Huit et demi
1963
Titre original : 8 1/2
Alias: Huit et demi
Cinéaste: Federico Fellini
Comédiens: Marcello Mastroianni -
Claudia Cardinale -
Anouk Aimée -
Sandra Milo -
Barbara Steele
Notice Imdb
Vu en dvd Criterion


J
e sens que je vais avoir plus de mal avec ce
film de Federico Fellini à exprimer tout ce que j'ai pu ressentir à son
visionnage. A bien des égards je suis un peu resté sur une sorte de
défensive continue. Cela faisait si longtemps que je ne l'avais vu, une
20aine d'années, que je n'avais en mémoire que le final, barnum de plage
pétaradant et spectaculaire.
Bien que dans la plupart de ses films
Fellini introduit constamment une part onirique qui fait beaucoup du
charme de sa poésie cinématographique, j'ai le sentiment que ce film-là
la développe davantage qu'à l'accoutumée. Et cette séance a sans doute
été un peu trop consacrée à démêler le vrai du faux, ce qui m'a quelque
peu déconcerté.
Cependant, je sens bien que cet onirisme, ce langage frappant entre les
préoccupations de Guido (Marcello Mastroianni) et une traduction rêvée,
des fantasmes plus ou moins cauchermardesques et une imagination
créative, foisonnante, constitue l'essence même du film, peut-être même
le chant d'amour de vie du cinéaste, en tout cas une analyse superbe
d’auto-dérision, d'intelligence et surtout d'honnêteté d'un artiste sur
son propre parcours, en tant que créateur comme en tant qu'homme avec
toute les implications complexes qui le lient aux femmes notamment, et
plus largement à la société, politique, économique et religieuse en
premier lieu.
Je le vois bien et je suis persuadé que cette première lecture (celle
d'il y a 20 ans ne compte plus) est sans nul doute un étape de franchie,
nécessaire pour suçoter la substantifique moelle de cette œuvre
richissime lors d'un prochain visionnage. Un peu trop sur la retenue, je
n'ai pas manqué toutefois de remarquer tous ces éléments d'histoire
personnelle illustrant la complexité d'un métier, mangée par celle d'un
homme plein de désirs et d'amour, d'ambition, un simple homme confronté
aux aléas de son existence. Je n'ai pas loupé non plus la délicieuse
geste de tous les personnages qui se bousculent, avec leurs espaces
propres, leurs histoires, leurs peines, leurs espoirs, leurs déceptions,
leurs attentes surtout qui pèsent de temps en temps sur les épaules de
Guido (dont le prénom est à ce sujet tout un discours) : lourdes sont
les responsabilités que l'attention des autres lui fait porter.
Les comédiens sont pour la plupart excellents. Anouk Aimée
par exemple
m'étonne dans un rôle qu'on lui a rarement vue endosser, celui d'une
femme jalouse, en colère, douée d'une certaine force, celle de la
révolte, de la passion. Marcello Mastroianni?
Foutre dieu, celui-là, on
ne s'étonne plus : son charme né d'une assurance dans le jeu sans
faille, la félinité de son corps, de ses attitudes, son visage de clown,
l'agilité avec laquelle il passe d'une tonalité à l'autre font qu'il me
ferait douter de mon hétérosexualité. Un des plus grands acteurs de
tous les temps, impossible à oublier et à ne pas aimer, à moins d'avoir
une drôle d'idée sur ce qu'est un jeu de comédien. Il est tellement
juste, naturel, c'est affolant d'équilibre et de netteté.
J'ai vu ce film il y a maintenant près d'une semaine et j'ai déjà hâte
de le revoir pour l'apprécier à sa juste valeur, sans avoir à m'arrêter
sur telle ou telle scène en me demandant s'il rêve, imagine ou s'il fait
face à une réalité désagréable. Je n'aurais plus alors qu'à laisser
aller devant mes yeux ce mouvement perpétuel auquel Fellini semble
destiner sa caméra. Le dynamisme de ce cinéma, ces plans qui n'en
finissent pas de bouger, associés à la photographie de Gianni Di Venanzo tellement succulente que le dvd Criterion restitue avec une toujours
aussi incroyable fidélité sont un appel à voir et revoir.

La générosité tactile, physique de ce cinéma suggère une italianité
qu'on croirait presque contrefaite, car tellement proche des stéréotypes
et des pseudos effets que l'on voudrait voir comme une caractéristique
du cinéma italien, qu'à la fin tout cela finit par paraitre comme une
grosse blague, un pied de nez grotesque à une pensée ridicule. Mais
comme on retrouve de film en film cette même agitation, ces mêmes gens
qui ne cessent de débouler devant et de s'interpeller bruyamment,
d'exprimer tout haut et tout fort ce qu'ils ressentent les uns pour les
autres, ces mêmes personnages vont et viennent devant la caméra la
faisant danser jusqu'à nous étourdir... on est bien tenté de croire que
le cliché n'est pas aussi factice, comme si Fellini avait tellement
d'emprise sur le regard même que l'on porte à sa manière de filmer qu'il
s'est établi par conséquent comme la référence du cinéma italien, on a
fini par s'imaginer que le cinéma italien est d'abord fellinien. Encore
un cliché qui en nourrit d'autres.
Il ne vient pas de nulle part ce mouvement, bordel? Est-ce que je ne
serais pas en train de tomber dans ce piège facile, cette banale erreur
dont le creux confine à l’abime dès lors que le manque de connaissance
sur un artiste ou un "cinéma" (genre ou national) joue les maitres
piégeurs? Fort probable. Espérons qu'un jour, à force de voir de vieux
films italiens, je pourrai mieux ranger mes impressions, dans les bons
emplacements, sur les bonnes étagères de l'histoire du cinéma italien...
en attendant, permettez tout de même que je m'interroge, quitte à baver
des conneries, je ne fais de mal à personne.
Trombi:
Claudia Cardinale:
Sandra Milo:
Barbara Steele:
Rossella Como,
Elisabetta Catalano et
Rossella Falk:

et
Madeleine Lebeau:
Caterina Boratto:
Eddra Gale:
Guido Alberti:
Jean Rougeul:
Mario Pisu:
Yvonne Casadei (droite):
Mark Herron:
Eugene Walter et
Gilda Dahlberg:
Ian Dallas:
Giuditta Rissone:
Annibale Ninchi:
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