1960
Cinéaste: Stanley Kubrick
Comédiens: Charles Laughton - Jean Simmons - Laurence Olivier - Kirk Douglas
Notice Imdb
Vu en dvd
Superbe édition Criterion, uncut restauré, avec même la scène des escargots et des huîtres, jadis censurée, donc la voix d'Anthony Hopkins imitant celle de Laurence Olivier.
L'élaboration de ce film a été si éprouvante pour tout le monde qu'elle est en quelque sorte entrée dans la légende du cinéma difficilement accouché.
Du coup, je ne sais trop à qui l'on doit réellement la beauté des séquences entre ombre et lumière, ces ocres antiques, ces teintes vertes, jaunes et rouges, plutôt mâtes, aussi brutes que le propos, aussi passées que l'Italie du sud à feu et à sang : à Russell Metty ou à Stanley Kubrick?
A qui doit-on le personnage de Spartacus : au romancier Howard Fast dont est issu l'adaptation? Au scénariste blacklisté Dalton Trumblo dont les sympathies marxistes sont très facilement lisibles avec un thème pareil? D'ailleurs beaucoup le lui ont reproché. A Kirk Douglas enfin qui s'est investi intensément? Il le faisait très souvent d'ailleurs mais le degré d'investissement semble là d'une rare intensité. A Stanley Kubrick enfin, qui reprend pourtant le travail d'Anthony Mann mais dont l'intransigeance et l'imagination ont été marquées par sa collaboration à Douglas, Metty entre autres?
Quoiqu'il en soit, l'amalgame de ces contradictions, de cette pluralité de lectures produit un résultat intrigant entre le péplum quasi mystique (Spartacus finissant même crucifié, sorte de messie social)
et le mélodrame romantique avec le lien très fort qui unit Spartacus et Variana et qui les sauve, les maintenant en vie malgré l'avilissement de l'esclavage qu'ils subissent.
Cette part du film m'a bien plus parlé, l'héroïsme transcendant me paraissant toujours suspect, équivoque et le duo que forment Kirk Douglas
et Jean Simmons
est remarquable, d'une justesse qui m'a par moments bluffé : la scène de rires aux éclats quand ils se retrouvent dans leur fuite illustre parfaitement leur entente et le plaisir qu'ils ont de jouer ensemble se répercute sur celui du spectateur.
C'est également le cas à n'en pas douter pour le gargantuesque rieur Charles Laughton
Charles Laughton |
jeune et déjà bien rondouillard. Ces deux boules roulent et savourent leurs saillies verbales.
On ne dira jamais assez combien le scénario ménage quelques répliques bien senties. Ne serait-ce que le dialogue entre Laurence Olivier et Tony Curtis sur la bisexualité.
On ne boude pas son bonheur pour ces petits moments de finesse, faits de double voire triple sens. Le film se construit aussi sur un texte futé et les acteurs en redemandent.
Sir Laurence Olivier en sénateur finaud n'est pas en reste,
il fait montre d'une grande maîtrise. Son jeu, sa diction sont au cordeau, rythmes et tons parfaits. En outre, son personnage est d'une belle ambiguïté, fasciné par Spartacus, à la fois en adoration pour la réussite et les exploits du renégat et effrayé par le péril social qu'il représente, la fin du monde sur lequel Rome a été bâtie. Cette lecture du personnage est densifiée par la fascination qu'il éprouve pour le pouvoir qu'il essaie de contrôler au Sénat comme dans sa gente.
A la fin, j'ai l'impression que l'appréciation du film est un peu perturbé par la partition du récit avec la première partie, celle de l'apprentissage et le développement des sentiments d'amour jusqu'à la révolte dans l'école de gladiateurs
et puis, la seconde partie la campagne militaire des esclaves, la libération et la vaine fuite d'Italie.
Ces deux éléments racontent deux histoires bien différentes en somme. Je trouve que cette dichotomie souligne beaucoup trop le manque de cohésion ou de fluidité. La césure est trop évidente. Peut-être la première partie est-elle trop longue? Je me pose la question, sans nécessairement avoir une réponse bien tranchée.
Trombi:
John Gavin:
Herbert Lom:
John Ireland:
Nina Foch: (gauche, left)
John Dall et Joanna Barnes :
Woody Strode:
Charles McGraw:
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