Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
mercredi 17 mars 2010
Le juge et l'assassin
alias : The judge and the assassin
1976
Cinéaste: Bertrand Tavernier
Comédiens: Jean-Claude Brialy - Isabelle Huppert - Philippe Noiret - Michel Galabru
Notice Imdb
Vu en dvd
Revoyure intrigante pour moi car elle fait émerger des sentiments ou des sensations différents du précédent visionnage qui date de plus de 5 ans. D'un point de vue général, je dirais que l'enthousiasme est moins intense. J'adorais ce film, le "classais" (quel vilain mot pour un film!) parmi mes favoris de Tavernier. Je persiste à voir dans cette confrontation de deux malades mentaux un duo magnifique d'acteurs, Philippe Noiret et Michel Galabru,
ce dernier dont la filmographie ménage forcément une pétaradante surprise qui explique sans nul doute son césar du meilleur acteur. Je crois cependant que ces précédents visionnages restaient marqués par cette étonnante prestation, si haut en couleur, si inaccoutumée qu'elle parait dépasser aisément l'entendement et prend des accents d'exploit. Si je la trouve aujourd'hui très maîtrisée, voire riche par moments, difficile et pourtant réussie j'ai du mal à y voir un prodige, un miracle d'acteur. Peut-être que d'autres performances dramatiques, je pense à celle d'Uranus par exemple, sont venues débarrasser notre vision du comédien Galabru de ses oripeaux de saltimbanque courant le cachet comme migraineux après aspirine, de besogneux capable du pire, oubliant le meilleur. Maintenant que l'on sait ce dont il est capable, l'incarnation de cet illuminé ne parait plus aussi folle, mais juste aussi bonne qu'elle devait l'être.
Désormais moins aveuglé par cette participation sans doute ai-je été plus à même d'apprécier le travail visuel apporté par l'immense chef-opérateur Pierre-William Glenn que ce soit lors des extérieurs qui magnifient les reliefs ardéchois notamment,
ou bien encore dans les intérieurs clairs-obscurs.
Le superbe parti-pris très chromatique donne au film une teinte particulière, savoureuse que le cinémascope rend encore plus prégnante. Ces dispositions esthétiques m'avaient échappé ou du moins n'avaient pas été lues telles qu'elles le méritent, me semble-t-il.
De même la performance d'Isabelle Huppert est en tout point bluffante. Si jeune, et déjà si parfaite, d'une justesse incroyable.
Jean-Claude Brialy par contre me semble accentuer un peu trop sur ses intonations. Ce qui colle idéalement au personnage de Galabru sonne parfois faux dans la bouche de celui, si calme, de Brialy. Mais là, j'avoue que je tatillonne avec effronterie.
Venons-en plutôt à l'axe central du film : la lamentable hypocrisie qui sépare le fou, le tueur en série, qui se cache derrière l'anarchie, la lutte des classes, la souffrance physique ou le mysticisme afin d'excuser et de légitimer son incapacité à refréner ses instincts mortifères et puis, le juge, le notable, le bourgeois qui malmène la justice et le droit, sans l'ombre d'une hésitation ni le moindre scrupule, qui manipule son coupable désigné, qui va jusqu'à violer celle qu'il entretient, un lâche qui fuit ses peurs, de la maladie, de la mort, de l'autre en général, infoutu de se dessaisir du jupon maternel.
Aussi enrage-t-il et fait payer au vagabond le fait que lui ne se retient pas. Galabru est le monstre que Noiret cache difficilement au tréfonds de lui-même.
Le scénario d'Aurenche, Bost et Tavernier montre bien la confusion qui règne dès lors qu'on s'attache à définir la folie, à expliquer le crime. Qui est le plus fou, le plus criminel? Surtout, il pose la question suivante : comment fait-on pour juger de la part de folie dans un crime?
Trombi:
Renée Faure:
Cécile Vassort:
Jean-Roger Caussimon:
Monique Chaumette:
Yves Robert:
Henri Vart, Gilbert Bahon et René Morard:
Gérard Jugnot:
Christine Pascal:
Jean-Claude de Goros:
Jean-Pierre Leroux (plus connu pour sa voix, grand doubleur):
Jean-Pierre Sentier (au milieu):
Michel Fortin:
Daniel Russo:
François Dyrek (gauche):
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Je ne vois nul par la critique de l'Eglise pourtant forte. Bouvier a dit qu'il avait été violé dans une église à 16 ans par la suite sa cavale était présentée comme "chemin de croix" avec à chaque "arrêt" sodomie et éventration. Sans compter que bouvier se prenait pour Jésus, l'anarchiste du christ ou de la religion, (les extrêmes satyres hum!) etc etc
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerJe vois plutôt en Bouvier un mystique, l'Eglise étant affaire d'hommes entre hommes. Bouvier se prend pour un prophète, il parle directement à Dieu. D'où le chemin de croix, d'où l'anarchiste du christ. Effectivement on pourrait évoquer l'Eglise, ses institutions, ses règles communes à tous, mais je ne sais pas, j'ai du mal à vraiment savoir où il va avec les hommes d'Eglise. Il a parfois des élans violents à leur égard, des mots durs dus essentiellement aux traumatismes de son enfance sans doute mais parfois il parvient à en faire abstraction et à nouer de bonnes relations, notamment avec le prêtre de l'asile. Alors ce n'est pas un rejet total et aveugle, plutôt à degré variable.
RépondreSupprimerSurtout, il me parait évident qu'il est plus mystique qu'homme d'Eglise au sens étymologique du terme. "Ecclesia, communauté" ne me parait pas être le terme le plus adéquat pour dépeindre l'intense affection individuelle qu'il met dans sa religiosité.