lundi 27 février 2012

À bout portant


1964

Titre original : The killersAlias: À bout portant

Cinéaste:Don Siegel
Comédiens:Lee Marvin -Angie Dickinson -John CassavetesRonald Reagan

Notice Imdb
Vu en dvd



Je n'ai lu et entendu que du bien de ce film et je m'attendais à prendre ma dose de plaisir. Or, c'est à une déception maousse costaude, bien gaulée de chez Gaulé and co, que j'ai dû faire face. Calibre armoire à glace. On me l'a vendu (le dvd cite les Inrocks) comme un polar noir qui (en gros, je ne me souviens plus exactement des termes) témoignait d'une fin d'époque, celle où le cinéma américain arrêtait d'être sage. Comme si les films noirs antécédents avaient les couleurs bisounours.
Certes le film nous immerge dans un univers brutal, et ce, tout de suite, avec une première séquence fulgurante où l'on voit les deux tueurs entrer dans une institution de jeunes aveugles et venir brutaliser la directrice sans aucun égard pour son infirmité. M'enfin, toutes les scènes de violence sont coupées (à l'exception du meurtre de Cassavetes)... semblerait que le cinéma américain ne soit pas encore assez sauvage pour montrer une femme aveugle se faire violenter.
De toute façon, peu importe! Il est vrai qu'on s'en fout de ces histoires de paternité, d'antériorité. Ce qui compte, c'est le style, le ton, l'originalité, or ce film de Siegel peine à se démarquer de ses précurseurs, dans l'esthétique comme dans la direction d'acteurs.
Parlons-en de ceux-là! C'est sans doute l'un des éléments qui m'ont le plus laissé sur ma faim. A part Lee Marvin qui m'impressionne toujours autant par son naturel et la justesse du moindre geste, je crains que tout ce petit monde soit laissé à une liberté de jeu par trop excessive. 
Clu Gulager, qui accompagne Lee Marvin semble forcer sa voix, lui faire prendre un timbre guttural artificiel. Sa dégaine de blouson noir dans son costume cintré et son jeu ampoulé m'ont paru emprunté. A qui? Je ne saurais dire, mais quoiqu'il en soit, il n'était pas à la bonne taille. Ça ne colle pas.

J'aime beaucoup Angie Dickinson

et je m'empresse de préciser que cela n'a rien à voir avec mon immodérée adoration de la féminité. Souvent, cela entre en jeu dans mon jugement. C'est tellement évident que cela serait idiot de le nier. Mais là... même pas! En règle générale, j'ai pour elle une sympathie immédiate qui peut faciliter la manière dont je reçois ses prestations. Cependant, sur ce film-là, je ne suis pas vraiment bouleversé par sa performance. On a pourtant là un personnage "noir" par excellence...
SPOILER :
Seulement, sa duplicité n'est pas bien amenée, sans ambiguïté, sans mystère. D'habitude, la vamp, on la devine. Derechef, on sait qu'elle allume, qu'elle est le poison en chair qui va manger le pauvre hère. Là, on se fait avoir autant que John Cassavetes. Certes, on est surpris, mais ce n'est pas ce qu'on attend d'une vamp, bien au contraire, on veut qu'elle soit garce et qu'on le sache dès le départ, pour mieux suivre la dérive de sa victime. Pfff, jamais content!
FIN SPOILER


Ronald Reagan? Tsss, je n'y arrive pas. Je ne peux pas oublier. Je n'arrive pas à faire abstraction. D'autant qu'il a déjà sa face ridée, il est déjà bien entamé. Est-ce qu'il joue bien? Bof, peux pas dire. Est-ce qu'il a une présence? Nan. Est-ce qu'il fait peur, comme tout bon bad-guy qui se fait respecter? Naan.

Et John Cassavetes dans tout ça? Très jeune... trop ? Il m'a un peu déçu. Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi lisse.

J'ai tellement de mal à passer outre sur une distribution absente, quand en plus, le style, le parti-pris formel sont aussi peu conformes à mes attentes, à mes envies de film noir ténébreux, alors forcément, ça m'enfonce un peu plus dans le bougonnage. Avec des éclairages très vifs, un soleil resplendissant, des décors très lumineux, très propres, on est très loin du cinéma sale américain. Beaucoup de scènes extérieures, sans doute par manque de moyens, sont filmées en studio, on voit alors très bien les peintures censées représenter le ciel bleu.

L'écran derrière les acteurs donne dans le toc aux scènes de courses. C'est malheureux mais je ne crois pas jamais à ces personnages.

Je ne rentre jamais dans l'histoire ni dans ce cauchemar que doit constituer un bon film noir et glauque. Celui-là est trop blanc, trop plastique. Même pas mal!
Trombi:
Claude Akins:

Norman Fell:

Virginia Christine:

Seymour Cassel:

Don Haggerty et Robert Phillips:

samedi 25 février 2012

Tommy



1975

Cinéaste:
Ken Russell
Comédiens:
Oliver Reed -Ann-Margret -Roger Daltrey -Elton John

Notice Imdb
Vu en dvd



J'aime tellement les Who et naturellement l'album "Tommy" qui fait partie de ces chefs d'œuvre qui ne disparaitront pas! Mais l'adaptation de Ken Russell me laisse pas mal sceptique.
Ça parait pourtant une bonne idée de faire chanter les acteurs même si leur talent vocal laisse à désirer (Jack Nicholson,
Oliver Reed, etc.) mais pour le fan whoesque que je suis, il en ressort une certaine frustration.
C'est le même problème avec l'orchestration, l'usage des synthétiseurs trop poussée à mon goût ne parvient pas à me faire oublier l'interprétation des Who plus pêchue et mordante.
En fait, seuls la survoltée Tina Turner
et le sur-bigleux foldingue Elton John
trouvent grâce à mes oreilles pour être parvenus à créer quelque chose d'original et fort, dans l'hystérie, ce magma frappé chaud bouillant des personnages qu'ils possèdent, grossiers, hurlants, caricaturaux avec un débordement jouissif qui convient à merveille. Ce sont les seuls à bien s'en tirer.
Délire visuel et sonore, le spectacle se permet toutes les outrances. Russell use et abuse de son zoom, cherche à démultiplier les angles, les formes de cadre, triture la photographie et laisse éclater son imagination dans le champ d'opportunités pas trop restreint que la technique de l'époque lui laisse.
Amusant spectacle qui finit peut-être par lasser sur la fin, on a un peu hâte que l'histoire trouve sa conclusion. Quoiqu'il en soit, même si j'ai pu trouver ici et là quelques motifs de réjouissance, je conçois parfaitement que le film puisse laisser indifférent et bien plus : qu'il tape sur le système nerveux de beaucoup.
Trombi:Ann-Margret:

Roger Daltrey:

Eric Clapton:

Keith Moon:

Paul Nicholas:

Robert Powell:

Barry Winch:

Fleur d'oseille



1967
Alias: Sorrel Flower


Cinéaste:Georges Lautner
Comédiens:Mireille Darc -Anouk Ferjac -Maurice Biraud -Amidou


Notice Imdb
Vu en dvd



Curieux, je n'avais jamais vu ce film. Je connais pourtant mon Georges Lautner par cœur. Du moins le croyais-je.
Curieux également parce que le film est très flou dans son genre, ce qui n'est pas plus mal. On ne sait si l'on est dans un polar, une comédie ou un drame. Le sujet est troublant.
Charpenté sur le personnage joué par Mireille Darc, c'est tout de même encore un film d'hommes. Michel Audiard est aux dialogues. Pas le meilleur Audiard, mais son style s'identifie parfaitement. J'apprécie toujours mon petit Audiard, comme quelques rondelles de saucisson poivré pour l'apéro d'ailleurs mais je m'égare (j'ai trouvé une saucisse sèche du Perche... oh mes aïeux! je m'en régale toutes les semaines et je continue de m'égarer). Ici, Audiard ne s'investit pas très fort cependant. M'enfin, ce fieffé salopard a un si beau brin de plume qu'il arrive avec rien à trousser un joli texte. On le sent sur la réserve, à l'économie. Tout en retrait. Quelques lignes fusent, mais c'est presque par habitude. On écoute avec plaisir, mais sans jubilation extrême comme de coutume. Soit.
Quand je vois cette réalisation encore plus osée, plus originale et couillue qu'à l'accoutumée -même si Georges Lautner n'a jamais été un lâche ni un pépère derrière sa caméra- je me dis qu'il s'est éclaté à filmer cette histoire. Entre le champ très vaste des couleurs et l'usage très large du cinémascope, ainsi que surtout le traitement bi-focal (excusez si le terme est impropre) du cadre, bien avant le procédé mis en place par Brian de Palma qui permet d'avoir les plans avant et arrière très nets sur le même cadre, le film fait preuve d'invention, d'une certaine audace, en tout cas d'une envie d'innover, de proposer des images neuves, dynamiques et belles. J'ai la nette impression que le cinéaste, n'ayant pas à se farcir les egos surdimensionnés des stars mâles qu'il avait l'habitude de diriger, s'est un peu plus lâché sur l'esthétique de son film. C'est assez heureux.
Dommage que l'histoire soit aussi peu bandante! Peut-être aussi que le film souffre d'un manque de souffle chez certains comédiens.
Mireille Darc
est un peu dans un registre grave, trop sérieuse au début du film. Le scénario l'entraine presque dans une histoire qui ressemble à ces édifiantes aventures mélodramatiques qu'on servait aux jeunes filles en fleur, jadis, pour les dissuader de voir le loup de n'importe qui, ces histoires de filles-mères abandonnées à leurs tristes sorts. Aussi l'actrice prend-elle un air "cocker triste" dans les premières minutes qui se transforme parfois en moue boudeuse peu expressive.
J'ai bien aimé la grandiloquence ridicule de Paul Préboist. Si cet acteur a mangé un énorme tas de sous-rôles vérolés tout le long de sa carrière, il a su tomber sans doute par hasard sur deux ou trois emplois pas trop dégueus. Même si celui-là est exubérant et passible de la peine de grotesque, j'avoue que j'en ai apprécié la fantaisie et le verbe (ou du moins le port de l'Audiard classique). On peut le compter dans les prestations honorables. Hum voilà tout.
Anouk Ferjac
qui accompagne Mireille Darc est tout en ambiguïté saphique
mais je suis resté indifférent à ce rôle peut-être un peu trop faible à l'écriture.

D'Henri Garcin, j'avais le souvenir un tantinet affectueux de sa participation récurrente dans "Maguy" que j'ai pu voir quand j'étais gamin et celui beaucoup plus heureux de sa performance dans "La vie de château" qu'il faudrait que je revois tellement ce film était frais. J'ai une assez bonne estime de ce comédien, son style, sa voix, son élégance naturelle, matinée d'intelligence inquiétante, mais dans ce film, je n'accroche pas du tout. Je trouve le personnage insipide, peu crédible.
Mais il n'est pas le seul. D'André Pousse
à Amidou,
beaucoup d'autres ne décollent pas vraiment de leur strapontin. Ça gesticule et les mots d'Audiard ne déploient guère d'envergure dans leurs bouches. Ça tombe à plat. C'est triste.

Le film est coloré mais ne conte guère qu'une histoire assez monochrome. Un Lautner trop attentiste peut-être?
Trombi:Maurice Biraud:

Fanny Robiane:

Micheline Luccioni et Jacqueline Doyen :

Renée Saint-Cyr:

Henri Cogan:

Jean Luisi:

Jean Panisse:

Frédéric de Pasquale:

Dominique Zardi et Bob Sissa:

Marcel Gassouk (2e à gauche):

Roger Mailles (à gauche):