dimanche 1 août 2010

Les petits ruisseaux



2010

Cinéaste: Pascal Rabaté
Comédiens: Daniel Prévost - Philippe Nahon - Hélène Vincent - Bulle Ogier - Julie-Marie Parmentier - Cédric Vieira

Notice Imdb

Vu en salle


Une bonne salle de ciné quand il fait chaud et qu'on ne se sent pas en forme c'est aussi bien qu'un bon bain. Et quand le film est aussi doux et crémeux qu'un cappuccino comme ces petits ruisseaux alors on peut légitimement affirmer que c'est encore mieux.

Ce premier film de Pascal Rabaté est un film simple, d'une rare délicatesse, peut-être pas totalement abouti mais très intelligent, de ces intelligences humaines, vous savez, les "bonnes" qui relient les hommes avec pudeur et tolérance.

Après coup, à la sortie du cinéma, j'ai tout de suite pensé à Becker, le fils, sans pour autant qu'il y ait ici une ode quelconque à la simplicité de la ruralité ou à une nostalgie du temps jadis quand le lien social était -parait-il-plus évident. Les petits ruisseaux reste un film très contemporain, peut-être un brin provincial encore que ces personnages pourraient tout aussi bien être franciliens. Disons qu'il n'est pas bourgeois ni très urbain. Périphérique, rocadien ou provincial donc mais tout à fait ancré dans une réalité actuelle, le film se débarrasse de quelques éléments réalistes : la violence et l'argent n'entrent pas en ligne de compte. Le chômage n'est qu'évoqué subrepticement par le personnage de Bruno Lochet. Son regard vide et abîmé décrit à merveille la détresse dans laquelle il se trouve.

Mais le sujet est ailleurs, il est dans la mort, le deuil, l'amitié, la sexualité et surtout le vieillir, tout ceci dans un temps bien présent. Et là il faut le talent et l'incroyable sensibilité de Daniel Prévost pour incarner sans trop mot dire, les aléas d'une vie racornie, et qui peu à peu, par des circonstances toutes bêtes et simples, va réapprendre à vivre dans le bonheur, sans toutes les fioritures matérialistes de nos sociétés de consommation et du paraître. C'est en cela que le film se révèle frais. A la bonne franquette.

Comme une petite rasade de vin blanc, tout frais sorti de l'eau où le pécheur l'avait laissé, tout comme un petit joint au coin du feu de camp et en regardant les étoiles, tout comme un bain tout nu dans la rivière, tout comme une petite baise parce qu'on en a tous les deux envie. A la bonne franquette, que j'vous dis!

Je ne sais pas comment s'est déroulée la direction des comédiens mais j'ai trouvé tout le monde excellent, allez... disons le plus grand nombre. Peut-être deux ou trois personnages-décors ne m'ont pas emballé mais tous les secondaires m'ont impressionné.
La qualité de jeu de Philippe Nahon, d'Hélène Vincent, de Bulle Ogier et de Bruno Lochet, de ceux que je connaissais mais également toute la bande de jeunes squatters que Prévost rencontre en deuxième partie du film est vraiment au diapason, une justesse ultra réjouissante et tout ce petit monde donne au récit toute sa crédibilité.

Il y avait de quoi se casser la gueule en donnant un film conte de fées, un peu surnaturel, idéalisé, romanesque, or le film reste, je me répète, très marqué par une sorte de véracité qui permet de véritablement toucher le spectateur. Sans doute grâce aux acteurs mais également à un montage calme, serein, paisible et puis à une mise en scène toute simple et sans esbroufe, pure, sans arôme artificiel.

Un chouette petit film qui ose montrer la sensualité et le désir des vieux sans que cela soit ridicule, complaisant ni faux. Encore une fois, sensuel, simple, vrai.

Quand je disais plus haut "pas tout à fait abouti", je songeai là à deux ou trois scènes avec les copains par exemple que j'ai trouvées un peu trop longues, alourdies par des dialogues dont la portée ou l'humour m'ont échappé. Mais vraiment, de petites taches qui s'oublient vite pour ne laisser qu'un immense bien-être et de tranquilles sourires.

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