Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
samedi 1 août 2009
Là-haut
2009
Titre original : Up
Titre francophone : Là-haut
Cinéaste: Pete Docter - Bob Peterson
Sans aucun doute un de mes Pixar préférés, un des plus émouvants et peut-être celui (avec Les indestructibles) qui s'adresse le plus aux adultes. Quand je parle d'émotion, je voulais justement parler de celle qui touche les adultes. Et en commençant par ce long prologue retraçant l'espace d'une vie, la longue, mouvementée et simple vie du couple Carl et Ellie, les auteurs m'ont cueilli d'entrée de jeu.
Cette petite histoire dans l'histoire qui tient de fil conducteur, de point de source m'a directement caliné le coeur. L'ordinaire de ce couple, ce vieillissement à deux est retracé en quelques plans, sans voix, ni on ni off, en n'omettant ni les bons ni les mauvais moments d'une exstence à deux, ces douloureux renoncements qui sonnent le glas des rêves de jeunesse et dans le même temps le tocsin des certitudes anonnées par les voix de la sagesse. Tout le film repose sur ce thème, l'abandon des projets qui nous sont chers, les lourds réajustements de priorités que les évènements de la vie viennent imposer de façon cavalière et soudaine.
Carl va devoir se détacher de sa maison, de son rêve de la poser à l'endroit tant fantasmé. Son idéal évolue dès lors que Russell, Kevin et Doug entrent dans sa vie, non invités qui vont devenir ses nouvelles priorités.
Bien avant tout cela, Carl avait abandonné ses rêves d'aventure, de voyage au bout du monde. En construisant sa vie avec Ellie, il avait déjà changé son fusil d'épaule. Après la mort de sa femme, ancré sur son passé, cet homme s'était habitué à dire non à la vie. dans sa petite maison, entouré de grands immeubles modernes en construction,
il refusait de changer et c'est finalement dans son refus obstiné allant jusqu'à la violence (légère bien entendu) que se trouvera la clé du bouleversement, du nouveau départ, la nouvelle résolution et les nouvelles rencontres qui changent la vie. Parce qu'en effet, le film montre bien que le refus de moduler ses volontés amène souvent les hommes à une certaine violence. L'exemple pathologique de l'aventurier Charles Muntz, aigri et solitaire est d'ailleurs peut-être un peu trop poussé, stéréotypé. Les cheminements intérieurs de Carl par contre sont très bien dessinés. A la limite, je pourrais dire qu'à partir du moment où Carl rencontre Muntz, le film perd en émotion, en vérité pour gagner en divertissement spectaculaire. De l'action, du suspense qui ne m'ont pas paru indispensables, si ce n'est peut-être pour donner un peu plus de rythme et pousser le vieil homme dans ses derniers retranchements. M'enfin, c'est quand Carl se retrouve enfin seul, dans sa maison, sur sa falaise, au bord de sa chute d'eau et qu'il redécouvre le livre d'aventure de sa femme que le film reprend une grosse bouffée d'émotion salutaire qui finit d'emporter mon adhésion totale.
Le film sur le plan technique n'est pas aussi époustouflant que ces devanciers. Wall-E a atteint des sommets dans la qualité graphique. Ici le film est même proche de décevoir. Certains personnages manquent de finesse. Je pense surtout aux chiens (autres que Doug) presque indignes de Pixar.
Les personnages humains sont typés Pixar. Les femmes ressemblent trop à Elastic Girl. Charles Muntz a un regard, une tête qui ressemble à bien d'autres personnages Pixar. A noter que la 3-D est tristement sous-exploitée (ou mal). A part quelques plans de paysages lointains, les trois dimensions sont peu mises en valeur. L'utilisation de cette technique montre là ses limites : j'ai nettement aperçu des sortes de dégradés hideux sur les gros volumes à teintes unies comme les grosses joues de Russell qui par moments étaient postérisées. Les couleurs surtout dans la jungle m'ont tout l'air d'être superbes. Vivement la lecture du dvd pour en apprécier le spectacle à sa juste valeur. Sur le personnage de Doug, je me mets debout sur la table pour applaudir. Son regard reste très "dessin-animé" mais sa texture pileuse est ahurissante de vérité. Les détails, telle la bave dégoulinante, sa gestuelle, ou ses attitudes sont formidablement dessinés. Surtout la vie que prend le personnage, en chien bête et gentil, est d'une rare finesse. Malgré le fait qu'il s'agit d'un personnage cartoonesque, il est d'une crédibilité étonnante.
La magie Pixar a pour moi pleinement fonctionné sur ce personnage, comme sur le couple Carl/Ellie. Je n'en dirais pas autant pour Kevin et Russell.
Techniquement à part Doug et les couleurs chatoyantes, le film ne m'a pas impressionné. C'est donc plutôt sur le plan affectif et émotionnel que le film m'a tendrement atteint. Avis totalement subjectif et personnel. Combien d'années faudra-t-il pour que dans le regard des cinéphiles, les films de Pixar dépassent le statut de dessins animés spectaculaires pour basculer dans le monde des grands films "tout court" ?
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