Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
mercredi 11 mars 2009
Un amour éternel
Titre original : Eien no hito
alias : Un amour éternel
1961
Cinéaste : Keisuke Kinoshita
Comédiens : Hideko Takamine - Keiji Sada - Tatsuya Nakadai - Nobuko Otowa
Vu en dvd
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Je poursuis ma promenade dans le cinéma nippon avec ce Kinoshita que je ne connaissais pas du tout.
Par bien des aspects, mais surtout dans l'esthétique, les grands plans paysagés, les lents et longs travellings, la photo, on sent une influence très importante du cinéma occidental. Je ne sais pas dans quelle mesure l'accompagnement à la guitare, presque flamenco, invite à faire ce type de rapprochement.
L'histoire est quant à elle extrêmement marquée par la culture et la société japonaise d'avant guerre. Le film retrace une histoire d'amour contrariée, c'est le moins que l'on puisse dire, d'un couple à travers pratiquement toute leur existence. La guerre les sépare mais plus encore le fils du gros propriétaire local qui use de son pouvoir jusqu'à l'abominable. Jaloux de leur amour, il profite de l'absence de Takeshi pour lui ravir sa copine, Sadako, en la violant et lui faisant un enfant de la honte.
Mélodrame assez chargé d'autant que les deux tourtereaux ne parviennent pas à se révolter, par honneur et esprit matérialiste (comme il sera justement pointé par le bourreau Heibei à la fin). Ils passent leur existence à souffrir, à s'éviter tant que faire se peut.
Tous les personnages s'ingénient à se renvoyer sans arrêt la violence qu'ils se font subir. Les enfants sur les parents, les parents sur les enfants ou les parents entre eux. C'est à l'approche de la mort de Takeshi qu'ils se présentent des excuses, se pardonnent leur haine afin de libérer leurs enfants de ce lourd passif. Bref, toute une tragédie familiale d'un autre temps où le pathos joue un ciment bien pesant. Kinoshita parvient d'une certaine mesure à éviter, sur les 100 minutes que dure le film, que le trop plein mélodramatique empêche le récit de générer quelques élans aériens.
Effectivement il s'appuie sur ce qui fait l'essentiel, selon moi, du film, le talent enchanteur des comédiens.
Encore une fois, Hideko Takamine éclabousse l'écran de son charme et de son assurance naturelle. L'immense qualité de cette actrice se retrouve également dans l'extrême élégance de sa pudeur de jeu. Comment dire? Elle n'est jamais dans l'exubérance, même dans les scènes dramatiques, elle semble parer son personnage d'une sorte de contention, à l'économie, dans le soucis constant de précaution, de ne pas en donner trop. Et c'est formidable. Je la trouve tout simplement sublime de justesse.
Heibei est joué par Tetsuyo Nakadai. Il dévoile ici grâce à un rôle complexe, qui évolue sur une grande échelle de temps et d'émotions, des talents que je ne lui connaissais pas encore. Je l'ai lui aussi trouvé d'une précision réjouissante.
Les deux comédiens avaient pourtant fort à faire. Un mélo pareil, chargé au pathos double couche, pouvait constituer un écueil bien tranchant avec une invite à l'ampoule méchamment éclatante. Or, tous deux évitent avec une classe émouvante cet obstacle majeur. Chapeau bas!
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