Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
samedi 3 octobre 2009
United Red Army
2007
Titre original : Jitsuroku rengo sekigun: Asama sanso e no michi
Titre international : United Red Army
Cinéaste: Kôji Wakamatsu
Comédiens: Arata - Go Jibiki - Akie Namiki - Maki Sakai
Notice imdb
Vu en dvd
Très long film de Wakamatsu, plus de trois heures. Découpé en trois parties plus ou moins distinctes.
La première présente les divers personnages impliqués dans le mouvement révolutionnaire communiste japonais, l'United Red Army et la naissance de parti extrémiste dans les mouvements de protestations des étudiants à la fin des années 60.
La deuxième partie est de loin la plus longue et la plus difficile à voir. Il s'agit du long et pénible retranchement idéologique auquel se sont livrés les leaders du parti pour encadrer et mettre à l'épreuve l'endoctrinement des membres. Retirés dans des régions désertes en montagne, les membres doivent faire leur auto-critique continue et intense afin de délivrer leur esprit de tout sentiment, toute réflexion, tout réflexe bourgeois et individualistes. Mais cet "auto-criticisme" se transforme tout de suite évidemment en torture mentale, puis physique, allant jusqu'à la mort de beaucoup des membres.
Le film est très dur. Le spectacle de la violence ne nous est guère épargné. Si c'est un peu trop long à mon goût, si l'on échappe pas non plus à une sorte de monotonie due à la répétition des actes de violence et du processus imbécile de la torture, force est de constater que l'impact de ce spectacle est intensément ressenti. On est bel et bien bouleversé par la barbarie de l'endoctrinement aux accents purgatoires. Face à la manipulation des esprits, à la négation du jugement et de la réflexion au mépris de l'élémentaire humain, au mépris de la réalité et ses complexes composantes, il est difficile de rester insensible. L'espèce de suicide collectif auquel se livre le groupe est fondamentalement révoltant, déplaisant. C'est exténuant d'écouter ses sempiternelles séances staliniennes d'exhortation à se nier soi même pour le bien du collectivisme, d'une imbécillité et d'une malhonnêteté si immenses qu'on peine à ne pas s'énerver de voir les membres courber l'échine, ras du bulbe, coincés dans cet engrenage crétino-idéologique. Surtout, la violence est si constitutrice de leur mouvement qu'elle finit par s'immiscer très rapidement dans les rapports humains à l'intérieur du parti. Elle devient langage, ponctuation. Le terrorisme de ces extrémistes s’infiltre au sein même du mouvement. Wakamatsu dépeint très bien l'évolution logique de l'absurdité extrémiste. J'entends par cet énoncé volontairement contraire (logique de l'absurdité) qu'on voit très bien comment des étudiants enthousiastes, rieurs et passionnés s'abandonnent progressivement à la violence du terrorisme et deviennent ensuite les proies de leur propre terreur, incapables de maîtriser leur violence, non moins que leur idéologie. Si la première partie était un peu difficile à lire, surtout pour un type comme moi qui ne connaissais rien de l'histoire politique japonaise, la deuxième est beaucoup plus étirée en longueur. Les scènes se suivent et se ressemblent. Inutilement.
A voir que Wakamatsu en rajoute une couche avec une troisième partie censée mettre en valeur la découverte par les membres du parti de la vanité et de l'inefficacité de leurs actions, je suppose que le cinéaste a voulu tout dire, faire une démonstration de tous les événements, présenter une chronologie exhaustive; délivrer une somme, un film collant au près de la réalité historique, presque un docu-fiction. Les images d'époque de la première partie appuient cette idée.
Malgré le fait que ces ambitions soient nobles, j'ai tout de même le sentiment que Wakamatsu aurait pu en dire autant, avec peut-être même plus de force et de portée, en coupant, en montant plus serré. Pendant la deuxième partie, on souffre, on se demande comment on va tenir jusqu'au bout. Dans la troisième partie la hâte qu'ils se fassent arrêter : "que fait la police?" se fait de plus en plus cruellement sentir. On peut également déplorer l'exagération de certaines scènes... ou disons l'espèce de complaisance de Wakamatsu à filmer les blessures (le maquillage n'aide pas, manquant de réalisme).
Surtout je regrette la sécheresse, l'austérité ("stalinienne" peut-être?) du film. Wakamatsu ne cherche en aucun cas à enjoliver sa réalisation. Très austère ou très ordinaire? La photographie plutôt moche et la réalisation assez plate? Connaissant un peu les talents de Wakamatsu à la caméra, on s'interroge sur les options esthétiques prises.
Intéressant au début, vite pénible, le film de Wakamatsu n'est pas une oeuvre que je retiendrai.
Trombi des leaders:
Akie Namiki :
Arata :
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