dimanche 29 octobre 2017

Cours après moi... que je t'attrape



1976

Titre original: Cours après moi... que je t'attrape
Titre anglophone : Run after me until I catch you

Cinéaste: Robert Pouret
Comédiens: Annie Girardot - Jean-Pierre Marielle

Notice SC
Notice Imdb

Vu en streaming
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Dans mes souvenirs d’enfance, il y a une place pour les films de Girardot, et particulièrement pour les deux qu’elle a tourné avec Jean-Pierre Marielle
: celui-ci et Cause toujours tu m’intéresses. À telle enseigne qu’ils se mêlent confusément dans ma mémoire. Avant cette revoyure, cela faisait bien 35-40 ans que je n’avais pas vu Cours après moi que je t’attrape. Je n’ai que le vague souvenir d’un moment agréable, de bons acteurs, d’une comédie douce, tendre. D’une certaine façon, je retrouve à peu près cela.

Sauf que je déchante sur la qualité du « spectacle ». Certes, on a plaisir à suivre le parcours du bonhomme Jean-Pierre Marielle en célibataire endurci qui peu à peu s’éprend d’une charmante créature au sourire émouvant.

a un rôle un peu moins fort qu’à l’habitude. On la découvre ici avec un personnage délicat, dont on devine la lassitude et les blessures romantiques passées. Elle a une fragilité rare. C’est encore Marielle qui prend les devants dans cette relation qu’elle subit avec envie et délicatesse.

Même si leur histoire est mignonne, elle reste assez ordinaire somme toute. Le scénario n’est pas vraiment percutant, c’est le moins que l’on puisse dire. D’ailleurs, c’est étonnant tant Nicole de Buron a su, me semble-t-il, raconter des histoires autrement plus pêchues et pertinentes. Celle-ci est intéressante, traitant d’une rencontre de quadras par petite annonce, phénomène de société en forte croissance à l’époque, mais elle manque de puissance et surtout elle est accablée par des dialogues tellement faiblards!

Difficile dès lors d’exister pour les comédiens. Ils font des efforts visibles. On sent parfois une réelle complicité, mais ce qu’on leur fait dire reste affligeant de platitude, sans rythme ni poésie. Pour une comédie romantique, les situations sont bien tenues, néanmoins le cœur ne peut s’emballer. Le rythme du film est déjà très mollasson, mais ni la mise en scène, ni les échanges entre les personnages ne parviennent à bousculer ou à insuffler de la vie à l’ensemble. Le film demeure inerte : les rares crises que connaissent les deux personnages vers la fin ne sauvent guère le film du naufrage. Une comédie romantique plate ne peut pas faire un bon film. C’est antinomique. On s’ennuie. Gentiment, mais on s’ennuie. Pas étonnant que ce film soit tombé dans l’oubli.
Trombi:

vendredi 13 octobre 2017

Mahjong Master



2013

Titre original : Mahjong Master

Auteur: Lee Jee Youn

Notice SC

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Enfin j’ai trouvé mon appli Mah-jong préférée ! Peut-être trop facile parfois, les niveaux offrent l'avantage d'être très nombreux, extrêmement nombreux : une pléthore de formats. L'ergonomie est très bonne, les tuiles grossissant au fur et à mesure que l'on avance dans le jeu en libérant de l’espace. Bonne visibilité à noter tant les applis mahjong pèchent bien souvent sur ce point.

Ménagères en chaleur



2006

Titre francophone : Ménagères en chaleur

Auteur: Armas
Dessinateur: Armas

Editeur: Dynamite

Notice SC
Notice Bédéthèque

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Bande dessinée porno-comique, Ménagères en chaleur ne réussit pas bien son affaire. Du comique, elle n’en a pas que l’air pour tout dire. L’humour y est gras, très conventionnel, voire pitoyablement vulgaire par moments. Rabelaisiennes, les petites histoires sont autant de contes farceurs dont le comique paraît rapidement daté, toujours sur la même tonalité égrillarde.

Si bien que malgré le grand nombre d’histoires, on finit par s’ennuyer. Certains manquent de réalisme. L’inégale qualité des sketchs rend la lecture encore plus lassante.

Heureusement, le dessin noir et blanc est généreux, d’une rondeur veloutée et appétissante. La chair n’est jamais triste, très agréable à l’œil. Certes, le graphisme n’est pas très original, proche de la ligne claire, mais j’aime assez sa fluidité.

Les détails salaces sont étonnants, sans doute pas nécessaire d’ailleurs. La pornographie ne se justifie pas véritablement ou disons ne s’accorde pas bien avec cet humour ordinaire. Je me demande dans quelle mesure elle trouve une légitimité dès lors que l’histoire est traitée sur le mode comique. Selon moi, la pornographie s’accommode mal de l’émotion comique. L’excitation sexuelle convient tellement mieux à d’autres émotions. Bon, c’est goût personnel qui s’analyse mal. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas cet ouvrage qui me convaincra du contraire.

jeudi 12 octobre 2017

Borgia 1 : Du sang pour le Pape



2004

Titre francophone : Borgia : Du sang pour le Pape
Autre titre : Borgia tome 1

Auteur: Alexandro Jodorowsky
Dessinateur: Milo Manara

Editeur: Albin Michel

Notice SC
Notice bédéthèque
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Ancienne critique:

Très heureux de découvrir une série signée Jodo et Manara.

Rassuré par ce premier tome. Rien d'extraordinaire, mais une histoire bien dégueulasse et réaliste autant que puisse se faire pour des événements et des personnages qui ont pris à travers les siècles et les fantasmes une envergure mythologique. 
On est à la fois dans le propos ultra réaliste, de la real politik de l'époque, le cynisme le plus abject, avec des personnages baignant dans la perversion des institutions, des fonctions, un état de délabrement spirituel au plus haut sommet. 
C'est peut-être là que le glauque et l'infâme le disputent à une sorte de poésie du pire, avec un récit toujours plus baroque, des personnages plus hauts en couleurs. J'aime bien comment Manara et Jodo s'amusent des stéréotypes très "mauvais genre", dans l'érotique, le criminel, l'immoral, la complaisance à décrire ce niveau le plus bas de l'humanité, les plus bas instincts. On ne peut s'empêcher de pouffer devant tant d'horreur, ne pas y croire, d'y trouver l'outrance de ceux qui en ont rêvé. Et d'y voir là un terrain de jeux parfaits pour ces deux vieux crapauds. Et de se demander pourquoi ils ne se sont pas attelés aux Borgias plus tôt. Cela semble tellement évident.
Le dessin est très beau. Ce sont surtout les couleurs qui m'ont plu. Les femmes de Manara sont toujours les mêmes, sublimes. Elles sentent. Je ne sais comment dire. Je les sais grâce à son dessin, elles sont en chair, malgré certaines poses un peu factices. La plupart du temps, elles sont vrai. Au moins j'y crois. Non, ce qui change par rapport à son travail précédent, c'est vraiment cette colorisation, parfois éclatante, parfois aquarelisante, si je puis dire, mais tellement dans l'idée que je me fais des couleurs vives de cette époque. On voit que le dessinateur a pris son pied à recréer le vieille Rome, les détails domestiques ou publiques. Il y a certaines cases qui sont hallucinantes de beauté.
Nouvelle critique:

Je ne connais pas assez l’histoire papale médiévale pour juger de l’historicité réelle du récit. Je suppose que l’épice prévaut sur la réalité, la couleur et le contraste sur le fade et le flou. Aussi le récit privilégie-t-il les excès, une gourmandise dans la violence et le grotesque. Les décors et le contexte paraissent réalistes mais on n’est pas non plus dans le réalisme poétique et politique de Pasolini.

On se retrouve bien entendu dans un monde opulent, bruyant, avec des dynamiques internes promptes à l’agitation, comme sait les inventer le génial Jodorowsky.

Toutefois, les thématiques comme les méandre de l’histoire sont caractéristiques de la bande dessinée de Manara, avec ses nombreux virages, son outrance dans les traits, jumelée à une finesse d’exécution dans le graphisme et puis un soin particulièrement précis à la description qui finit par produire une esthétique à nulle autre pareille.

Si bien que ces deux créateurs sont d’évidence faits pour s’entendre : il y a une espèce d’ heureuse concomitance de styles et de visions. Ce premier tome alors spectaculaire est largement à la hauteur de mes espérances.

La mise en forme, dans les grands cadres, très cinématographiques pour le coup, jusque dans la couleur et l’image picturale qui en résulte, donne à l’ensemble fière allure. De la belle ouvrage ! Il s’en dégage un sentiment de grande sérénité dans le fond comme la forme. Le trait est sûr, tout en efficacité. J’aime beaucoup.

Et puis, quel plaisir d’admirer le dessin de Milo Manara… je ne m’en lasserai jamais ! Hâte de passer à la suite