mercredi 5 août 2009

Le doulos


1962

Cinéaste: Jean-Pierre Melville
Comédiens: René Lefèvre - Jean Desailly - Serge Reggiani - Jean-Paul Belmondo




Un film particulier dans mon histoire de cinéphage : c'est la première cassette vhs que j'ai achetée, avec mon premier magnétoscope. Et pourtant cela faisait très longtemps que je ne l'avais revu. Si longtemps que je ne me souvenais pas des grandes lignes du scénario et encore moins de ses finesses. et finalement, je le voyais plus grand, plus beau, plus mythique. Il avait eu le temps de prendre ses aises dans mon esprit vagabond. Alors forcément, une petite déception, oh j'ai bien écrit "petite"; me laisse un peu tristounet à la fin du film. J'ai bien eu quelques doutes devant les interrogations de ma femme concernant l'identité du "doulos" ou/et de son degré de traitrise mais au fond la surprise était éventée bien entendu. Peut-être aussi que la déception vient du manque de sécheresse de ce film de Jean-Pierre Melville. Ca bavarde. Surtout les flics. Surtout Jean Desailly qui tourne en rond dans son commissariat, en bavassant sans cesse sur son enquête compliquée.

J'imagine qu'on peut pédaler dans la semoule à force, avec tous ces noms. Mais bizarrement, je ne me souviens pas de cet inconvénient quand j'avais vu le film plus jeune.

Alors on trouve son petit plaisir dans le travail sur les archétypes du noir, le mariage avec les caractéristiques françaises, les petits ajouts propres à ce film.
J'ai particulièrement aimé l'ambiance jazzy que Paul Mizraki bien inspiré. Et puis le travail sur la photographie de Nicolas Hayer

et celui des décors par Daniel Guéret et Pierre Charron ne sont pas loin des meilleurs.

Mais... manque quelque chose. Un peu de patine, du vécu? On sent trop le travail en studio. Ou peut-être qu'un dvd plus convenable que cet Opening (Le Monde) ferait voir tout cela de manière bien plus brillante? Possible. Il m'a semblé en outre que sur les mouvements le grain avait du mal àsuivre, dans les espaces sombres surtout. Dans l'ensemble c'est regardable, mais on est loin d'un Criterion.

Ce qui pourra régaler le spectateur ce sont surtout les acteurs, une jolie petite brochette encore avec un Serge Reggiani en premier lieu qui tient le rôle noir par excellence, avec un personnage cassé, ivre de vengeance comme de lassitude. Son regard au début du film dans le miroir brisé en dit long sur son trajet et son avenir.

Le jeune Jean-Paul Belmondo joue en quelque sorte le même personnage que dans Classe tous risques de Sautet, un gangster à principe, avec ici une aura d'ange prêt à déchoir, bon pour le sacrifice, un peu ingénu sur les bords. Là encore le héros se regarde dans un miroir, mais cette fois, c'est à la fin du film, ce n'est pas le même personnage et en plus vient se greffer une dimension mystique avec la forme liturgique du cadre.

On prendra plaisir devant l'apparition très courte de René Lefèvre en vieux pas si grigou que ça.

On appréciera moins le fait qu'elle soit courte, celle de Michel Piccoli, tant l'acteur rayonne dans sa grande scène avec Belmondo. En peu de mots, à l'économie, il joue juste. Un pur plaisir pour qui aime les acteurs. Décidément trop courte.

Dans le casting, les femmes ne sont pas à la fête je trouve. Fabienne Dali me déplait un peu. La voix est étrange. Ce n'est pas qu'elle soit fluette mais on a tout de même du mal à l'entendre. Elle manque d'envergure. Jolie mais très fardée, dans le style de l'époque il est vrai. Son personnage est presque drôle, par naïveté, influençabilité. Sa scène de séduction avec Belmondo est rigolote. Mais un peu à ses dépends. Embobinée en moins de deux palabres.

Je m'interroge sur la présence de Monique Hennessy.

Son personnage attifée à la Jayne Mansfield (Brigitte Bardot n'avait pas encore fait siens les canons de la mode) verse un poil ou deux dans le sado-maso. Si, si! Une séquence de bondage, à la limite de l'urophilie quand Bébel verse sa bouteille sur sa chevelure désenchoucroutée, très étonnante scène qui vient expliquer le fait que la blonde s'était auparavant vautrée sur le divan avec ses talons aiguilles.

En somme, un petit film noir français, avec des personnages qui pataugent dans leur enfer, en croyant y échapper. Un drôle d'objet en fait : je ne saurais vraiment mettre des mots bien définis sur mon trouble. Je ne parviens pas à y voir un très grand film. Ho, juste un bon film, ce n'est déjà pas mal, non? Certes, mais pour un Melville?

Trombi:
Charles Bouillaud:

Philippe March:

Paulette Breil et Christian Lude:

Jacques Léonard et Marcel Cuvelier:

Dominique Zardi: (à gauche)

et une Mercury Monterey 53:

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