jeudi 6 décembre 2018

En liberté



2018

Titre original : En liberté

Cinéaste : Pierre Salvadori
Comédiens: Adèle Haenel - Pio Marmaï - Audrey Tautou - Damien Bonnard

Notice SC
Notice Imdb

Vu en salle

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Dans la filmographie de Pierre Salvadori, En liberté peut se prévaloir de quelques singularités. Certes, il est toujours question de mal-être, de cette liberté des personnages à être mal. C’est une revendication que l’on retrouve chez ses protagonistes de film en film.

Toutefois, alors que certains précédents pouvaient verser quelquefois dans une véritable mélancolie en partageant des moments difficiles, voire tragiques, ce dernier film renoue volontiers avec la folie, l’exubérance et l’absurdité des comédies les plus échevelées que Pierre Salvadori a auparavant signé, au premier rang desquelles se place sans doute Cible émouvante.

En liberté a cette joyeuse tendance à pousser le bouchon le plus loin, flirtant avec des aspects cartoonesques quasi fantastiques où l’excès sert un humanisme à fleur de peau, avec des héros ultra sensibles et produisant des situations classiques.

Le film se permet beaucoup de liberté avec le réalisme débordant largement les limites et glisse très vite vers la fable, le conte moral et romantique, prônant toujours cette acceptation des heurs du monde, comme une richesse, une part de soi même se construisant dans le chaos.

Le personnage d’Antoine (Pio Marmaï) est à ce point cassé qu’il apparaît complètement en vrac, déboussolé, ayant perdu en prison avec ses illusions une part de jeunesse, une identité, ainsi qu’une aptitude à vivre.

Les sentiments de culpabilité que traîne Yvonne (Adèle Haenel)

sont en réponse des prolongements de ce malaise existentiel qui pourrit la vie des deux héros.

La virtuosité du scénario assure une fluidité du récit tellement agréable qu’on est littéralement porté par ces personnages si touchants. Il est appuyé par une mise en scène toujours aussi intelligente, qui manie aussi bien les ellipses que les échanges très rapides entre les personnages.

Il y a là un équilibre entre Lubitsch et Monicelli chez Salvadori, ce qu’on n’a pas manqué de souligner en présence du réalisateur lors cette avant-première, en marge du Cinémed 2018. Un très agréable moment de cinéma avec un film plus loufoque que jamais dans la filmographie de Pierre Salvadori.

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