mercredi 17 juin 2015

L'Apollonide (Souvenirs de la maison close)



2011

Titre francophone: L'Apollonide, souvenirs de la maison close

Cinéaste: Bertrand Bonello
Comédiens: Noémie Lvovsky - Céline Sallette - Alice Barnole

Notice Imdb
Notice SC

Vu en dvd


---------------

J'ai beaucoup aimé "St Laurent". J'y ai découvert un vrai talent de réalisation et de mise en scène, de construction scénaristique, une œuvre solide et donc un grand enthousiasme s'est emparé de moi pour Bertrand Bonello. Aussi ai-je vu ensuite "Le pornographe" et là, ce fut le drame, la chute, sensationnelle, la catastrophe, l'embarras, l'ennui, l'incompréhension : comment le cinéaste a pu livrer un film aussi abouti que "St Laurent" et un truc aussi indigeste, lourd et chiant que "Le pornographe"?

"Œuvre de débutant" est la première excuse qui me vient à l'esprit et je mise sur L'Apollonide pour me revigorer. Aussi, au moment de commencer le film, un petit doute ramène-t-il sa fraise et j'ai un peu les miquettes.

Fort heureusement, il m'a bien plu. Sans aller jusqu'à parler d'enthousiasme débordant, le film est intéressant à plus d'un titre. Cette fois encore le sujet intrigue, interpelle, les actrices sont très bonnes et la tension reste ferme. Le film raconte quelque chose. L'attention du spectateur est captée jusqu'au bout. On est loin de l'éteint "pornographe". Ouf de soulagement pour moi!

Beaucoup d'éléments de la mise en scène caractéristique de Bonello se retrouvent. Le cinéaste a recours plusieurs fois au split-screen, à bon escient, montrant la simultanéité et la variété de ce qui occupe ces dames. L'usage de musique moderne, anachronique et à la danse pour exprimer l'état d'esprit ambiant ou les émotions vives est également un procédé récurrent et heureux, donnant pour ainsi dire une note tout à la fois surprenante et dynamique.

Dans le montage, Bonello est une nouvelle fois audacieux. Il inclut dans son récit linéaire des parties oniriques ou des flash-backs qui peuvent faire d'abord hésiter le spectateur, mais au final, ce dernier s'y retrouve. Le montage force un peu l'attention.

Il n'en demeure pas moins qu'il impose la réalité complexe de ce que pouvait subir les prostituées d'une maison close à la fin du XIXe siècle, sa dureté, le cynisme qui s'en dégage et surtout son lot d'illusions hachées. Et c'est là tout le propos du film. Il présente par ces tranches de vie la complexité liée à ce lieu : les rapports du corps à l'argent, la place de la femme objet dans la société, dans les mentalités, les hypocrisies sociales, l'extrême violence de la condition des prostituées et tout cela dessine une sorte d'esclavagisme qui s'impose tout doucement, sans rébellion, sans bruit, comme si c'était quelque chose de naturel, comme si ces putes n'étaient que ça, des putes, dont la santé, le physique, la sensibilité, l'avenir n'étaient que quantités négligeables, à peine visibles, cachées dans le pli des rideaux, derrière ces murs réellement clos.

Là encore, Bonello s'appuie sur un scénario qui ne prend pas part à un quelconque jugement moral. Ce qui s'impose, c'est bien le réel, des affres ô combien concrets (maladie, violences physiques et morales, drogues, etc).

Le film présente la vie quotidienne dans une maison close comme on y a vécu, sans verser dans un didactisme ennuyeux, trop classique. Et la visite déroule les différents panneaux : de la partie de campagne hebdomadaire près de la rivière, à la visite médicale, à l'apparition coquine de l'image pornographique ou bien encore l'absolution des états mélancoliques dans l'opium, la mort qui rôde avec la syphilis ou par la violence des hommes.

Le spectateur est alors imprégné par la pesanteur de cet univers, tellement glauque, tellement fermé. Très curieusement, il n'apparaît pas pour autant déshumanisé en permanence. La solidarité entre les femmes, l'affection structure même leurs relations.

L'absence de choix ou du moins la restriction du choix règne. A cette maison close de luxe, il n'y a guère de porte de sortie souhaitable : la menace du bordel-abattoir ou la misère. Pour garder un infime espoir : la demande en mariage par un riche client. Hypothétique mirage.

Les hommes, les pauvres, sont cantonnés à une humanité parallèle qui feint de se soucier de ces dames, mais ne le fait vraiment jamais. La plupart se contentent d'être obéis au doigt et à la bite. Et tout le film montre très bien toutes ces problématiques, plus complexes qu'on ne pourrait se l'imaginer, ces contradictions, ces malversations morales, si je puis dire, sans aucune vergogne, cette misère sociale, ce déséquilibre entre hommes et femmes, ces injustices.

Ces aberrations sont montrées de manière frontale et ultra réaliste. Un film assez efficace, une illustration sans concession d'une réalité historique dont la littérature a trop souvent édulcoré l'âpreté.

Trombi:
Noémie Lvovsky:

Hafsia Herzi:

Céline Sallette:

Jasmine Trinca:

Adèle Haenel:

Alice Barnole:

Xavier Beauvois:

Louis-Do de Lencquesaing:

Laurent Lacotte:

Jacques Nolot:

Iliana Zabeth:

Pauline Jacquard:

Anaïs Thomas:

Maia Sandoz:

Joanna Grudzinska et Esther Garrel?:

Vincent Dieutre:

Jean-Baptiste Verquin:

Marcelo Teles:

Guillaume Verdier:

Justin Taurand:

Bernard Fonty:

Damien Odoul:

Fred Epaud:

Bertrand BonelloAlice Barnole et Audrey Perronier:

Marie Seznec?

Judith Lou Lévy:

? (droite, right):

?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire