Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
dimanche 22 juin 2014
Romances et confidences
1974
Titre original : Romanzo popolare
Alias: Romances et confidences
Alias: Come Home and Meet My Wife
Cinéastes: Mario Monicelli
Comédiens: Ugo Tognazzi - Ornella Muti - Michele Placido
Notice SC
Notice imdb
Vu en dvd
Monicelli, Age, Scarpelli, Muti et Tognazzi : en voilà une affiche qui vous met l'eau à la bouche! A tous les niveaux, le film a donc bien des attraits.
Dans une certaine mesure pourtant il ne va pas au bout de ses promesses. On perçoit bien ce à quoi l'on s'attendait, cependant une indéfinissable déception tire la langue à la fin du film. J'aime bien ce film, mais en aucun cas il ne me frappe, ne m'interpelle, ni me touche profondément en fin de compte. Quelques moments de belle émotion en font un film intéressant, mais pas un grand film.
Le sujet d'abord est on ne peut plus ordinaire : les auteurs nous invitent à assister au spectacle de l'amour conjugal malmené entre Giulio (Ugo Tognazzi) et Vincenzina (Ornella Muti), une romance populaire.
"Populaire" d'abord parce que vécue par un couple d'ouvriers italiens à Milan. Le cadre industriel, laborieux imprègne tout le film. Ils sont issus du sud de l'Italie et ont voulu s'extirper de la pauvreté, et quelque part aussi, de la culture sudiste. Giulio dans un souci constant d'assimilation s'imagine changer la donne en se faisant le héraut de la civilisation moderne des années 70 où l'homme n'est plus une bête, un animal qui aliène sa femme, sa fille, etc. Comme si le nord était plus évolué. Déjà le personnage vit dans un monde fantasmé. Pour lui, syndicaliste militant, l'oeuvre modératrice de la civilisation apaisée du nord entre les individus au sein du collectif qu'il soit travailleur ou conjugal doit être au centre de son existence. Pas question de violence, de vendetta, d'opprimer l'ouvrier ni la femme. Pour son couple, pas question donc d'être jaloux.
Voilà le canevas sur lequel Age, Scarpelli et Monicelli vont s'amuser. D'abord, ils jettent sur ce jeu de quilles un beau policier ténébreux (Michele Placido). Progressivement, le doute se fait une petite place chez Giulio. Puis la paranoïa grandit, l'italien du sud en sommeil ne peut s'empêcher de laisser se réveiller ses instincts primaires. La jalousie monte et commence de bouffer la raison de Giulio. Quand la réalité rattrape le pauvre Giulio, toute la palette des réactions, des émotions le submerge tour à tour.
Ce sont devant ces séquences qu'on peut admirer le travail d'Ugo Tognazzi, superbement mis en valeur. C'est véritablement dans ces moments-là qu'on mesure la qualité de jeu du comédien, tout en nuance, tout en force, en explosions, en retenue, en grotesque comme en subtilité. Vraiment, il m'a impressionné.
Étonnamment, la petite Ornella Muti lui donne une belle réplique. Sans pour autant atteindre de hauts cimes, elle assure une performance fort honorable. "Étonnamment", parce que jusqu'à maintenant, je n'avais vu en elle qu'une belle femme, mais je n'avais pas été séduit ni franchement navré par ses prestations. Elle ne m'avait pas tapé dans l’œil plus que ça... là, je la trouve plutôt bonne.
Je suis toujours aussi sceptique pour Michele Placido (quoique j'ai plutôt bien aimé sa prestation dans "Mio Dio, come sono caduta in basso!" qu'il a tourné l'année précédente). Ici, il a un rôle un brin coincé. Mais bon, ce n'est pas un personnage central. Mais il aurait pu faire exister ce personnage avec un peu plus de mystère ou de charisme.
Donc, il y a une certaine émotion à suivre les lentes circonvolutions auxquelles se livre le personnage de Giulio, fragilisé par ses sentiments déstabilisés, alors qu'il s'était patiemment construit une existence sage, basée sur la raison plus que la passion. De ce point de vue, la présence d'Age et Scarpelli au scénario se reconnait aisément. Et puis, il y a également cet humour pince sans rire, acide, sans concession, que des dialogues mettent en bouche chez les comédiens avec une savoureuse malignité. Entre saillies politiques perfides et grossièretés bien grasses, pas de doute sur la paternité du texte.
Cependant, il manque quelque chose, un souffle qui place le film sur une autre échelle que celle d'une aimable comédie de mœurs. Le film est agréable, le récit se suit sans déplaisir, mais l'ensemble ne décolle pas vraiment, souffre d'un manque difficile à définir.
De même je pourrais dire que la fin est plutôt moche, sans grand intérêt, laissant un goût de fadeur qui est bien inhabituel pour le trio aux manettes. J'ai pas du tout compris les dix dernières minutes, qui m'ont presque ennuyé.
Mini trombi:
Pippo Starnazza:
Alvaro Vitali (droite right):
Gaetano Cuomo ou Gennaro Cuomo?
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