Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
vendredi 29 octobre 2010
Break up, érotisme et ballons rouges
1965
Titre original: L'uomo dei cinque palloni
alias : Break up, érotisme et ballons rouges
Cinéaste: Marco Ferreri
Comédiens: Marcello Mastroianni - Catherine Spaak - Ugo Tognazzi - William Berger
Notice Imdb
Vu en salle
Le titre français est aussi inepte que mensonger. D'érotisme, il n'est point question. Mais la sortie française sur le marché érotique décidée par je ne sais quel génie a tôt fait de tuer le film qui n'est resté à l'affiche qu'une semaine, évidemment. En dehors d'une diffusion télévisée au "Cinéma de minuit" de Patrick Brion, cet "uomo dei cinque palloni" est un objet rare que la Cineteca Italiana di Milano (si je ne m'abuse?) a bien voulu prêter au 36e Cinemed afin de rendre hommage à Marco Ferreri.
Une première pour moi : visionner un film en version originale sans sous-titre, mais muni d'un casque d'où sort la voix virile d'un traducteur qui roucoule d'un accent transalpin à écorcher les nuages. Quelques secondes pour s'adapter et vole le navire!
La présentation du film par le critique Noël Simsolo pour souriante qu'elle soit ne m'a pas totalement convaincu sur le fond, même si l'idée de définir Marco Ferreri comme le cinéaste de l'obsession est souvent excitante mais pas toujours pertinente. Elle l'est complètement toutefois sur ce film-là, c'est indéniable.
Le film montre la lente agonie psychique d'un industriel milanais (me semble avoir reconnu les pointes érectiles de la cathédrale?) incapable de vivre sans réponse à une question obsessionnelle qu'il ne parvient pas à maîtriser rationnellement : "combien d'air peut-il me mettre dans un ballon avant que celui-ci n'éclate?" Le film est intégralement basé sur cette idée qui tourne en boucle dans son esprit, sans fin, jusqu'à le rendre fou.
Or, si la plupart des films de Ferreri se construisent autour de ce type de questionnement proche de l'existentiel ou d'une poétique de l'absolu et proposent donc une réflexion plus profonde, voire universelle et magnifique, ici, le soufflé se dégonfle progressivement. L'obsession de Mastroianni n'interroge pas vraiment l'existence, n'excite guère et n'engendre rien.
A part le travail toujours stupéfiant de cet immense comédien, je confesse un léger ennui vis à vis d'un sujet peu nourrissant et pas vraiment bien traité. Je me suis tellement habitué au travail d'orfèvre dans l'écriture du duo Azcona / Ferreri, que les limites du scénario, ses ratés dans le rythme me paraissent criants. La progression psychologique du personnage n'est pas maîtrisée : les hauts et les bas que connait Mastroianni manquent de réalisme et ne permettent pas de crédibiliser la thèse du film qui par conséquent s'écroule dans la dernière partie.
Tout ça pour ça? La dernière scène avec le chien montrant l'animal réussir à faire ce que l'homme tout à son obsession n'était plus capable d'apprécier est pour le moins grossière et finit de faire s'effondrer le film dans le lamentable. Oui, je suis très déçu. A la mesure de l'estime que je conserve pour ce couple d'auteurs bien plus précis et subtils sur d'autres œuvres.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire