Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
vendredi 3 septembre 2010
La garçonnière
1960
Titre original: The apartment
alias : La garçonnière
Cinéaste: Billy Wilder
Comédiens: Shirley MacLaine - Jack Lemmon
Notice Imdb
Chronique de Jack Sullivan
Vu en dvd
Ce film là reste pour moi attaché à une personne qui a compté dans ma vie. C'était un de ses films fétiches. Elle me l'a fait découvrir. Et puis elle avait quelque chose de Shirley McLaine, une certaine douceur, une petite frimousse, du caractère, des yeux rieurs, une amoureuse et une complice.
Et puis difficile d'échapper au charme du couple Jack Lemmon / Shirley McLaine. La savoureuse mécanique que mettent en place Diamond et Wilder au scénario est implacable. Les dialogues exquis swinguent sur un rythme formidable. Le sous texte est appuyé par le cadre new-yorkais, l'humour propre aux films de Billy Wilder et qui en fait l'un des maîtres du cinéma américain. Je ne suis pas un grand admirateur des USA, du moins je le suis autant que je peux l'être pour l'Italie, la Tchéquie, le Laos ou le Venezuela, mais sa perméabilité culturelle et sa capacité d'adapter le talent des autres à sa propre histoire est assez épatante. Billy Wilder en est la parfaite illustration. Comme bien d'autres de Sirk à Siodmak, en passant par Lang et Mankiewicz il est parvenu à créer des films très américains malgré sa culture germanique tout en ne se réfutant pas lui même, bien au contraire. Quand je pense à Wilder, je ne peux m'empêcher de penser à Lubitsch, cependant Wilder investit ses propres histoires, évolue sur son propre parcours. Son style est immédiatement identifiable. La garçonnière n'est pas lubitschienne. Le personnage de Lemmon pourrait être Wilder lui même : il est plein de courage et de vie. Il est issu de la classe moyenne ou bien inférieure, ne se départit pas d'un bel optimisme. Chez lui le rêve américain prend forme grâce à la garçonnière qu'il prête à ses supérieurs hiérarchiques.
On peut saluer la construction de cette histoire, le placement judicieux des personnages et leurs demandes de plus en plus excessives. La progression, ni lente, ni rapide suit un rythme que l'instinct du spectateur ressent comme naturel. C'est beau comme une rivière qui coule de source.
Là dessus l'idylle entre les deux êtres "purs" ne peut qu'aboutir à ce fameux climax. Encore une fois, Wilder et Diamond nous pondent une des plus belles dernières scènes du cinéma : une émotion gigantesque emporte tout.
"I adore you!
- Shut up and deal!"
Le visage ahuri de Lemmon qui regarde la femme qui va sans doute partager le reste de son existence est éclairé par celui de McLaine, tout sourire, pimpante et fière. Ravie de l'entendre se déclarer ainsi, elle savoure l'instant, dans une grande simplicité, de grand bonheur. Elle n'a pas besoin de répondre explicitement à cet homme qui sait d'ores et déjà que c'est réciproque. Ils sont là tous les deux et jouent la partie de gin qui fait débuter officiellement leur vie commune. On atteint le sublime.
Jusque là le film nous aura fait passer par des hauts et des bas. Sans jamais atteindre au mélodrame, les personnages subissent cependant mauvaises passes. Lemmon noie son chagrin dans l'alcool quand McLaine tente de se suicider.
Jack Lemmon
figure parmi ces rares acteurs à être suffisamment ambigus et talentueux pour parvenir à jouer sur toutes les émotions pratiquement dans le même temps. Il peut rendre un certain pathétique et faire rire à la fois, comme si sa tessiture émotionnelle pouvait être garantie par son physique expressif très riche. En tout cas, il est tout bonnement très impressionnant dans ce rôle.
Shirley McLaine
est une comédienne que je connais moins bien et qui m'intrigue de plus en plus. J'ai encore le souvenir ému de son incroyable performance dans "Comme un torrent" de Minelli. Mes souvenirs d'Irma la douce commencent à se dissiper. Et cette garçonnière me rappelle combien l'actrice semble très forte, elle aussi paraissant bénéficier d'une ambiguïté, plus féminine, où puissances et faiblesses orientent tout à tour le parcours du personnage, ballottée par des sentiments mal définis, une sorte de malédiction affective, celle qui semble à certains moments de la vie nous mettre volontairement des bâtons dans les roues.
Face à ces deux-là, Fred McMurray
force le trait du mari volage et bonimenteur, borné et malhabile. Effectivement, le personnage ne peut pas indéfiniment faire de l'ombre à celui de Jack Lemmon.
La garçonnière est une très bonne comédie romantique, un des meilleurs Wilder.
Trombi:
Ray Walston, David White, Willard Waterman et David Lewis :
Jack Kruschen:
Hope Holiday :
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Edie Adams:
Joan Shawlee:
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