samedi 5 février 2011

La dame aux lunes noires



1971
Titre original : Sayedat al akmar al sawdaa
alias : La dame aux lunes noires
alias : The Lady of the Black Moons

Cinéaste: Samir A. Khouri
Comédiens: Nahed Yousri - Hussein Fahmy - Adel Adham

Notice Imdb
Vu en dvd


Quel étrange objet! Le hasard a voulu que cette galette tombe entre mes mains. Est-il heureux? Je n'irais pas jusque là, le film se révélant rapidement emmerdant.
Curieusement, il possède quelques défauts qui permettent de maintenir l'attention, celle qui installe un film au rayon nanar. Avec un titre pareil et deux trois captures intrigantes vues je ne sais plus où, j'ai cru que le film traînait dans les allées d'un fantastique un peu racorni par le manque de moyens et surtout de talent, à l'image d'un "Veerana" par exemple.
En fait de fantastique, le film nous balade plutôt dans une histoire d'amour mélodramatique hautement sirupeuse et très vaguement nimbée de psychanalyse à deux balles.

Les nuits de plein lune, une femme est prise d'une insatiable envie de baiser des hommes qui lui rappellent Omar, un amour perdu. Taraudée par cet échec amoureux, elle passe le film à chialer, couiner, de geignement en lamentations elle nous sort des phrases aussi incroyables que celle-là : "Ma vie est une caravane de visages flous, emportée par une tempête de miroirs tournants". Je n'invente rien, à la fin du film j'ai tenu me repasser les scènes à réplique juteuse. Le film regorge de ces métaphores ahurissantes. "Nos corps sont des villes et nous sommes des nuits dans les rues". Effectivement, cela ne veut rien dire du tout. Mais tout le film est comme cela, nageant dans un flot d'incohérences continues.

On commence donc le film avec Aïda (Nahed Yousri)

qui se plaint, puis qui entre dans une sorte de clandé où les gens baisent sur peaux de bête ou tapis de fleurs ou les deux en même temps.

La jeune femme qui l'accueille a droit à : "Je t'imagine une enfant vêtue de blanc avec des yeux en larmes en train de jouer un air triste sur le rivage des mes égarements". Soit.

Elle trouve un homme qui ressemble à son Omar chéri. Après avoir fait l'amour avec passion -ce qui consiste à se fourrer la tête dans le cou de la partenaire mais on a quand même droit à deux ou trois plans de tétons furtifs ce qui étonne vous en conviendrez pour un film égyptien- le bête étalon découvre le visage d'Aïda qui avait pris soin de se masquer.

Fureur immédiate de la belle qui débouche illico sur le découpage des burnes et de la zigounette de l'effronté.
Là dessus on se rend compte qu'elle faisait un cauchemar, ce que paradoxalement sa mini jupe ne corrobore pas vraiment.
Et puis, elle flash-backise à donf la rencontre avec Omar (Hussein Fahmy),

leur idylle foudroyante, qui commence tout de même par un viol, curieux procédé qui en dit long sur l'émancipation de la femme à cette époque ; j'ai cru entendre qu'elle ne s'est pas améliorée depuis.

Aïda est amoureuse mais son angoisse vis à vis d'une pauvreté qu'elle a fui avec tant de force et un traumatisme incestueux font qu'elle préfère se marier avec un riche vieux beau (Adel Adham)

au grand dam d'Omar qui coupe la relation en écrivant sur mur : "Aïda m'a tuer" (bon, ok, là, c'est moi qui invente).

Insatiable et pute : Aïda est une femme hantée par des phrases du type : "La laideur est un visage du corps souillé par le péché". Le réalisateur Samir A. Khouri va donc chercher à filmer Aïda sous toutes les coutures mais surtout en l'insérant dans toutes sortes de cages, pour bien exprimer l'enfermement dans lequel ses turpitudes l'ont poussé. Sa culpabilité est bien mise en avant, pas celle d'Omar le pauvre bichounet, hein, on est d'accord : les femmes sont méchantes et vicieuses.

Parfois, cela peut paraître inspiré, à d'autres moments on se demande ce qui lui passe par la tête (exemples parmi tant d'autres : que signifie cette balade amoureuse sur le chantier d'un immeuble en construction? Et ces poissons frits sur la plage avec les tourtereaux copulant en fond?).

En fait, les séquences paraissent pensées mais je n'arrive pas à les comprendre. Quel est le sens profond de ce film? A quoi ça sert? Qu'est-ce que veut dire cette histoire? Je ne suis pas bien sûr que le film veuille franchement dire quelque chose en fin de compte... J'ai plutôt l'impression d'un film à la guimauve avec un poil de sensualité adipeuse pour que les spectateurs soient un tantinet mouillés du slip.

Toujours est-il que la curiosité fait gentiment sourire, au début, et puis progressivement... on s'ennuie. On finit le dvd pour être poli -la politesse du cinéphile, celle qui commande la justesse- et puis on est satisfait d'en avoir terminé : le prochain ne pourra être que meilleur.

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