lundi 15 novembre 2010

Lucky Luke



2009

Cinéaste: James Huth
Comédiens: Melvil Poupaud - Jean Dujardin - Sylvie Testud - Michaël Youn

Notice Imdb
Vu à la télé




Un jour férié, un temps de merde, un gamin à la maison et une promotion Canal Plus : il n'en fallait pas plus pour que je me retrouve devant ce Lucky Luke.

La version Huth est très étonnante. Tellement, que je suppose que les fanatiques de la bédé ont pu se sentir trop dépaysés. Quant à moi, même si j'aime beaucoup cette série, je n'ai pas été spécialement choqué par le parti pris très iconoclaste de James Huth. Du reste, peut-on vraiment faire un film plus proche de la bédé? Lucky Luke n'a jamais été une bédé réaliste, loin de là. Il y a du grotesque, de la farce, de l'exubérance et des personnages hauts en couleurs.

Ici, les situations sont peut-être effectivement un peu plus ancrées dans une certaine forme de réalisme, celui du western spaghetti, excessif, où sexe et poil de barbe donnent un côté rustique et âpre. Alors le mélange des genres est un peu déroutant.

Sommes-nous dans le western pur et dur ou bien dans une comédie loufoque? Le va-et-vient entre les genres perturbe mais une fois qu'on s'est habitué, le divertissement est regardable, parfois même drôle.

Cependant, j'imagine que pour les mômes, l'appréhension de ce genre de film a de quoi être désorientant, ce qui est plus emmerdant, vu que Lucky Luke s'adresse essentiellement au jeune public.

Pour l'adulte que je suis, enclin à retourner volontiers quelque fois dans la paume caressante de l'enfance, le plaisir a plutôt été procuré par la belle distribution. Jean Dujardin en tête toujours impeccable

et madame Dujardin à la ville, Alexandra Lamy qui n'est pas vraiment marquante, malheureusement.

Quelle joie de retrouver Jean-François Balmer, un de mes seconds rôles préférés, un type à la voix enivrante, à la fois inquiétante, perfide et chaude, un tête à la Régis Laspalès et un acteur très talentueux!

Daniel Prévost dans un rôle de composition, dur, calculateur et maître du jeu, magicien pervers, roi des duperies, est étonnant, très sûr.

En Billy Ze Kid, Michael Youn, un comédien pour qui j'ai peu d'estime, se révèle assez bon pour incarner l'orgueil et la violence d'un chenapan, d'un garçon tête à claques.

Sylvie Testud est une très très grande actrice, un des plus incroyablement douée actuellement. Tout ce qu'elle touche se met à briller. Sa Calamity Jane est fière, amoureuse, buttée, volontaire, pleine de vie et de superbe, comme dans la bédé.

Et puis Melvil Poupaud, un acteur qui a pignon sur rue et qui me reste encore invisible. Je suis une nouvelle fois passé à côté de ce comédien. Je pense... j'espère que je n'ai pas vu les bons films pour pouvoir bien l'apprécier. Une autre occase de loupée?

Donc un drôle de zig, un drôle de film que ce Lucky Luke, sauce hot Huth, à prendre avec des pincettes.

1 commentaire:

  1. Il sera donc dit, et ce n'est pas une surprise, que quiconque s'attaque cinématographiquement à l'univers de Goscinny, est toujours à côté de la plaque, fort de croire que le droit héritage de sa manière est à chercher dans l'esprit Canal.
    Il sera donc dit, et c'est bien fatiguant, que quiconque s'attaque à transposer du comics à l'écran se croit obligé de s'appesantir en prologue signifiant et investi d'offrir une genèse à qui n'en a pas*.
    James Huth, bien entendu, se vautre en plein ces deux écueils. Boursouflé d'ambition mal placée (au dramatique batmanesque mal négocié (en plus d'être une fausse piste agaçante, le trauma fondateur est calamiteux dans sa mise en forme et ses échos) s'ajoute une trame dramatique et désenchantée poussiéreusement DePalmesque (post-M:I)) et d'une laideur proprement ahurissante (exception faite de la ligne artistique (décors, costumes), plaisante jusque dans ses éclairages, mais fusillée par le filmage et le montage) et un déficit de narration assez embarrassant, que camoufle tant bien que mal une diligence de citations diverses (hors Dalton ou Rantanplan) au matériau Morissien originel (mais réciter tous ses titres d'albums ne fait pas nécessairement de vous un fan intéressant) et de private jokes Dujardo-Hutiennes (les gags de pieds ?).
    Comme à l'accoutumée dans cette perception française de l'hommage patrimonial le casting est une sorte de hall of fame qui n'attrapera toutefois que le gogo prenant ce noyautage copino-télévisuel vite assommant (le triumvirat Dujardin**-Salomone-Lamy laisse ainsi songeur) pour argent comptant. Unanimement grimaçants plus que jouants, tous n'ont d'ailleurs pas quelque chose de vraiment consistant à défendre tant le manque d'écriture entraîné par le soin à bien étaler ses références (sans en avoir jamais le souffle cartoon, la vibration spagh' ou la simple épaisseur (confondue ici avec la noirceur dépressive plus propre d'ailleurs à Blueberry qu'à LL) a égaré le trio rédacteur.
    Pas film de genre, pas film drôle (malgré une ironie certaine), perclus de cadres exaspérants autant que de dialogues mous du colt (y compris dans les vannes), plombé dans son hommage par un souci ramenard de mythologie... ce Luke mérite, et c'est une première !***, le goudron et les plumes.




    * tout plein de défauts qu'était le Blueberry de Kounen,
    au moins évitait-il celui là !

    ** presque: Terence Hill avait déjà bien saboté l'univers...

    *** Dujardin est pourtant un impeccable Luke,
    le meilleur sans doute qu'on puisse trouver en France à l'heure actuelle !

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