1970
Cinéaste: Jacques Deray
Comédiens: Jean-Paul Belmondo - Alain Delon - André Bollet - Michel Bouquet
Notice Imdb
Vu en dvd
Aouch! J'aimais bien ce film quand j'estois môme et je le trouve extrêmement vieilli maintenant. Franchement, à bien y réfléchir, je ne pense pas que le fait d'avoir revu la trilogie du parrain dernièrement ait une quelconque relation avec cette désaffection.
Non, le film souffre plutôt d'une certaine artificialité. La mise en scène de Jacques Deray me parait très mécanique et simpliste, cherchant systématiquement à mettre en valeur ses deux stars.
J'ai le sentiment qu'il se laisse dépasser -ce qui est humainement compréhensible- par l’événement, cette incroyable rencontre au sommet du box-office. Comme les deux plus grandes vedettes du cinéma français de l'époque sont sur la même affiche, le producteur Alain Delon s'octroie le plus gros budget et s'adjoint la participation de la Paramount. Difficile par conséquent pour Jacques Deray d'imposer quoique ce soit de personnel ou d'intime.
Tout est axé sur la fantasmagorie pectorale autour des deux mâles dominants. Le film testostéroné à outrance se contente de faire rouler les mécaniques à Belmondo et Delon, ce qui signifie que les décors, les costumes, les personnages et l'histoire se mettent entièrement au service des deux mythes vivants, pour mieux les alimenter.
Donc, un peu trop primaire, le film accompagne un grave déséquilibre sans jamais donner à penser vouloir le modifier. C'est vraiment dommage car le cadre se prêtait magnifiquement à une belle reconstitution historique de la belle Marseille des années 30, colorée, vivante.
La distribution autour de Jean-Paul Belmondo et Alain Delon est attirante.
Il découle alors de sa faible exploitation une certaine frustration. Quelle horreur de passer à côté de Julien Guiomar,
Michel Bouquet
ou Corinne Marchand!
Quand aux deux géants, leurs outrances scéniques, démonstratives, cette espèce de course puérile à celui qui sera le plus flamboyant, le plus égal à l'image qu'il veut qu'on lui attribue donne un concours d'effets de manche, de mimiques laborieuses, disproportionnées la plupart du temps, des poses diverses, une compétition qui s'ingénie à démonter inexorablement et inconsciemment le peu de naturel que le film aurait pu dégager. Compte tenu de l'affection que j'ai pour ces deux comédiens qui ont participé qu'on le veuille ou non à l'histoire du cinéma français, le ridicule par moments de cette mise en scène produit un spectacle assez pitoyable.
Je suppose qu'il faut impérativement mettre le film dans une catégorie, très particulière : un cinéma symboliste, clin d'œil perpétuel où ces deux icônes passent leur temps à rendre hommage au polar et à leur propre image, un genre pas très sérieux, où le réalisme n'a pas vraiment sa place, une sorte de comédie qui exclue tout esprit critique. L'idolâtrie est de mise pour passer un bon moment.
Quand j'étais petit, j'aimais bien ce film, juste parce qu'il y avait Bébel et Delon, de l'action et c'est tout. Je ne vois rien d'autre.
Un dernier point, un bon, la musique entêtante de Claude Bolling!
Trombi:
Jean-Paul Belmondo:
Alain Delon:
Catherine Rouvel:
Françoise Christophe:
Laura Adani:
Nicole Calfan:
Hélène Rémy:
Mario David:
Lionel Vitrant:
Dennis Berry:
Christian de Tillière:
Arnoldo Foà:
Marius Laurey et Daniel Ivernel:
André Bollet:
Philippe Castelli:
Mireille Darc:
Fransined:
Henri Attal:
Jean Aron:
Pierre Koulak:
Maurice Auzel:
Georges Guéret:
Raoul Guylad:
Jean Panisse (à gauche):
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Sans être Les Affranchis façon aïoli, le film gangsters de Deray (scénarisé à huit mains dont celles de Claude Sautet (à partir de la prose d'Eugène Ooooon Refait Le Roman Saccomano !)), bien que vampirisé par son duo de choc et sa BO envahissante (syndrome Love Story-Graduate), tient souvent ses promesses et propose un festival pittoresque et documenté (la reconstitution est plaisante) frisant l'ultra-violence (vu gamin, le film m'avait semblé être surtout une sanglante tuerie), émaillé de scènes parfois réussies (la rencontre avec le couple des poissonniers Escarguel), mais surtout bigrement symboliques. La première bagarre, par exemple, entre Siffredi et Capella est le patent reflet d'une production attentive à servir également la bouillabaisse autant à l'un qu'à l'autre: une cuillère pour Bebel, une cuillère pour Deudeul.
RépondreSupprimerMouais. J'avais noté également la présence de Jean-Claude Carrière pour qui je nourris une vive admiration. M'enfin, ça ne fait rien à mon affaire.
RépondreSupprimerA noter que votre habituelle nostalgie, celle qui vous fait épargner les bidasseries Lamoureuses par exemple, n'a visiblement pas ici joué.
RépondreSupprimerPourtant, même si le film est certes assez vieilli et parfois faible, sa lecture extra-diégétique sur le bras de fer Belmondo/Delon est, à mon sens, tout de même non négligeable.
Oui, je me suis fait la même réflexion sans comprendre les raisons d'un tel relâchement sur ce film.
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