
1939
Titre original: Only angels have wings
Titre francophone : Seuls les anges ont des ailes
Cinéaste: Howard Hawks
Comédiens: Cary Grant - Jean Arthur - Rita Hayworth - Thomas Mitchell
Notice SC
Notice Imdb
Vu en blu-ray
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Très belles rencontres que nous offre à voir Howard Hawks sur ce film. D'une simplicité et d'une force peu commune. Très étonnant. Charmant mélange.

Le personnage jouée par Jean Arthur, caractère féminin fait de ce moule hawksien, de puissance et de vulnérabilité qui ravissent le cœur des hommes n'entre pas en boule dans un jeu de quilles. Bien au contraire, elle se fond dans le décor avec élégance et sourire. Il devient dès lors évident qu'elle ne pourra plus prendre son bateau.

Dans ce monde masculin, où les amitiés se scellent sous le regard entendu des hommes d'honneur, où péril rime avec viril, la mort rôde et maltraite les sentiments. Les fidélités sont indéfectibles, la bravoure une parure du matin jusqu'au soir et l'amour un danger bien plus blessant qu'un avion qui s'écrase.

C'est aussi un film de groupe, de solidarité indéfectible, qui fait sens à la vie. L'esprit communautaire y est décrit comme unitaire, nécessaire. On pourrait penser que l'année de sortie 1939 suggère que cette union sacrée des hommes autour d'un objectif commun, autour d'une activité vitale faisant tourner une partie de l'univers est annonciatrice des efforts qui vont être concédés pour lutter contre le mal fasciste en Europe. C'est d'abord trop grossier pour être honnête, mais ce serait mal connaitre Howard Hawks qui a toujours plus ou moins aimé dépeindre des mondes ainsi rassurés par la puissance du collectif mâle. Alors concédons que ce film donne un petit air du temps, inspiré par la crainte effectivement justifiée que suscite cette haine de la vie en Europe au moment de sa sortie.

Les thèmes que ce film aborde sont nombreux. Ils apparaissent par surprise. Finement, Hawks enrichit sa mise en scène d'images parfois superbes. Regarder ce film en blu-ray Criterion est un grand moment de cinéphilie, une expérience grisante. Le travail de Lionel Banks sur les décors d’abord est représentatif de ce type d’efforts hollywoodiens à transfigurer un bête studio en un univers à part. Bien sûr qu’on voit l’artificialité du dispositif, le carton-pâte, mais on l’oublie. On entre dans ce film, cet espace limité par les brumes comme dans un lieu hors du temps, un espace clos mais sacré où tout est possible. L’adhésion se fait par l’image et le jeu des acteurs. Les décors sont écrins. Les bijoux sont les comédiens.

Pourvu d’acteurs à la réjouissante épaisseur il parvient à combiner tous ses éléments pour créer un spectacle rare.

Cary Grant


Rien d’étonnant à ce qu’il fut amoureux de Rita Hayworth.


Je m’en voudrais de ne pas terminer le rapide passage en revue des acteurs sans dire un mot de Thomas Mitchell.


Malgré des apparences de film d’ambiance, d’aventure, jouant sur un certain suspense d’action, le film est avant tout un film romantique, avec tout ce que cela signifie de codes du genre à respecter, dans le rythme, les ruptures, l’évolution chaotique de la relation amoureuse.
L'émotion atteint son paroxysme dans une scène organico-lacrimale, où une pièce de monnaie en dit plus qu'un long discours. Très hawksienne. Les mots sont à double sens, les gestes aussi. Le film combine tellement de facettes qu’il n’est pas dur d’y déceler un petit diamant. Très grand, bien bâti, pour durer éternellement.

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