Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
samedi 24 octobre 2009
Valse avec Bachir
2008
Titre original : Vals Im Bashir
alias : Valse avec Bachir
alias : Waltz with Bashir
2008
Cinéaste: Ari Folman
Notice Imdb
Vu en salle
Vu en juillet 2008:
Au cœur d'un crime de guerre, Sabra et Chatila, Beyrouth, retour en 1982.
La première séquence est du point de vue technique bluffante. Entre 2D et 3D on s'y perd. Le rythme, l'emplacement des chiens, des décors et surtout de la "caméra", le montage et l'accompagnement sonore, les idées esthétiques et d'animation (à l'intérieur de la séquence, j'ai encore en tête cette flaque d'eau avec le reflet d'un panneau de signalisation "école" troublée par la course des chiens, somptueuse mise en image!), tous ces éléments mis bout à bout offrent une entrée en matière ébouriffante. Pourtant tout le film ne se résume pas à cela. Le film d'une richesse incroyable, tant dans la forme que dans le fond, offre bien plus de variété que cette séquence. Il sait ménager des temps de réflexion, de rêverie, où une flopée de sentiments et d'émotions diverses peuvent se développer presque librement. Presque parce que la guerre et la chasse aux souvenirs enfouis doit reprendre, comme un battement de cœur, il faut marcher, aller de l'avant.
Ce film est un voyage introspectif, analytique à travers l'ivresse que la vie peut nous laisser toucher, de temps en temps, si l'on a envie d'avoir l'oreille et les yeux du poète. Le périple franchement et courageusement humain donne la main (celle du maître) au spectateur, le conduit avec juste assez d'humanité pour que la violence et l'horreur deviennent des témoins de nous même. Et surtout que la mémoire revienne. Qu'elles devienne en quelque sorte accessible. Que le cerveau et le coeur puissent accepter de les regarder en face. Tout le trajet personnel, intime du personnage principal qui a oublié tant ce qu'il a vu et vécu était insupportable. Cette quête ne va pas jusqu'à rendre l'insupportable supportable, je ne dis pas cette énormité. Mais disons qu'elle permet de réajuster la capacité de voir, de se souvenir du vu ou fait quand le temps a permis d'oublier et de se reconstruire, autrement. Pas sûr d'être clair. C'est un métier d'être clair. Et puis les rêves ne sont pas clairs. Heureusement. C'est parce qu'ils restent longtemps abscons qu'on se met en quête de les éclairer d'un sens. Pour avancer. Et se faire pardonner de nos péchés.
Parce qu'ici aussi, quand on se penche sur la guerre et ses méfaits, la culpabilité montre forcément le bout de son nez.
Une fois qu'on a vu le film, on se rend compte qu'on a donc très vite oublié l'aspect technique de l'animation. On oublie la forme. On oublie le dessin animé. On ne regarde plus qu'un film. On s'approprie très rapidement la recherche du personnage. On réalise aussi combien le film est extrêmement bien écrit. L'auteur nous amène progressivement sur ses pas à la réalité du souvenir retrouvé. Horreur ô combien réelle que les images d'archives télévisées viennent souligner de manière un peu trop didactique à mon goût (je veux dire par là que cela revient à mettre un bandeau "ceci est une histoire vraie...", bref, que ce n'était pas la peine).
Quoiqu'il en soit, un film qui frappe fort, produisant le fabuleux exploit de montrer d'une manière visuelle et auditive attrayante ce qui est sur terre le moins distrayant tout en invitant le spectateur (devenu voyageur) à une réflexion et une introspection des plus bouleversantes.
Ce n'est pas le genre de film que je reverrais avec plaisir plusieurs fois. Mais le voir une fois s'est révélé important.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire