vendredi 27 décembre 2013

Sur écoute, saison 1



2002

Saison 1
13 épisodes

Alias: Sur écoute - Saison 1

Réalisateurs: Clark Johnson - Peter Medak - Clement Virgo - Ed Bianchi - Joe Chappelle - Gloria Muzio - Milcho Manchevski - Brad Anderson - Steve Shill - Timothy Van Patten
Comédiens: Idris Elba - Lance Reddick - Andre Royo - Clarke Peters - Michael K. Williams

Notice Imdb
Notice SC

Vu en dvd

Saison 2

Saison 3
Saison 4
Saison 5




J'avais déjà vu les trois premières saisons, empruntées à la médiathèque du coin. Puis, on m'a offert pour mon anniversaire le coffret de l'intégrale. Aussi allons-nous nous lancer dans une revoyure en règle d'une série marquante à bien des égards.

En grande partie, elle doit d'abord sa notoriété à l'incroyable finesse d'écriture, à David Simon, le "créateur".

Cette série propose de nous immiscer dans le monde de la drogue à Baltimore, grande cité du Nord-Est américain. Nous y pénétrons grâce à un gang de dealers qui règne dans son quartier, grâce à d'autres qui essaient de s'y faufiler, grâce aux toxicos qui tentent ou pas d'échapper à leur addiction, grâce enfin aux flics, aux politiques, aux gens de justice qui sont plus ou moins propres vis à vis de l'argent qui circule. Face au clan du dealer Avon Barksdale, système ultra organisé, une équipe hétéroclite de flics venant de différents services (stups et criminelle essentiellement) se met en place malgré le manque d'investissement de leurs supérieurs. Dans des locaux pourris, presque oubliés de tous, se réunissent des petits jeunots pas encore très futés, enthousiastes et un brin naïfs, de vieux croulants, incapables de cacher leur alcoolisme et la hâte qu'ils ont à partir à la retraite, quelques bons éléments passionnés par leur boulot et peut-être trop intègres, quelques pistonnés planqués là pour boucher les trous et un supérieur le cul entre trois chaises : la résolution de son affaire, des ambitions carriéristes personnelles et les bâtons que ses propres chefs lui mettent dans les roues.

Car l'argent de la drogue touche toutes les couches de la société, même les plus hautes sphères. Ce qui est formidablement mis en avant par l'écriture, c'est que les frontières entre le bien et le mal sont ténues. Certains flics sont ripoux, certains dealers ont une conscience. Tout n'est pas noir ou blanc. Chacun essaie de survivre avec ce qu'il a, de trouver sa place, tout en faisant ce qu'il peut avec ses capacités d'adaptation morale aux situations parfois les plus éreintantes sur ce plan. Et finalement la série ne juge pas ses personnages principaux, et j'ai même envie de dire que le spectateur non plus. Les portraits qui nous sont proposés ne le sont pas de façon à ce qu'un jugement moral du spectateur soit titillé. On est au delà de ça.

C'est plutôt à une véritable immersion qu'on est convié, avec ce que cela signifie d'implication dans l'évolution des personnages principaux et donc au delà, avec le phénomène d'identification chez le spectateur.

On entre facilement en empathie parce que l'écriture et la mise en image sont ultra réalistes, grâce à un scénario qui prend le temps et entre dans le détail du quotidien. Le spectateur a le temps de s'investir. Bien entendu, le format sériel est idéal pour ce genre d'entreprise. Il laisse une grande liberté, non seulement aux scénaristes pour élaborer une toile de trames et ainsi tisser un univers bien concret, mais également aux réalisateurs.

On ne sent pas de grandes différences entre les épisodes. Tous reprennent plus ou moins le même style, très marqué par le film noir. Comme il s'agit d'aller fouiner dans le caniveau, d'aller renifler là où la société parait la plus sale, le "noir" convient parfaitement. Peut-être notera-t-on sur les tous premiers épisodes une esthétique pas tout à fait encore maîtrisée, notamment à cause de moyens moins élevés? Dans les derniers épisodes, l'image semble en effet beaucoup plus léchée. Y a sans doute plus de matos pour jouer sur les ombres et les lumières?

Comme de bien entendu, cette série pavée des meilleures intentions n'aurait pas eu autant de succès sans ses comédiens. Certains sont excellents. C'est toujours étonnant de découvrir de nouveaux acteurs, de recevoir ce petit cadeau, éternelle surprise, charmante. Sur cette première saison, les noms ne manquent pas.

A titre personnel, je mettrai d'entrée sur le podium Michael K. Williams (Omar), la terreur du quartier, en franc-tireur homo. Mais dont l'homosexualité n'est pas non plus une marque de fabrique ; il aurait été hétéro que cela ne changeait rien à son parcours, à sa dégaine, à tout ce qu'il inspire. Michael K. Williams a ce charme qu'on certains acteurs, ce petit quelque chose dans l’œil qui fleure bon l'intelligence, la force de caractère. J'aime beaucoup son jeu très sobre. Un comédien que j'ai vu récemment, mais trop peu, dans "Boardwalk Empire". Ici il donne la pleine mesure de son talent en plaçant peut-être même son personnage à un niveau presque métaphysique, mythologique, charriant son lot de souffrances. Vengeance, justice, cynisme, amour, fidélité, il est très attachant tout en transcendant des thèmes universels et centraux.

Avec Andre Royo (Bubbles), on est beaucoup plus dans l'émotionnel pur et dur. Son personnage de Bubbles est un indic junky, perdu entre sa came et sa recherche de sens. Le comédien a là un rôle en or, mais qui aurait pu peser bien plus lourd, un rôle casse-gueule, difficile à tenir sans tomber dans la caricature. Et Andre Royo assure grave. C'est une performance continue avec quelques scènes stupéfiantes. Grande découverte que ce comédien!

Idris Elba, j'avais dû le voir dans un film ou une série british, sa tête me disait quelque chose, mais c'est sur "The wire" qu'il devient pour moi comme une évidence. Ce mec là, c'est une masse, un regard, une posture, en plus d'une diction parfaite, une attitude qui sont comme une réalité intangible, un menhir, une grosse chose qui prend pas mal de place, une statue indéboulonnable. Il est naturel, minéral. Jeu simple, netteté jusqu'au bout des doigts. Une sorte de Lino Ventura english. Pas de simagrées, ni fioriture dans son jeu : ça coule de source. Idris Elba est un formidable Stringer Bell ici.

Voilà pour ceux qui m'ont époustouflé. Ensuite, on a encore de très bons comédiens, qui ont des personnages plus ou moins attachants.

Wendell Pierce (Bunk) est une sorte de gros ours adorable, un Balou. Il lui en faut peu pour rendre heureux. Avec sa face de petit garçon, quand il a 24 verres dans le nez, personne ne peut lui résister.
Sonja Sohn (Greggs) est elle aussi une homosexuelle qui ne la joue pas clicheton, en l'occurrence "camionneur". Son personnage reste discret malgré son importance.

Clarke Peters (Lester Freamon) incarne la grande classe. Facile, propre, son jeu respire l'élégance, la prestance naturelle. Sa voix l'y aide, suave, un peu traînante, chaude. Beau gosse à rides, ses petites lunettes avec chaînette pour les retenir, son personnage se cache pour petit à petit mieux sortir de son trou, avec le panache, l'expérience et l'intelligence qui irradient tout le monde, y compris la petite strip-teaseuse myope. Papy fait plus que de la résistance. Clarke Peters assure un maximum! Au dessus de la mêlée, son personnage est très charmeur, plein de sagesse et de roublardise. Et difficile d'échapper à ses filets.
Lance Reddick (Lt Daniels) joue un rôle compliqué. C'est le boss intermédiaire, celui qui voudrait être "major" et à qui on refile des rats crevés pour bâcler son enquête. Mais ça lui coûte un rein, parce qu'il est intègre et veut terminer son travail correctement. Donc taraudé entre sa hiérarchie et ses hommes, il joue une partie plutôt difficile. Le comédien parvient à merveille à exprimer cet étau perpétuel, cette pression qui s'exerce sur lui. Vraiment très bon!

Dominic West (McNulty) pourrait être considéré comme le personnage principal. En effet, tout tourne autour de lui. Son ego surdimensionné le réclame. Hyper moralisateur, jusqu'au boutiste, il incarne très bien avec sa face de boule-dogue le type qui ne lâche pas son os tant que toute la moelle n'a pas été suçotée. Souci avec l'autoritarisme, difficultés relationnelles avec les femmes, foutraque avec la vie familiale hors-boulot, tout cela forme cette espèce de paquet d'emmerdes qu'il aime à se coltiner. A tel point qu'il peut saouler même les plus patients et paraître un poil connard sur les bords par moments.

Wood Harris (Avon Barksdale) est le parrain de sa cité. L'acteur n'a rien d'un Marlon Brando cependant. Sec comme un coup de trique, il peut parfois montrer les dents, mais souvent il apparaît caché derrière son rempart Stringer Bell.

Lawrence Gilliard Jr. (Dee) a un personnage sans doute plus à même d'offrir à l'acteur de quoi briller. Neveu d'Avon Barksdale, il émerge tout le long de la série. Peu à peu, il sort de l'adolescence. C'est très bien rendu par le comédien, cette lente maturité qui se fait jour chez le personnage, cette lente découverte morale. Les conséquences de ses actes, sa famille, son existence prennent sens progressivement à ses yeux. Personnage fragile, en gestation. Lawrence Gilliard Jr.. a de quoi faire. Parfois, il y parvient avec bonheur, avec une certaine grâce même, et par moments c'est un peu plus compliqué.

Ensuite, on a tous ces rôles secondaires, mais qui réussissent à se rendre indispensables et sur deux ou trois épisodes peuvent même impressionner. Le jeune Michael B. Jordan (Wallace)
par exemple est assez bien tenu. John Doman (Rawls)
en impose. Seth Gilliam (Carver)
 et Domenick Lombardozzi (Herc) font les clowns dans cette saison pour donner un peu de cette douceur que la naïveté et l'insouciance de leur jeunesse répandent.

J'ai évoqué plus haut l'écriture de David Simon, mais je me rends compte que de citer un seul nom provient d'une affligeante paresse de ma part et que cela relève de l'injustice la plus éclatante. Evidemment, surtout pour une série, une oeuvre filmée doit autant à ses producteurs, qu'à ses scénaristes, ses réalisateurs et ses comédiens. "The wire" est le produit d'un travail de groupe où la part de responsabilité de chacun est difficile à pointer avec certitude, se dispersant dans le nombre. Par conséquent, si j'avais un peu plus de mémoire, il faudrait citer la foule de noms qui sont dans la salle des machines à faire tourner cette très grande série.

Reste que c'est là l'essentiel : "The wire" est un ouvrage collectif superbe, un classique désormais, qui vous happera, vous rendra moins con aussi (quand on rencontre des personnages et des situations aussi réels, ils finissent toujours par vous interpeller et vous faire grandir). Comme un grand roman naturaliste, "The wire" parle de notre époque, mais ne reste pas isolé sur ce petit temps, cette seconde d'humanité à Baltimore. Cette série parle en effet d'amour, d'espoir, de pouvoir, de morale, d'ambition, de désir, de peur. Elle parle de ce qui fait marcher les hommes depuis la nuit des temps. Elle ne le fait pas vite fait mal fait, elle pose ses petites graines, une à une, avec soin et récolte ses fruits à la fin de la saison, tranquillement mais sûrement. Bon, j'arrête là les métaphores agronomiques, j'en ai assez pondu aujourd'hui.

Trombi:
Frankie Faison:

Deirdre Lovejoy:

Peter Gerety:

Leo Fitzpatrick:
J.D. Williams:

Hassan Johnson:

Clayton LeBouef:

Melanie Nicholls-King:
Doug Olear:

Delaney Williams:

Richard DeAngelis:

Wendy Grantham:

Michael Kostroff:

Michael Salconi:

Jim True-Frost:

Robert F. Colesberry:

Brandon Price:

Maria Broom:

Corey Parker Robinson:

Tom Quinn:

Nat Benchley:

Shamyl Brown:

Tray Chaney:

Al Brown:

Michael Kevin Darnall:

Fredro Starr:

Antonio Cordova:?

Eric G. Ryan?

Brian Anthony Wilson:

Gil Deeble:

Steve Earle:

Donnell Rawlings:

Jimmie Jelani Manners:
Lizan Mitchell:

Robin Skye:

Isiah Whitlock Jr.:

Chris ClantonJeorge Watson?

Maurice Blanding et Jefferson Breland :

Robert F. Chew:

Eisa Davis:

Neko Parham:

Dick Stilwell:

Chris Clanton?

Michael Hyatt:

Callie Thorne:

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