vendredi 6 décembre 2013

Le grand blond avec une chaussure noire



1972

Cinéaste: Yves Robert
Comédiens: Pierre Richard - Mireille Darc - Bernard Blier - Jean Carmet

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd




Voilà un film qui a parfaitement vieilli ! Je le revois après plusieurs longues années. Dans ma mémoire, il s'agissait d'un bon film, mais peut-être un peu trop burlesque et surtout plombé par des temps morts trop longs, avec un rythme plein de cahots.
Au contraire aujourd'hui je trouve sa mécanique admirable de précision, son montage parfait, son humour très équilibré entre humour de situation, humour physique et dialogues pétillants.

La patte Francis Veber en l'occurrence est d'ores et déjà sensible. Le milieu extrêmement froid de l'espionnage français est décrit de façon à produire des ruptures de ton qui font mouche à chaque fois. Le film met en scène ses ruptures avec maestria. Le fracas du violoniste maladroit sur cette machination de barbouzes donne lieu à un contraste souvent désopilant.

L'innocence incarnée par un Pierre Richard plutôt sobre se voit sortir avec aisance de toutes les situations périlleuses, uniquement par ce que le monde des espions évolue en parallèle. Quand les espions dépassent les limites et s'insinue dans sa vie, c'est finalement par des pirouettes qu'il s'en tire. Le va-et-vient entre quotidiens banals et les péripéties silencieuses des James Bond se fait dans un équilibre délicat.

La mise en scène très simple et alors très efficace d'Yves Robert va droit au but. Les dialogues de Veber sont excellents et servis par une distribution impeccable.

Dans les rôles clés, Jean Carmet
s'illustre à merveille. Il trouve là un de ses rôles les plus remarquables. Jean Rochefort
est au sommet de son art. Sa froideur, sa glaçante méchanceté trouve du répondant grâce à Paul Le Person.
Dans le rôle de Perrache, personnage central, ce comédien trouve le rôle de sa vie. C'est lui qui choisit le grand blond. Son air pénétré, perplexe vis-à-vis de son propre choix est formidablement rendu. Il dit tout le film, son mystère, l'incroyable hasard, en même temps que l'interrogation morale devant ce que peuvent faire parfois les espions. Alors que le commandant Toulouse (Rochefort) fait preuve d'un cynisme à toute épreuve, Perrache ne peut s'empêcher d'avoir un élan humain pour la victime que pourrait devenir le grand blond. Bernard Blier
en adversaire fielleux, tout aussi perfide que Rochefort réussit à exprimer l'espèce d'étourdissement qui assaille son personnage en train de monter en bourrique : « merde, on tourne en rond, merde, on tourne en rond », s'empêtrant dans ce piège à cons. On retrouve également tout un tas de comédiens à gueules plus ou moins patibulaires qu'on aime à voir et revoir : le casting est assez dodu.

Cette parodie de film d'espion démontre encore une fois que le cinéma français, à défaut de savoir se mesurer aux Anglais et aux Américains sur ce domaine-là, a réussi à s'en moquer avec bonheur. Dans le cas du diptyque « le grand blond », le résultat est très bon, simple, drôle, attendrissant.
Trombi:
Gérard Majax: (droite, right)

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