2016
Photographes: Eli Hoffman - Kamel Moussa - Stefanie Moshammer - Pietro Masturzo - Ina Schoenenburg
Lieu d'exposition : La Panacée
Chaque
année, les rencontres photographiques de Montpellier (boutographies)
sont l’occasion pour les incultes comme moi de se colleter à la
photo, un art trop méconnu je le crains. Mais je peux me tromper,
avec une vision sous le prisme étroit de ma propre absence de
connaissances sur le sujet.
Cette
année, ces boutographies sont accueillies par La Panacée, centre de
culture contemporaine située en plein écusson montpelliérain. Je
n’y avais jamais mis la rétine, honte sur moi et ma famille
jusqu'à la 17ème génération ! Entrée libre, en ce dimanche de
1er mai; l’affluence va grossir durant l'après midi , mais quand
nous arrivons la visite commence avec une latitude de mouvements Très
agréable.
Je
ne connais pas grand-chose à la photo. Pardon, je ne connais RIEN à
la photo. Il y a sûrement des pans entiers de l’œuvre de ces
artistes qui m’auront échappé, ne serait-ce que sur le plan
technique tout simplement, mais encore plus certainement sur la façon
dont ces artistes se positionnent dans l’histoire de leur art.
M’enfin, comme pour tout art, on peut se contenter du ressenti qui
prime. Et là, pas besoin de culture, on ouvre son œil, on écoute
son émotion, on goûte sa pensée.
Or,
je n’ai pas été à proprement parler époustouflé, sauf par deux
ou trois photographes. Ce qui est déjà formidable à vivre ; je ne
regrette pas ce déplacement ; j’en suis heureux même. Ici, je
n'évoquerais pas ceux que je n’ai pas aimé ou qui m’ont laissé
indifférent. Je vais me contenter de souligner mes coups de cœur.
Encore
que je voudrais commencer par un artiste dont le travail ne m’a pas
plu, mais m’a toutefois interpellé. Il s’agit du suédois Eli
Hoffman. Son “Fading” est un ensemble de photos très sombres,
étouffées, verdâtres ou brunes, essentiellement morbides. Je n’ai
pas aimé ces photos, néanmoins j’ai bien conscience du travail
que cela représente, de la réflexion qui préside à leur création.
Je salue aussi la recherche, l’invention dont il fait preuve, même
si le thème ne m’enchante guère.
Si
je devais n'en retenir qu’un, le mettre sur un piédestal, Kamel
Moussa serait celui-là. L’équilibre instable, titre que le
photographe tunisien donne à son groupe d’images, est
particulièrement parlant. Par sa simplicité, il arrive à insuffler
quelque chose de très puissant. Certaines photos sont des coups de
poing, très expressives. J’ai été cueilli, ému. Elles disent
toutes le malaise, l’ennui, le désarroi, la peur, la lassitude,
l’aspiration déçue de la jeunesse tunisienne.
J’ai
bien aimé le travail d’Ina Schoenenburg. L’allemande traite de
l’intime avec une apparente simplicité. C’est touchant,
troublant. Et surtout plus complexe que ça en a l’air. J’ai peu
de mots pour bien exprimer ce que je ressens sur certaines images. Je
suis ému sans trop savoir par quoi. Sans doute parce que cela touche
à l’intimité familiale, un truc compliqué pour moi. Certaines de
ses photos sont étrangement plus académiques et trop construites
pour me plaire.
Pour
finir avec la sélection officielle, je retiens quelques photos de
Stefanie Moshammer. Cette artiste autrichienne m’intrigue dans le
sens où son “I can be her” me semble partir dans des sens très
divers. On a des photos très re-travaillées. Celles qui me plaisent
étudient l’espace, le cadre, les paysages, notamment américains.
D’autres se veulent futées, mais me déplaisent parce que leurs
effets me paraissent faciles, voire un peu grossiers, comme ce doigt
dans l’orange, pas vraiment subtil.
Je
terminerais sur le travail remarquable “Facts on the ground” de
l’italien Pietro Masturzo qui ne fait pas partie de la sélection
mais a reçu le prix Échange. Ses photos ont été prises dans les
colonies israéliennes. Celles qui me touchent le plus sont celles
qui montrent des paysages saisissants et d'une grande force
évocatrice. Le travail sur la lumière est juste stupéfiant de
beauté, de précision. Très cinématographique aussi : c’est
certainement pour cette raison que j’ai accroché. Ce sont des
photos qui doivent absolument êtres vues en exposition car je n’ai
pas réussi à trouver sur le net de reproductions aussi nettes et
précises.
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