2004
Titre original : Yeojaneun namjaui miraeda
Titre francophone : La femme est l'avenir de l'homme
alias : Woman is the future of man
Cinéaste: Sang-soo Hong
Comédiens: Ji-tae Yu - Tae-woo Kim - Hyeon-a Seong - Ho-jung Kim
Notice Imdb
Vu en dvd
Vu en mai 2005:
Un film brut, mystérieux, posé, alambiqué qui demande peut-être une relecture.
"La femme est l'avenir de l'homme" est une phrase extraite d'un texte d'Aragon que Hong a découvert à Paris.
Ce film est étrange, différent, difficile à lire. Si l'on se donne la peine de s'ouvrir à cette non-linéarité du récit, la lecture du film se fait sans trop d'encombres tout de même et avec quelque plaisir. Celui de rencontrer de nouveaux personnages, complexes, surprenants. Beaucoup de dialogues et d'actions inattendus, d'idées qui apparaissent d'on ne sait où, comme des rêves ou des cauchemars.
Par exemple, peut-on prévoir que Mun-ho s'en prenne aussi violemment à l'étudiant dans le restaurant, et encore plus que sa colère se transforme aussi vite en un désespéré discours -cynique ou lucide- sur l'absurdité de l'univers, sur la futilité de l'art, des idées, des actes, bref de l'existence humaine? Son violent "espèce de petit connard" ne parait-il pas démesuré, insensé? Il frappe encore plus le spectateur, il rend attentif. Son discours n'en devient-il pas plus touchant?
Ou encore, quand Mun-ho demande tout de go en pleine nuit à Seon-hwa de le sucer, ce qu'elle fait sans problème alors qu'elle sort de la chambre de Hyeon-gon. Etrange triangle à la Jules et Jim mais dont l'existence reste précaire, friable, plus que problématique tant l'incommunicabilité des personnages semble tenace, insoluble même. Ou bien encore, le rêve succinct de Mun-ho au stade de foot, où il se met en scène comme bout-en-train devant les étudiants...
Incongruités ? Qui permettent cependant de faire connaissance avec les personnages. De manière détournée, originale : pas étonnant que l'on prenne du plaisir à suivre ce chemin non battu. Tout le film semble ainsi écrit pour que le spectateur se prenne en charge afin d'aller à l'encontre des personnages.
Je ne connaissais pas cet auteur que la brochure de présentation MK2 prod rapproche de Bresson. Je ne connais pas non plus Bresson. Par contre je connais Ozu, du moins assez pour avoir noté des similarités dans la mise en image. Les plans inertes, certes pas tous au ras du sol, mais immobiles sur les personnages. La caméra peut écouter les silences. C'est bon comme du bon pain, rare. J'aime particulièrement cette force là!
Mais il n'y a pas que la forme. L'histoire aborde les sentiments et les corps de manière très libre, très réaliste, sans trop d'artifices. Peut-être parfois de manière excessive, encore que l'excès fait partie de la vie. Même cet excès, cette rage sombre ne sort pas ridicule. Mais il m'a semblé que les relations entre les personnages manquaient un peu d'humour et de recul. Peut-être que la violence sourde de leurs sentiments les empêche, les attache à un désespoir, à des ténèbres de doute et de pessimisme. Du moins pour les deux garçons. La femme est moins bien perçue par le cinéaste, plutôt abordée comme un miroir pour les deux mâles plutôt que comme personnage principal. Dommage.
J'ai aimé retrouver les comportements et le langage sexuel cru de la réalité. Ce film explore cet aspect trop rejeté par la morale commerciale du cinéma mainstream. J'ai aimé cet aspect réaliste ou naturaliste dans les scènes de sexe également -même si on est loin d'un film pornographique- on a le sentiment que les comédiens ne font pas semblant. On se sent plus proches des personnages, sans pour autant éprouver de sentiment de culpabilité voyeuriste. On est plus proche grâce également à la qualité sonore du film là encore au cœur des conversations, des débats et ébats. On est proche des têtes qui se tournent pour ne pas se regarder, des froissements de draps, des mains qui se rapprochent puis se touchent, des pleurs, des gémissements de plaisir, des pleurs pleins de désespoirs, de l'ivresse, on titube avec eux. Et ce, sans avoir recours à un seul gros plan! La caméra réussit à être proche et éloignée grâce au son. Cela donne une drôle d'impression : être avec les personnages sans violer leur intimité. Délicieux. La caméra ne s'agite pas à suivre les personnages. Des plans larges permettent de suivre leur mouvement sans y participer. Peu de travelling par exemple, sauf en début ou fin de scène pour faire les transitions ou situer les moments, les acteurs...
En somme, un film complexe d'un auteur à suivre, un film doux et brut à la fois, naturaliste, moderne, pur en quelque sorte et qui donne envie de voir d'autres films de Hong!
Cinéaste: Sang-soo Hong
Comédiens: Ji-tae Yu - Tae-woo Kim - Hyeon-a Seong - Ho-jung Kim
Notice Imdb
Vu en dvd
Vu en mai 2005:
Un film brut, mystérieux, posé, alambiqué qui demande peut-être une relecture.
"La femme est l'avenir de l'homme" est une phrase extraite d'un texte d'Aragon que Hong a découvert à Paris.
Ce film est étrange, différent, difficile à lire. Si l'on se donne la peine de s'ouvrir à cette non-linéarité du récit, la lecture du film se fait sans trop d'encombres tout de même et avec quelque plaisir. Celui de rencontrer de nouveaux personnages, complexes, surprenants. Beaucoup de dialogues et d'actions inattendus, d'idées qui apparaissent d'on ne sait où, comme des rêves ou des cauchemars.
Par exemple, peut-on prévoir que Mun-ho s'en prenne aussi violemment à l'étudiant dans le restaurant, et encore plus que sa colère se transforme aussi vite en un désespéré discours -cynique ou lucide- sur l'absurdité de l'univers, sur la futilité de l'art, des idées, des actes, bref de l'existence humaine? Son violent "espèce de petit connard" ne parait-il pas démesuré, insensé? Il frappe encore plus le spectateur, il rend attentif. Son discours n'en devient-il pas plus touchant?
Ou encore, quand Mun-ho demande tout de go en pleine nuit à Seon-hwa de le sucer, ce qu'elle fait sans problème alors qu'elle sort de la chambre de Hyeon-gon. Etrange triangle à la Jules et Jim mais dont l'existence reste précaire, friable, plus que problématique tant l'incommunicabilité des personnages semble tenace, insoluble même. Ou bien encore, le rêve succinct de Mun-ho au stade de foot, où il se met en scène comme bout-en-train devant les étudiants...
Incongruités ? Qui permettent cependant de faire connaissance avec les personnages. De manière détournée, originale : pas étonnant que l'on prenne du plaisir à suivre ce chemin non battu. Tout le film semble ainsi écrit pour que le spectateur se prenne en charge afin d'aller à l'encontre des personnages.
Je ne connaissais pas cet auteur que la brochure de présentation MK2 prod rapproche de Bresson. Je ne connais pas non plus Bresson. Par contre je connais Ozu, du moins assez pour avoir noté des similarités dans la mise en image. Les plans inertes, certes pas tous au ras du sol, mais immobiles sur les personnages. La caméra peut écouter les silences. C'est bon comme du bon pain, rare. J'aime particulièrement cette force là!
Mais il n'y a pas que la forme. L'histoire aborde les sentiments et les corps de manière très libre, très réaliste, sans trop d'artifices. Peut-être parfois de manière excessive, encore que l'excès fait partie de la vie. Même cet excès, cette rage sombre ne sort pas ridicule. Mais il m'a semblé que les relations entre les personnages manquaient un peu d'humour et de recul. Peut-être que la violence sourde de leurs sentiments les empêche, les attache à un désespoir, à des ténèbres de doute et de pessimisme. Du moins pour les deux garçons. La femme est moins bien perçue par le cinéaste, plutôt abordée comme un miroir pour les deux mâles plutôt que comme personnage principal. Dommage.
J'ai aimé retrouver les comportements et le langage sexuel cru de la réalité. Ce film explore cet aspect trop rejeté par la morale commerciale du cinéma mainstream. J'ai aimé cet aspect réaliste ou naturaliste dans les scènes de sexe également -même si on est loin d'un film pornographique- on a le sentiment que les comédiens ne font pas semblant. On se sent plus proches des personnages, sans pour autant éprouver de sentiment de culpabilité voyeuriste. On est plus proche grâce également à la qualité sonore du film là encore au cœur des conversations, des débats et ébats. On est proche des têtes qui se tournent pour ne pas se regarder, des froissements de draps, des mains qui se rapprochent puis se touchent, des pleurs, des gémissements de plaisir, des pleurs pleins de désespoirs, de l'ivresse, on titube avec eux. Et ce, sans avoir recours à un seul gros plan! La caméra réussit à être proche et éloignée grâce au son. Cela donne une drôle d'impression : être avec les personnages sans violer leur intimité. Délicieux. La caméra ne s'agite pas à suivre les personnages. Des plans larges permettent de suivre leur mouvement sans y participer. Peu de travelling par exemple, sauf en début ou fin de scène pour faire les transitions ou situer les moments, les acteurs...
En somme, un film complexe d'un auteur à suivre, un film doux et brut à la fois, naturaliste, moderne, pur en quelque sorte et qui donne envie de voir d'autres films de Hong!
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