Titre original : Yoru no onnatachi
Titre francophone : Les femmes de la nuit
Cinéaste : Kenji Mizoguchi
Comédiens : Kinuyo Tanaka - Tomie Tsunoda - Mitsuo Nagata - Sanae Takasugi
Vu en dvd
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Énorme film. D'une violence incroyable, un peu physique, certes, mais surtout morale. Plus encore, c'est la violence de l'approche de Mizoguchi qui estomaque. Le cinéaste n'y pas avec le dos de la cuillère, il aborde son thème, la prostitution, dans un corps à corps avec la morale et le regard social sur cette pratique au sortir de la guerre, d'une manière si crue et si directe, sans se défiler face à tous les problèmes qui en découlent, causes et conséquences, que le spectateur d'aujourd'hui ne peut être que soufflé par le courage de l'entreprise, la puissance et la force de caractère du film et la modernité du regard posé par le cinéaste. C'est avec une admiration pour le bonhomme et son travail que j'ai terminé le visionnage.
Ce qui est tout aussi extraordinaire, c'est que le film ne se contente pas d'aborder de manière aussi franche que courageuse un problème social tabou, c'est qu'il le fait avec une maîtrise de la mise en scène qui ne laisse pas de m'ébahir. Certaines séquences sont écrites et réalisées si parfaitement, suintant le naturel et la logique. Tout semble couler de source.
Les comédiennes Tanaka et Takasugi sont excellentes. Elles ont une présence ahurissante. On peine à trouver pareilles justesse et authenticité chez les comédiennes de l'époque. On en trouverait sans doute mais ce que je veux dire qu'elles sont rares. Et qu'ici leurs prestations sont des moments d'enchantement comme le cinéma sait nous en offrir quelque fois.
Seule nuance que je voudrais noter : j'ai le sentiment après avoir vu deux ou trois Mizoguchi, que le bonhomme, s'attachant à faire des films difficiles, de haut niveau mélodramatique, pèche un petit peu par excès de zèle je trouve, sur une ou deux séquences ici. J'ai bien entendu en mémoire la dernière, le plan sur la vierge en vitrail. C'est un tout petit peu trop à mon goût. A force d'appuyer là où ça fait mal, quelques fois (très rarement), il en sort quelques grumeaux un petit peu abusifs.
Reste que pour le moment, c'est mon Mizoguchi préféré. J'ai trouvé la construction grandiose, les comédiennes excellentes et le propos extrêmement fort.
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