2009
Titre original : In the electric mist
Titre francophone : Dans la brume électrique
Cinéaste : Bertrand Tavernier
Comédiens : Tommy Lee Jones - John Goodman - Kelly Macdonald - Peter Sarsgaard - Mary Steenburgen - Ned Beatty - Justina Machado - James Gammon
Vu en salle
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Tavernier fait son noir dans le bayou américain. Petit plaisir enfantin que le spectateur digère très bien. En reprenant les codes, il ne réinvente pas le genre mais nous parle du sud, celui de Burke, de l'Amérique actuelle, toujours en lien avec son passé, hantée par ses fantômes, sa violence et ses hommes qui fuient, lâches et cupides, et ceux qui cherchent à comprendre. C'est assez joli, comme un poème. L'intrigue, secondaire, sert de prétexte à présenter toute une galerie de personnages plus ou moins pittoresques.
Tommy Lee Jones joue Tommy Lee Jones. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'il avait un peu cette tendance. Mais allez, on fait facilement ce reproche à tout un tas de monstres sacrés et si je m'en régale pour Gabin, pourquoi pas sur Tommy Lee Jones?
Le détective, bonhomme, paternel et généreux, n'hésite pas à donner quelques billets à deux filles paumées ou prête la main à un alcoolique Peter Sarsgaard. Mais c'est également sans hésitation qu'il manie le poing et la crosse de revolver pour atteindre ses objectifs. Son personnage d'une couenne épaisse cache mal ses propres penchants pour la bouteille. Son investissement dans le boulot dépasse largement le cadre professionnel et ce débordement n'est pas sans provoquer quelques répercussions sur le plan familial.
Comme la nature, à travers ces eaux-là, dans ces brumes-là, est magique, le détective tourmenté se laisse bientôt guider par des fantômes, par des prières ou le recueillement, ou par la quiétude d'une bonne pèche. Je ne sais pas pourquoi, j'ai trouvé l'enveloppe de ce personnage trop simple... une exigence quelque part un peu excessive sans doute. Je l'ai apprécié, c'est juste un léger bémol. Par exemple, on peut tout de même estimer que c'est presque le même personnage que Dans la vallée d'Elah, à peu de choses près. Et il me semble que celui de Tavernier est un petit peu moins fouillé et complexe. Avec une toute petite part de mystère en moins venant de lui même.
Tavernier a-t-il trop laissé libre court au comédien dans l'exécution de son personnage mais même du scénario? Pas sûr, mais je m'interroge cependant. Je pense par exemple que son apport est inestimable sur la scène de discussion sur la compréhension (avec la salamandre). De toute beauté. Lors de l'émission radio Projection privée, Tavernier me semble-t-il a raconté qu'on la devait entièrement à la poésie de Tommy Lee Jones. J'espère ne pas écrire une connerie. Bof, j'ai l'habitude.
On peut déplorer la brièveté des apparitions de Ned Beatty en cynique potentat local. J'aime beaucoup le dialogue entre lui et Jones à la fin : "Vous n'avez donc aucune pitié? - Non". C'est en effet toute la question de l'indulgence, de la pitié, de la bêtise, de la cupidité et du crime. Il y a là un rapport très violent, très brutal de ces éléments. Plus encore on déplore la maigreur du rôle de la toujours superbe Mary Steenburgen, au délicieux minois, à la voix de velours et dont la prestance rappelle celle des fées.
On profite pleinement des talents du sieur James Gammon, en géôlier raciste et plein de contradictions.
Plus encore j'ai énormément pris de plaisir à revoir Goodman (allez savoir pourquoi, je le croyais mort) dans son rôle de magouilleur rital, dégueu-dégoulinant cafard dont la personnalité laisse percevoir néanmoins des fêlures, des complexes, des frustrations. Grand acteur.
Autre point fort du film, la bande originale, tout en musique traditionnelle, cajun, blues est remarquablement aguichante. J'achète.
Voilà. Un bon polar qui nous balade dans un vieux sud hanté par ses démons du passé et qui n'en finit pas de se reconstruire.
Tavernier fait son noir dans le bayou américain. Petit plaisir enfantin que le spectateur digère très bien. En reprenant les codes, il ne réinvente pas le genre mais nous parle du sud, celui de Burke, de l'Amérique actuelle, toujours en lien avec son passé, hantée par ses fantômes, sa violence et ses hommes qui fuient, lâches et cupides, et ceux qui cherchent à comprendre. C'est assez joli, comme un poème. L'intrigue, secondaire, sert de prétexte à présenter toute une galerie de personnages plus ou moins pittoresques.
Tommy Lee Jones joue Tommy Lee Jones. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'il avait un peu cette tendance. Mais allez, on fait facilement ce reproche à tout un tas de monstres sacrés et si je m'en régale pour Gabin, pourquoi pas sur Tommy Lee Jones?
Le détective, bonhomme, paternel et généreux, n'hésite pas à donner quelques billets à deux filles paumées ou prête la main à un alcoolique Peter Sarsgaard. Mais c'est également sans hésitation qu'il manie le poing et la crosse de revolver pour atteindre ses objectifs. Son personnage d'une couenne épaisse cache mal ses propres penchants pour la bouteille. Son investissement dans le boulot dépasse largement le cadre professionnel et ce débordement n'est pas sans provoquer quelques répercussions sur le plan familial.
Comme la nature, à travers ces eaux-là, dans ces brumes-là, est magique, le détective tourmenté se laisse bientôt guider par des fantômes, par des prières ou le recueillement, ou par la quiétude d'une bonne pèche. Je ne sais pas pourquoi, j'ai trouvé l'enveloppe de ce personnage trop simple... une exigence quelque part un peu excessive sans doute. Je l'ai apprécié, c'est juste un léger bémol. Par exemple, on peut tout de même estimer que c'est presque le même personnage que Dans la vallée d'Elah, à peu de choses près. Et il me semble que celui de Tavernier est un petit peu moins fouillé et complexe. Avec une toute petite part de mystère en moins venant de lui même.
Tavernier a-t-il trop laissé libre court au comédien dans l'exécution de son personnage mais même du scénario? Pas sûr, mais je m'interroge cependant. Je pense par exemple que son apport est inestimable sur la scène de discussion sur la compréhension (avec la salamandre). De toute beauté. Lors de l'émission radio Projection privée, Tavernier me semble-t-il a raconté qu'on la devait entièrement à la poésie de Tommy Lee Jones. J'espère ne pas écrire une connerie. Bof, j'ai l'habitude.
On peut déplorer la brièveté des apparitions de Ned Beatty en cynique potentat local. J'aime beaucoup le dialogue entre lui et Jones à la fin : "Vous n'avez donc aucune pitié? - Non". C'est en effet toute la question de l'indulgence, de la pitié, de la bêtise, de la cupidité et du crime. Il y a là un rapport très violent, très brutal de ces éléments. Plus encore on déplore la maigreur du rôle de la toujours superbe Mary Steenburgen, au délicieux minois, à la voix de velours et dont la prestance rappelle celle des fées.
On profite pleinement des talents du sieur James Gammon, en géôlier raciste et plein de contradictions.
Plus encore j'ai énormément pris de plaisir à revoir Goodman (allez savoir pourquoi, je le croyais mort) dans son rôle de magouilleur rital, dégueu-dégoulinant cafard dont la personnalité laisse percevoir néanmoins des fêlures, des complexes, des frustrations. Grand acteur.
Autre point fort du film, la bande originale, tout en musique traditionnelle, cajun, blues est remarquablement aguichante. J'achète.
Voilà. Un bon polar qui nous balade dans un vieux sud hanté par ses démons du passé et qui n'en finit pas de se reconstruire.
Le passé qui revient en pleine face des contemporains, passé qui ne passe pas... un thème présent dans l'émouvant "La Guerre sans nom" que j'avais vu en dvd il y a longtemps. J'ai pu le voir en salles lors de l'intégrale Tavernier à l'Institut Lumière et ce fut quelque chose !!
RépondreSupprimerHé bien ma foi, je ne connaissais pas. Je retiens ce titre avec grand intérêt tant ce cinéaste attise ma curiosité. Un type qui adule Powell et Pressburger ne peut pas être mauvais homme. ;-)
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