mercredi 23 février 2011

Les sentiers de la gloire



1957

Titre original : Paths of glory
alias : Les sentiers de la gloire

Cinéaste: Stanley Kubrick
Comédiens: Kirk Douglas - Ralph Meeker - Adolphe Menjou - Timothy Carey

Notice Imdb
Vu en blu-ray



Je crois qu'il est impossible de voir ce film dans de meilleures conditions. Le blu-ray Criterion offre une qualité d'image ahurissante. Jusqu'à cette soirée, cela faisait une douzaine de blu-rays que j'avais vus, tous avaient par moments quelques petits défauts dans le mouvement (peut-être la configuration de mon lecteur ou du téléviseur?) et c'est donc la première fois que j'en vois un sans aucun début de commencement de chouïa de défaut. Estupendo. Sur le cul.

Pourtant le film parait vieux et techniquement moins abouti que les productions ultérieures de Kubrick. Certaines conversations sont si nettes, si bien lumineuses qu'on a parfois l'impression d'y pouvoir prendre part. Que c'est beau, nom de dieu!
Criterion était déjà une maison que j'adorais, je vais dresser un autel et brailler des litanies en son honneur. Ils font un travail d'une incroyable beauté. C'est merveilleux ce qu'ils font pour le cinéma, ces gens, il faut le dire, s'en rendre bien compte! Vive Criterion! Merci!

Revenons tout de même au film : je ne me souviens pas de la dernière fois que je l'ai vu. Je crois que c'était au ciné-club du collège Cassignol de Bordeaux dans les années 80. J'avais vaguement le souvenir de cette nausée qui vous prend comme quand on reçoit un coup dans le ventre.

Stanley Kubrick a voulu, et mieux, est parvenu à filmer la bêtise humaine dans son aspect le plus abject, le plus violemment révoltant. Il raconte comment la haute hiérarchie militaire, aveuglée par sa soif de victoire, son orgueil et sûrement son manque de lucidité a joué avec les vies des hommes qu'elle était censée diriger.
Pendant la 1ère guerre mondiale, de nombreux conflits entre les soldats et les officiers qu'ils commandaient ont eu lieu, allant jusqu'à la mutinerie. Ici, une troupe bat en retraite lors d'une attaque vouée à l'échec et le général Mireau traduit en cour martiale trois hommes afin de les faire exécuter pour l'exemple.

Par le biais du Colonel Dax (Kirk Douglas)

seul officier à peu près humain dans la meute et qui tente de rendre à ses supérieurs la raison qui leur échappe, on entre dans les arcanes de ce pouvoir militaire, où malheureusement l'esprit de justice et de vérité est tronqué pour servir des intérêts particuliers, obscurément politiques.

La malhonnêteté intellectuelle, l'immoralité, l'incroyable mauvaise foi tiennent lieu de l'obscurantisme le plus criminel. Complètement injustifiée, cette négation d'humanité frise sans doute la maladie mentale. Pervertissant tout rapport humain, dans une espèce de réflexe corporatiste peut-être, l'élite galonnée de la nation française prend un méchant coup dans l'anus avec cette féroce et malheureusement réaliste diatribe.

S'agit-il d'antimilitarisme? Même pas! Tous les hommes sont des militaires, ceux qui sont victimes des militaires sont eux mêmes des militaires, ils ne renient pas leur engagement national, même pas devant la mort (ce qui dans la réalité a été parfois le cas). Non, il s'agit d'une critique, je le répète, de l'imbécillité la plus crasse, celle qui tue quand elle est portée par des hauts responsables en temps de guerre.

Aussi incroyable soit-il, ce film fut très longtemps interdit en France : voyez jusqu'où peut aller se nicher la foutrissure!

Le film n'est pas non plus une peinture nihiliste niant à l'homme toute réelle parcelle d'humanité. La dernière scène vient le sauver. Au cœur des vagues de haine envers l'autre, l'ennemi, au cœur de l'élan collectif, de la foule féroce, au-dessus des rires faciles et gras, une voix apeurée pousse une petite chansonnette en allemand et peu à peu les hommes oublient la guerre, ces jeux de rôles absurdes et pleurent. L'homme est là, tout bête, tout nu et le film finit avec cette rose sur un tas de merde.

Au sein d'une distribution efficace, évidemment Kirk Douglas

très sobre dans un rôle compliqué car devant contenir une rage de plus en plus bouillonnante, montre une redoutable efficacité. Adolphe Menjou

et George Macready

lui donnent la réplique de façon parfaite. Machiavéliques à souhait, ils rendent horriblement crédibles ces deux fous furieux. Le reste du casting est à l'aulne de ces trois là, de Richard Anderson à Ralph Meeker,

en passant par Joe Turkel.

Seul petit oiseau sorti du nid en ne sachant pas très battre des ailes, Timothy Carey, comme toujours ne peut s'empêcher de faire son numéro. On le croirait stone tout le long. Pourtant son attitude ne dessert ni son personnage, ni le film. Ce type est vraiment très étrange.

Je n'aime pas beaucoup Stanley Kubrick. A priori sa manière d'être avec les gens me le rend antipathique mais cela n'a strictement aucune importance, j'aime vraiment beaucoup son cinéma à la fois puissant dans l'émotion, aiguisant la réflexion et très intelligemment beau. Ces sentiers de la gloire constituent un très bon film, mieux, un film très important.

2 commentaires:

  1. APPEL A FILMS du Festival Tavavoir

    Bonjour à vous,

    Je vous contacte car je souhaiterais que vous m’aidiez à diffuser cette information sur votre blog:

    TAKAVOIR, un des seuls festivals de films réalisés avec téléphones mobiles en France est reparti!

    Après une belle première édition en 2010, nous continuons en 2011 sur les chapeaux de roue.
    Une nouvelle date : le 14 mai 2011
    Un nouveau thème : Noir
    Plus de 2000 € à gagner

    Au-delà des évidentes dimensions ludique, créative et artistique, le Festival entend proposer une véritable réflexion sur la place prépondérante que prennent les nouveaux outils de communication miniaturisés dans notre société.

    Le Festival TAKAVOIR est ouvert à tous et l’inscription est gratuite.
    Pour nourrir ce projet nous recherchons des films courts réalisés par téléphone portable, que ce soit en compétition (en lien avec le Noir) ou hors compétition. Vos films seront diffusés sur le site www.takavoir.fr après validation du comité de visionnage. Les films en compétition seront projetés le 14 mai, jour de la manifestation, sur grand écran.

    Si vous désirez obtenir plus d’informations sur le Festival Takavoir (le fonctionnement, le jury, les prix, les dates, les animations associées, les conférences, le parrainage, les articles de presse…) je vous invite à contacter directement l’association hORS cHAMPS. Vous pouvez d’ores et déjà consulter le site internet www.takavoir.fr.

    Si vous souhaitez devenir partenaire, merci de nous contacter par mail.

    Je vous remercie de votre collaboration et vous prie de croire, madame, monsieur en l’assurance de mes salutations respectueuses.

    E- mail: xiaowen@takavoir.fr

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  2. vous écrivez :
    "Je n'aime pas beaucoup Stanley Kubrick"
    Dans ce cas, il ne peut riient sortir de nos échanges.
    J'ai dressé un autel à son Bary Lyndon : le travail sur la lumière, les recherches de ses directeurs artistiques, l'amour profond de Kubrick pour la musique (ballade irlandaise, sarabande de Haendel, trio de Schubert qui fait de ce baiser sous les colonnades
    — comme le dit Scorcese — un des plus grands momements du cinéma).
    Dans un autre genre, le kafkaïen Eyes Wide Shut est une apothéose. Mais j'arrête mon char : j'ai tous ses films et un film superbe sur lui-même.
    Les idées sont dangereuses : je me suis fait beaucoup d'ennemis, mais fidèle à moi-même je reste.
    Je vais continuer mon bonhomme de chemin du côté de l'ambiguité de Douglas Sirk
    mais si je vous lis, le plus sage sera de ne pas vous offenser , donc de ne pas réagir.

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