dimanche 29 mai 2016

Tchao pantin


1983

Cinéaste: Claude Berri


Vu sur le net

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Tchao pantin” est un film noir, ultra noir, composé de deux parties bien distinctes. La première présente les personnages et montre très délicatement, avec beaucoup de soin et de patience comment se construit la relation amicale, puis filiale entre Lambert (Coluche) et Youssef (Richard Anconina). La seconde détaille avec un peu plus de fracas la vendetta de Lambert sous les yeux et le cœur de Lola (Agnès Soral).

La première partie opte pour un ton très doux, bien qu’entouré par les brumes du noir. La photo est éclairée par une lumière sombre et rehaussée par des couleurs très crues de la ville, bleues et rouges la plupart du temps. Alors que la deuxième me semble encore plus ténébreuse, sauf un joli plan final rayonnant du ciel de Paris, zébré du vol des pigeons et des premiers rais de soleil matinaux, semblant comme une résurrection, un éclair de vie pour Lambert.

A 99,99% très noir, le film ne l’est pas uniquement sur l’image bien sûr. Ce parcours en forme de rédemption est tout simple, assez classique bien qu’il met en branle tout un monde interlope marqué par son temps, un Paris populaire, cosmopolite, pauvre, où tout le monde essaie de survivre, se télescopant parfois, oubliant sa solitude comme il peut, dans l’alcool, la dope ou dans des espoirs minces d’amour, d’amitié, de mains et de lèvres tendues.

Rien de révolutionnaire, sauf que le scénario et la mise en scène de Claude Berri manient tout cela de façon très habile : à la fois par son réalisme cru, au limite du pathétisme, le film, sans tomber non plus dans la caricature exprime une tendresse évidente de générosité pour ses personnages. Lambert a beau dire : il n’est pas aussi mort qu’il le croit, et c’est là son drame. Mais comme il s’agit d’un film noir, forcément sa vie ne tient plus qu’à un fil. Trop tard pour la renaissance.

La direction d’acteurs est impressionnante. Les comédiens restent toujours dans les clous, ultra précis et offrent des prestations merveilleuses. J’ai bien conscience que l’adjectif est fort, mais en aucun cas il n’est disproportionné ni usurpé.

Le jeune Richard Anconina 
se révèle extrêmement juste, sobre. Coup de maître pour son premier grand rôle.

La performance d’Agnès Soral
elle aussi révélée par ce film, est remarquable pour un rôle tellement casse-gueule. Son personnage doit jouer de l’esbroufe punk, mais en plus elle doit opérer de compliqués virages à 90 degrés avec Anconina d’abord, puis avec Coluche. Elle pourtant fort bien la route, crédible du début à la fin.

La prestation de Coluche 
est désormais historique : dès qu’un comique dévoilera son talent de tragédien, on parlera dorénavant de son “Tchao pantin” en guise de mètre-étalon de la conversion réussie et révélatrice. En effet, Coluche nous met une belle claque : très fermé, très sobre lui aussi, il maintient un jeu efficace, sans éclat particulier, dont les nuances apparaissent progressivement avec une puissance inattendue, jusqu’à cette fameuse scène finale où il nous fait totalement oublier le clown pour nous cueillir par ses larmes, simples, pudiques qui soulignent toute la finesse de son jeu. Dans l’humour comme la tristesse, Coluche aura su jouer avec sincérité et largesse.

Pas étonnant que ce film ait reçu autant de prix ; il les mérite amplement !

Trombi:
Mahmoud Zemmouri:

Philippe Léotard:

Ben Smaïl:

samedi 28 mai 2016

La femme de mon pote



1983

Cinéaste: Bertrand Blier
Comédiens: Isabelle Huppert - Thierry Lhermitte - Coluche

Notice SC
Notice Imdb

Vu sur le net

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Film particulier pour moi. Je l’ai vu à sa sortie en salle, j’avais 12 ans. C’était une époque bénie où le cinéma ne coûtait rien ; j’y allais deux trois fois par semaine. Je dévorais du ciné comme un affamé ; je m’en remplissais. Et j’ai le souvenir que ce film m’avait fait un drôle d’effet dans la masse que j’avais déjà ingurgité. 

Notamment par rapport à Coluche. Je n’avais pas vu “Tchao pantin”, que je vis plus tard en VHS. “La femme de mon pote” était pour moi le premier film où Coluche ne faisait pas le pitre. Et pourtant, on l’y retrouvait un peu tout de même, dans sa manière de parler, sa gouaille. Certes, il n’a pas le même tonus, l’entrain habituel. Mais, outre ses problèmes personnels durant cette période, considérons bien qu’un scénario de Bertrand Blier ne porte guère à l’outrance et la grimace. L’humour vient des situations et parfois des dialogues. Le cinéma de Blier se distingue essentiellement de cette propension des personnages à tenir des discussions étranges poussant l’absurde jusqu’à ses extrémités, d’où l’humour surgit avec plus ou moins de mélancolie parfois ou un certain désenchantement. Bref, la petite musique des mots de Blier ne s'accommode pas bien des pouet-pouets comiques ordinaires. Par contre, la verve de Coluche, son bagou populaire fonctionne ici très bien. 

La femme de mon pote” n’est pas le meilleur de Blier, loin de là. Je lui préfère nettement le génial “Buffet froid”, mais il est tout de même bien au dessus de ses films ultérieurs où le cinéaste semble s'être un peu fourvoyé dans des sentiers qu’il aurait mieux fait de ne pas battre. Ce qui peut plomber la lecture de ce film, c’est son rythme alangui, contemplatif par rapport à des dialogues qui demandent à mon avis un peu plus de peps. J’ai eu le sentiment qu'après 50 minutes, il y avait comme un creux, un ventre mou où l’ennui guettait, et puis la fin redonne du souffle à l’intrigue. 

Ce qui m’a davantage plu est à voir du côté du personnage joué par Isabelle Huppert,
très ambiguë, dont la liberté n’est peut-être pas tout à fait réaliste (évidemment puisqu’on est dans une farce absurde avec ce ménage à trois improbable) mais dont la justesse de jeu dans la perversité est impressionnante.

Le jeu de Thierry Lhermitte 
me plaît moyennement : il y manque quelque chose. Sa fièvre amoureuse manque de chair. 

Coluche est triste à souhait, comme je disais plus haut. Il est assez juste, toutefois on sent une retenue qu’il n’y aura pas dans “Tchao pantin”. Sans doute que son implication, son intimité avec l’histoire et ses déboires existentiels y sont pour beaucoup, bien entendu. 

La réalisation de Bertrand Blier m’intrigue. L’usage du CinémaScope est curieux ; il ne paraît pas indispensable, surtout avec un film tourné presque en huis clos finalement. Il n’y a guère d’espace à remplir. L’horizontalité du cadrage n’est pas utilisée sauf quelques plans lointains, d’ensemble sur quelques scènes. On a droit à quelques doux travellings qui donnent un peu de vie à certaines scènes, mais l’essentiel du film se joue sur le talent des acteurs, leur interaction, sur les visages. Alors pourquoi un CinémaScope ici? Je ne sais pas. 

De fait, ce film m’a marqué. Je l’ai revu plusieurs fois pour comprendre ce qui me plaisait ou pas. Aujourd’hui encore je reste perplexe. Je n’arrive pas à me détacher d’une sorte de fascination pour ce trio d’acteurs, cette alchimie bizarre que le scénario propose peu à peu, par cet univers très en adéquation avec son époque finalement, où l’interdit n’existe plus trop, où Blier peut tout de même encore passer pour un excentrique, à défaut d’un avant-gardiste. Coluche tâte de l’encre noire d’un jeu de plus en plus triste. L’ensemble n’a pas donné un grand succès. Il n'empêche, il y a un petit quelque chose, un mystère qui demande une explication, qui me plaît bien de traquer de temps en temps, toujours en vain, sans doute par nostalgie parce que vu à l’aube de ma cinéphilie.
Trombi:

jeudi 19 mai 2016

Deadpool



2016

Cinéaste: Tim Miller
Comédiens: Ryan Reynolds - Morena Baccarin

Notice SC
Notice Imdb

Vu sur le net



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Visionné sans aucun a priori, ne connaissant rien de cette histoire, j’avoue avoir été cueilli par la drôlerie des dialogues et des situations. Cette comédie d’action penche du côté de cette Nouvelle comédie américaine qui se classe volontiers vers la grossièreté et la vulgarité les plus crasses en même temps que les plus assumées. Dès lors, les saillies fusent avec bonheur. Elles font le sel du film d’ailleurs.

Même si les scènes d’action sont de bonne qualité et les effets spéciaux nombreux à mettre du spectacle, le récit n’a rien d’exceptionnel.

On pourrait bien parler de classique film d’action. Il a évidemment ses allures de film de super-héros, mais à la fin ce sont toujours les répliques décalées de Deadpool qui gagnent. J’entends par là que tout le film essaie de dérouter le public. Que Ryan Reynolds,
la fade lanterne verte, soit cette fois un petit rebelle impertinent, subversif est en soi un pied-de-nez suffisamment démonstratif de la volonté des créateurs à sortir des sentiers désormais archi-battus des films de super-héros. Force est de constater que cette entreprise, louable sur le papier, est menée à son terme : concrètement, cela fonctionne bien.

Sans tomber dans l'excès contraire, la caricature lourdingue, Deadpool assume sa Marvelitude tout en ajustant quelques coups bien sentis dans les roustons de la production habituelle. Mais si on n’est pas déçu par le maelström d’explosions, de cadavres déchiquetés, on passe plus de temps à rire devant toutes ces facéties.

Mini trombi:
Ed Skrein:

Brianna Hildebrand:

Morena Baccarin:

mardi 17 mai 2016

Captain America Civil war



2016

Cinéastes: Anthony Russo - Joe Russo
Comédiens: Chris Evans - Robert Downey Jr. - Scarlett Johansson

Notice Imdb
Notice SC

Vu en salle

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Écrire une critique sereine, objective, détachée de ma déception primaire va être une tâche difficile. Avec un titre pareil, comment ne pas avoir le sentiment de s'être fait enfler? J'ai’ bêtement cru à une adaptation de la bédé. Un putain de titre trompeur! Comment être clément quand on se fait arnaquer ?

J’étais tellement curieux, avide de voir cette adaptation. D’adaptation il n’y a pas. Ni de guerre civile, ni de réflexion politique ou philosophique sur le libre-arbitre, encore moins de super-héros intelligents s’interrogeant sur leur fonction. Des films de super-héros, je crois même que c’est l’un de ceux où ils sont les plus cons.

De tous les films où Tony Stark apparaît, jamais il n’avait été aussi demeuré, ce qui en soi constitue un déni de personnalité, une trahison impardonnable de la part des scénaristes, tant ce super-héros en particulier avait été un des rares à pouvoir prendre de la hauteur et de la distance vis à vis de sa condition humaine et des événements qu’il subissait. Dans cet épisode, il a faux sur toute la ligne, du début à la fin, ayant mis toute logique, toute rationalité dans son slibard. Pitoyable nigaud.

Du reste, il n’y en a pas un pour sauver l’autre. Le niveau intellectuel du film est très bas de plafond. Les dialogues aussi s’en ressentent avec un humour quasi absent, des justifications à l’action totalement foireuses, voire inexistantes. De fait, on parle la plupart du temps pour ne rien dire. De tout le film, je crois que la seule réplique sensée vient de Natasha Romanoff (Scarlett Johansson) à Tony Stark (Robert Downey Jr.) sur son ego.

Si encore on en avait plein les mirettes, mais en plus on retrouve dans les scènes de combat ou de poursuites le fameux syndrome épileptique du montage illisible. Par moments, les mouvements semblent saccadés à force de découpage syncopé. Pénible. Je croyais cette mode révolue, que les réalisateurs et monteurs actuels en étaient revenus de cette pratique merdique. Il faut croire que ceux-là ont un métro de retard. Depuis quelques temps en effet, on avait reconsidéré qu’un confort visuel n’était pas à négliger pour que le spectacle puisse s’imposer avec efficacité. Hé vlan, on nous réimpose cette épreuve désagréable. Par conséquent, il y a quelques instants où j’ai fermé les yeux en attendant que cette diarrhée visuelle se calme, que les gesticulations intraduisibles soient finies, ce qui est un mauvais signe pour un film d’action. J’ai encore l'horripilant souvenir de Quantum of solace.

Du coup, ce film incolore se révèle hautement dispensable. Or, devant son grand succès au box-office, je crains le pire pour la suite de la franchise Marvel.