mardi 21 novembre 2017

La poursuite infernale



1946

Titre original : My darling Clementine
Titre aussi con que francophone: La poursuite infernale

Cinéaste: John Ford
Comédiens: Henry Fonda Victor Mature - Walter Brennan

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd

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Ancienne critique : 

Si Ford nous offre encore et encore des plans à couper le souffle, cette beauté formelle ne parvient pourtant pas à me faire dépasser ce stade contemplatif.


Il y a bien quelques éléments de belles émotions, comme la relation perdue entre Chihuahua et Doc Holliday, celle plus tendre et chaste entre Wyatt Earp et Clementine. A ce propos Victor Mature est parfait dans son rôle.

La froideur toute relative de Fonda ne me semble pas être en cause, il y a quelque chose d'extrêmement touchant, de non dit, dans son personnage, en parfait accord avec son jeu plein de retenue. Une progression bien maîtrisée. J'ai envie de dire qu'il tombe admirablement bien amoureux, sur le pas du film, avec tranquillité. Pour moi la scène la plus remarquable sur le plan émotionnel reste finalement la lente promenade avec Clementine à son bras, vers le bal. Un joli moment de magie.


Le manque d'émotions, paradoxalement, me parait venir plutôt non pas des comédiens, mais de l'histoire. A part ce progressif autant qu'inattendu abandon à l'amour (voir les frères découvrir Wyatt est aussi drôle qu'attendrissant) de Wyatt Earp et le destin tragique du couple Holliday/Chihuahua qui a des allures d'amants mythologiques, le reste laisse un peu sur sa faim. Le thème de la vengeance ne m'a pas titillé le bulbe, l'aspect nettoyage moral cher à Ford n'a pas l'emprise qu'on lui trouve dans L'homme qui tua Liberty Valance. Du moins c'est un sentiment tout personnel bien entendu.


Du reste, les deux éléments émotionnels que j'ai retenu devraient amplement suffire. Et pourtant, j'ai comme l'envie folle d'en avoir plus.


Reste que malgré tous ces points positifs, je reste sur ma faim. L'histoire est loin de m'emporter. Les personnages ne sont pas si attachants. Ya comme un goût de rendez-vous manqué.John Ford est toujours aussi épatant, sa mise en image est exceptionnelle de justesse, le cadre embrasse littéralement les scènes, les décors sont superbement mis en valeur, y a pas à dire ce cinéaste est génial, mais le film ma laisse presque froid pourtant. Un des moins émouvants Ford que j'ai vu.





Nouvelle et complètement différente critique : 

Cela faisait belle lurette que je n’avais pas vu un film de John Ford. J’ai faim de vieux films en ce moment, de classiques, de revenir aux fondamentaux.

C’est chose faite avec ce sublime western. Sublime par son traitement, cette mise en scène et en image est parfaite. Il y a quelques plans à tomber, des intérieurs noirs de saloons où les bars brillent dans la nuit comme des rivières tranquilles, et puis des extérieurs monumentaux de valleys où la nature humilie l’homme comme souvent dans les grands westerns en général, et chez Ford ou chez Mann en particulier.

Les thèmes sont délicieusement profonds : justice, famille, amour. Tutélaires aussi, ces sujets placent le film dans le sillon des tragédies classiques, fouillent l’âme. Le regard que jette Henry Fonda sur la délicate éconduite Cathy Dows est beau comme un coucher de soleil.

Souvent les héros fordiens sont aux prises avec la plus animale des bêtises humaines. Cette dernière est ici incarnée par un incroyable Walter Brennan.
Habituellement dévolu à des rôles de sympathiques petits vieux, le voilà affublé d’un personnage de fieffé salopard, cadenassé dans un monde étriqué, où la cellule familiale semble le seul cadre de vie et dont la violence et la cupidité manifestent la médiocrité avec plus de force. L’acteur impressionne. Avec Henry Fonda, ils sont à n’en pas douter les deux comédiens qui sortent du lot.

J’aime bien Victor Mature,
son regard stallonien (bovin) aide beaucoup à croire en son personnage buté, paralysé par la mort de plus en plus proche et l’impossibilité d’aimer en conséquence. L’acteur est remarquable, certes, je n’en disconviens pas, mais il ne m’émeut pas outre mesure, ni ne suscite en moi une réflexion particulière.

Chez les femmes, c’est encore moins excitant, avec deux rôles toujours très dépendants des hommes. Leur part de liberté existe mais ne leur permet pas d’envisager un au-delà des hommes. Seul l’amour d’un homme reste en indépassable repère, une liberté trop limitée en total accord avec le contexte historique du western évidemment, mais moins tellement peu passionnant.

La “vis tragica” de la mise en scène et de la direction de jeu n’est pas l’unique atout du film, bien entendu. En évoquant la tragédie classique, je voulais en effet traduire la richesse thématique de cette histoire. Ce que subissent les personnages, leur capacité à survivre à leurs émotions rend le film touchant il est vrai, mais surtout en fait un moteur puissant de réflexion quasi métaphysique sur le sens de la vie, la continuité, l’élan de vie, la relation aux autres, sujets éminemment fordiens qui reviennent hanter les personnages dans ses films et en font le jus, l’essence même.

Et My darling Clementine en est l’une des plus nettes illustrations. Aussi, voir et revoir ce film restera toujours une expérience cinématographique de premier plan.

Trombi:
Henry Fonda:

Linda Darnell:

Don Garner:

Tim Holt:

Ward Bond:

Cathy Downs:

Alan Mowbray:

John Ireland et Fred Libby :

Grant Withers:

J. Farrell MacDonald:

Russell Simpson (centre):

Francis Ford:

Ben Hall:

Louis Mercier(right droite);

Earle Foxe:

?:

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