Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
vendredi 21 janvier 2011
The american
2010
alias : L'américain
Cinéaste: Anton Corbijn
Comédiens: Paolo Bonacelli - Johan Leysen - Irina Björklund - George Clooney
Chronique de Jack Sullivan
Notice Imdb
Vu en dvd
Si je m'attendais! Là où je pensais voir un autre film d'action à la "Bourne", je découvre un superbe film, doux, suave, reposant sur une tragédie intimiste, celle d'un tueur qui voudrait se retirer de ses sales affaires, un type trop solitaire qui n'arrive pas à remplir sa vie et qui s'en désespère.
Bref, c'est un très beau film, et pas seulement sur le plan esthétique, mais c'est vrai que la façon de filmer d'Anton Corbijn a tout du portrait (dans le sens pictural du terme également). Le soin à varier les types de cadrage, à proposer de longs plans d'exposition et surtout le travail du chef-opérateur Martin Ruhe sur la photographie, avec un grain très velouté (d'aspect presque numérique) et des couleurs minérales à tendance plutôt grisâtre mais souvent soufrées, jaunes et vertes donnent au film une teinte vraiment très particulière.
Les longs plans silencieux où les yeux de George Clooney, perdus ou apeurés, tristes ou agressifs embrassent les ruelles de pierre d'un village et la ruralité italienne qui l'enserrent de manière faussement sereine, ces nombreuses séquences alimentent tout à la fois, le suspense et la paranoïa du personnage comme celle du spectateur mais également imprègne la lecture d'une fragrance jasmin. Qu'est-ce qu'il raconte? Alli est tombé fou? Je veux dire que le montage alternant plans contemplatifs mais tendus avec des plans plus courts et secs où l'action explose donne au film un caractère sensationnel, presque physique et charnel, un parfum que j'associerais au jasmin, très doux mais recelant une force intérieure. Ahummmmmmm....
Le spectateur est parfaitement immergé dans le quotidien et l'introspection du personnage, partage sa lente évolution au contact de la population et espère avec lui un temps de paix, dans un élan d'empathie totalement fabriqué par la mise en scène de Corbijn. C'est tellement bien fait que je vais vous dire... j'ai souvent pensé de façon évidente au cinéma de Jean-Pierre Melville, à ces personnages enfermés dans une logique qui pue et un univers aux couleurs métalliques autant que neurasthéniques.
Il faut noter à ce stade de la chronique le rôle du jeu, simple en apparence mais fortement pointu, du sieur George Clooney.
Ce n'est pas un acteur pour qui je voue une vive affection, ni une aversion particulière. Je reconnais que sa prestation est très bonne, plus que convaincante, sans esbroufe, juste et fine comme il faut.
Cette production bénéficie également de la superbe italienne Violante Placido
(oui, oui, la fifille à son papa), dont la plastique est heureusement mise en avant, de quoi motiver n'importe quel loustic à abandonner la carrière lucrative d'assassin.
Je plaisante, bien entendu que leur relation ne se résume pas à l'apparence de la jeune femme. C'est justement l'un des nœuds gordiens que s'échine à dénouer Clooney : comment échapper à cette profession désocialisante et ne pas finir seul et creux?
Le rôle du curé joué par Paolo Bonacelli,
aiguillon de la remise en question de Clooney, pouvait faire craindre un revirement trop brutal.
Anton Corbijn et surtout Rowan Joffe (au scénario) réussissent la gageure de décrire une très lente progression faite d'allers et retours émotionnels, mêlés de l'angoisse de se tromper, cette foutue question de la confiance au cœur de la relation à l'autre. Les personnages respectent un fragile équilibre entre leur fonction dans le récit et leur part de beauté poético-réaliste. En ce sens, le combat remporté par la justesse du scénario est à saluer.
Je suis complètement sous le charme. Un film digne d'un blu-ray.
Trombi:
Thekla Reuten:
Johan Leysen:
Irina Björklund:
Filippo Timi:
Samuli Vauramo:
Anna Foglietta:
Björn Granath:
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