno dans cette démesure plus que caricaturale, construite sur une violence toujours monumentale, comment appeler ça?
On pense à Sade bien entendu, avec cette espèce d’accumulation, de progression exponentielle vers plus de violence sexuelle, tout en déviant du réalisme pur, à un tel point que cela en devient forcément comique. Je pense qu’outre l’excitation de l’interdit (et dans ce domaine, on y va franco de port avec l’inceste et l’homo/bisexualité), l’auteur a pour objectif de faire rire. Les expressions des personnages sont poussées à l'extrême, sans parler des situations de plus en plus délirantes. A la fin, on ne peut qu’en rire tellement la pornographie est omniprésente, obscène, dégoulinante d’elle même, oui, une caricature grotesque, sans la moindre crédibilité évidemment, de la pornographie clownesque, voilà l’expression qui convient le mieux. J’ai bien eu du mal à trouver quelques images à capturer ne dépassant pas les bornes érotiques décentes. C’est continu. Peu de cases de respirations, comme dans un film pornographique de 1h30 avec 5 minutes de dialogues. Non, cette comparaison n’est pas bonne, je m’en rends bien compte de suite après l’avoir écrite.
Non, la différence est là justement, dans les dialogues, eux aussi très présents et très… “sportifs”. Ils sont incroyables, toujours d’une grossièreté appuyée, telle que j’en ai rougi moi même. Dans le gargantuesque, la protubérance, l’excès, l’amoncellement de gras, de salace, on ne fait pas mieux. Ils sont tellement bien dégueulasses qu’ils finissent eux aussi bien entendu par être drôles à leur tour, ou disons par participer clairement du comique de cette bédé.
Le dessin de Kovacq est assez joli. Le relief, le trait, le modelé donnent une image veloutée, très appétissante, onctueuse avec beaucoup de rondeur.
Pour ce premier tome du diptyque Diane de Grand-Lieu, Kovacq met en scène le calvaire de cette fameuse Diane, la fille d’un aristocrate vendéen au cœur de cette tragique guerre civile qui vit des atrocités épouvantables être perpétrées entre les troupes royalistes vendéennes et les armées républicaines révolutionnaires. Le cadre et le contexte est idéal pour mettre en scène cette violence sexuelle débridée.
Etant tombé sur les fesses devant l’espèce de folie qui se dégage de cette bédé, je suis allé chercher quelques infos sur cet auteur et dessinateur Hanz Kovacq. Je suis d’abord triste d’apprendre que Bernard Duffosey (de son vrai nom) est mort récemment et n’a pas livré beaucoup d’albums. Surtout je tombe des nues encore en apprenant qu’il a œuvré dans une revue de mon enfance, celle sur laquelle j’ai appris à lire, Fripounet et qu’il a illustré des bouquins d’Enid Blython, sur Le club des 5 par exemple, qu’il a été l’illustrateur des Scouts de France. C’est encore plus marrant de découvrir que la bédé pornographique constituait donc pour lui une seconde vie, peut-être une échappatoire.
Du coup, j’ai envie de découvrir le reste, même si je suppose qu’à la longue, le risque de lassitude devant l’énormité de ces obscénités est de plus en plus grand. A lire avec modération donc.

lundi 26 juin 2017

Double jeu



1980

Titre original : Double jeu

Auteur:  inconnu
Dessinateur: inconnu

Editeur: Elvifrance
Série Rouge n°63

Notice Bédéthèque
Notice SC

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Issu sans doute de ces petits formats italiens (les fumetti), celui-ci est publié par Elvifrance, mais ne donne pas d’indication d’auteur ni de dessinateur. Et curieusement, certains visages font penser au trait de Gotlib, mais ça s’arrête là. Le style est ordinaire, assez rugueux, propre, mais sans grande liberté, le mouvement étant très encadré, comme figé, les personnages paraissant cadenassés dans leur case. Pourtant, le dessin n’est pas avare de détails.
L’histoire est intéressante. Elle prend pour cadre l’occupation nazie en Italie en 1943, la collaboration ou la résistance.
Sur la fin, le récit devient difficile par les circonstances de plus en plus violentes et tragiques. Le ton est volontiers grave, la bédé exprimant son ambition mémorielle presque, à dépeindre une histoire traumatisante. Il y a tout de même un certain équilibre dans le récit, une belle progression, une maîtrise de ses effets, notamment dans son dénouement surprenant, peut-être un peu tiré par les cheveux diront les plus chafouins.

Un petit format qui tient la route cependant, sérieux, avec une tension réelle.

Sherlock saison 2



2012

Titre original : Sherlock

Saison 2
3 épisodes

Réalisateurs: Paul McGuigan Toby Haynes
Comédiens: Benedict Cumberbatch - Martin Freeman

Notice SC
Notice IMDB

Critique Saison 1

Vu en dvd

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Les bonnes sensations ressenties au cours de la saison 1 se confirment largement au cours de celle-ci. La mauvaise aussi, autant l’évacuer le plus vite possible : Andrew Scott
en professeur Moriarty grimaçant me hérisse le poil. Jeu ampoulé, sans intelligence, grossier, lourd, il donne une confrontation pâlichonne et le condamne à une grandiloquente mascarade. Quel dommage!
Les deux acteurs principaux Benedict Cumberbatch
font toujours merveille heureusement. On sent de plus en plus l’enthousiasme qui les anime, leur complicité est évidente et très motivante aussi pour le spectateur.
Les libertés que prennent les scénaristes avec les nouvelles ou romans initiaux ne dépassent pas les limites et surtout ne détériorent en rien les éléments essentiels de la mythologie holmesienne. Seuls les plus farouches ultra conservateurs en seront chafouins. Les autres s’amuseront à trouver dans cette mise en forme révolutionnaire les contours et l’assise narrative des récits originaux.
Sans doute un chouïa déçu par le dernier épisode tout de même avec cette écheveau dramatique tellement abracadabrant qu’on a le sentiment que le scénario perd toute mesure, et donc toute crédibilité, très vite, trop vite pour éviter l’effet cumulatif rédhibitoire.
Fort heureusement, les liens entre les personnages sont assez solides pour maintenir l’intérêt de la série, mais c’est vrai que cette machination ultime de Moriarty apparaît ridiculement compliquée et pour tout dire bien trop malhabile pour ne pas faire sourire. L’intensité dramatique en prend un petit coup. Il va falloir revenir un peu plus sur terre pour la saison 3, please!
Trombi: