1927
Titre original : A song of two humans
Titre francophone : L'aurore
alias : Sunrise
Cinéaste: F.W. MurnauComédiens: George O'Brien - Janet Gaynor - Margaret Livingston - Bodil Rosing
Notice Imdb
Vu en dvd
Enfin! Cela faisait trop longtemps que mes yeux et mon cœur n'avaient reçu pareille brassée de fleurs! Un chef d'oeuvre d'une rare pureté. De ceux qui ne laissent pas une seule place à la moindre scorie. Plaisir de voir, plaisir d'admirer, de lire l'image, et puis de pleurer tout de même.
Dès l'abord, la réalisation de Murnau ne cesse de bluffer. Sa maîtrise du langage par l'image, son inventivité ainsi que sa capacité à optimiser les effets visuels de l'époque sont épatants.
Festival de la forme, le film est un joyau, un grand moment de magie cinématographique et qui ne nous laissent pas une seconde de répit. Dès les premiers plans, cette caméra sur le bateau qui s'élève à l'abord du quai pour laisser apparaître les bâtisses surplombant le port, on est subjugué.
Les autres miracles se situent dans l'histoire et son traitement scénique. Une histoire d'amour contrariée, en péril, se voit raffermir dans la simplicité et la complicité jusqu'au suspense mélodramatique final.
Alors qu'un paysan connait une histoire de cul torride et passionnée avec une touriste en villégiature estivale,
sa femme se désespère de le voir ainsi découcher et l'abandonner peu à peu jusqu'au jour où il est à deux doigts de l'assassiner.
La mortelle monotonie conjugale va se consumer dans des retrouvailles d'une incroyable simplicité. Ce qui le grisait le plus chez son urbaine amante c'étaient surtout les scintillements de la ville, l'éclat des fêtes foraines, la joyeuse trépidation qu'elle lui promettait, l'aura majestueuse et sophistiquée de la grande cité. Or il en vient à poursuivre sa femme effrayée jusque dans cette ville qui représente l'eldorado des émotions, des sensations fortes, si loin de la morne quiétude rurale. Et tous deux se retrouvent dans ce cadre si particulier.
Et Murnau de mettre en scène ses deux comédiens avec une économie de gestes et d'expressions, une mesure du temps d'une époustouflante élégance. Il parvient à littéralement exprimer de sa direction d'acteurs une tendresse qui ne laisse pas d'impressionner. C'est là le plus ahurissant, cette capacité à faire jaillir de l'image avec un montage serein, tranquille, en prenant bien son temps, des sentiments amoureux, un tendre amour.
Totalement à l'opposé, la tempête finale balance des séquences hachées et ténébreuses pour ensuite laisser les personnages dans des brumes et des courants apaisés mais funestes. C'est admirable. L'écriture est d'une musicalité imparable : charabia qui signifie que ça coule doucement et que le spectateur prend son pied.
Scènes et photographie se marient pour donner naissance à un spectacle rare. 10/10 obligatoire.
Les émotions prennent souvent à la gorge. J'ai lâché de l'eau salée à deux ou trois reprises. Je fus eu. J'ai tellement été bouleversé et enchanté que je ne parviens pas à imaginer que quiconque ne soit pas aussi conquis. Je ne saurais trop vous conseiller de plonger dans ce sublime muet.
Trombi:
George O'Brien:
Janet Gaynor:
Margaret Livingston:
Bodil Rosing:
Ralph Sipperly:
J. Farrell MacDonald:
Jane Winton:
Arthur Housman:
Sally Eilers et Eddie Boland:
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