Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
lundi 2 novembre 2015
Crimson Peak
2015
Cinéaste: Guillermo del Toro
Comédiens: Mia Wasikowska - Jessica Chastain - Tom Hiddleston
Notice SC
Notice Imdb
Vu en salle
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Je ne suis pas un grand adepte de Guillermo del Toro, mais un film de genre avec ma blonde brune, en salle, en amoureux, ça ne se refuse pas. Il faut toujours donner sa chance au produit, comme dirait mon boucher. C'est une vérité qui peut sonner juste au ciné itou. Preuve m'en est une nouvelle fois faite avec ce solide conte d'épouvante.
Malgré les jacasseries de poulailler qui ont pu perturber parfois cette séance de la part d'une population tout juste pubère en goguette dans la salle par grappes éparses de filles âgées approximativement entre 13 et 15 ans dont la présence reste encore un mystère à l'heure où j'écris ces lignes, malgré ces sempiternels emmerdements inhérents à tout multiplexe puant le pop corn et le pet de coca, malgré tout, j'ai vu un bon film de cinéma, parfaitement équilibré, bien écrit, bien filmé, bien joué.
Le baroque propre au genre, mais tout aussi nettement au style de Guillermo del Toro, a pu me faire pouffer de rire par moments, notamment sur certains dialogues si ridicules qu'on ne peut s'empêcher de faire au moins risette, ou bien sur ces étranges individus capables de vivre avec un gros trou dans le toit, histoire qu'il pleuve des feuilles dans l'entrée de la maison. Excusez, il neige dans le salon, mais j'ai point de sous pour réparer le plafond, ma pov' dame!
Et puis ces décors gothiques... ils ne sont plus gothiques à ce stade là, ils sont supragothiques. Ils n'existent plus. Ils sont au delà du possible dans le gothique. C'est du rocogothique. La charge est un poil excessive, alors je ricane, mais attention, ce n'est pas méchant, parce que le genre demande ce type d'abus, et puis le reste du film ne déborde pas. Certes, il y a de l'ampoule, mais cela fonctionne bien avec le genre, avec l'époque et cette thématique extrême.
Il fallait cette emphase pour allumer le récit et amener cette histoire à flamboyer, à être un peu plus grandiloquente, brillante, pour qu'éclate cette morbidité malsaine et qu'elle provoque des émotions telles qu'on s'imagine celles d'un spectacle "grand-guignolesque". Le risque majeur (ils sont nombreux dans ce type d'œuvre) est de tomber dans le grotesque, la farce, or, malgré ce que j'ai relevé au début de cette critique, Guillermo del Toro parvient grâce à beaucoup d'astuce, surtout à un sens de l'équilibre rare et l'intelligence de la mise en scène à maintenir presque constamment la crédibilité de son histoire, à garder l'attention sage de son auditoire.
Je répète encore mes quelques réticences sur ce réalisateur. Par certaines audaces formelles (cet argile sanguinolent, trop facile!) et avec une histoire pareille, il y avait de quoi se casser la gueule mille fois. Mais dans l'ensemble, j'avoue qu'il m'a heureusement surpris. Le film est très difficile à faire. Il y arrive par instants même avec grâce.
Certains plans sont très beaux en plus d'être intelligents. A de nombreuses reprises, je suis ébahi par la finesse d'un mouvement de caméra, une prise de vue pleine de pertinence, un travail sensé sur les couleurs ou la lumière. Visuellement, le film est souvent épatant.
Il fait évidemment référence aux maîtres du genre. A la beauté plastique s'ajoute pour les cinéphiles la satisfaction de voir ce film s'accorder à l'histoire de ce cinéma là, se charger des souvenirs agréables d'Argento à Fisher, en passant par Bava ou même Kubrick (le final shiningesque). Voilà un film assis. Solide.
Pas de fausse note non plus chez les comédiens. Et pourtant, là encore, il y avait tant d'écueils ! Jessica Chastain avait peut-être le rôle le plus périlleux.
SPOILER :
Elle propose une composition complexe, certes sur le fil du rasoir, mais tellement bien brossée et en adéquation avec les traits de l'héroïne, entre sensualité, violence, folie et morbidité excessive. Elle pourrait aisément verser dans l'hystérie abusive. Or, elle évite avec adresse cet obstacle.
FIN SPOILER
Mia Wasikowska pourrait tout aussi bien jouer une ingénue un peu trop frêle, victime idiote. Il n'en est rien. Elle aussi réussit à garder intacte une densité salvatrice à son personnage tout le long du film.
A ce propos, les deux femmes ont donc deux rôles centraux, puissants. Je serais tenté de parler d'un regard féministe dans ce film. Sans rire. Peut-être exagéré? Quoiqu'il en soit, les femmes sont très modernes et le récit n'oublie pas de le rappeler à plusieurs reprises.
J'aime beaucoup dans ce film sa capacité à raconter une histoire, à tenir en même temps un propos appuyé, mais jamais sans que cela soit grossièrement soutenu. Bien au contraire, le scénario est si bien écrit que ce qu'on nous raconte semble couler de source.
Fluidité, une nouvelle fois accentuée par la mise en image et la justesse des comédiens. Dans le cinéma de genre, surtout dans celui-ci, l'exigence d'équilibre et de sûreté dans l'écriture est vitale. Force est de constater que Guillermo del Toro a réussi cette gageure. Merci.
Mini trombi:
Tom Hiddleston:
Charlie Hunnam:
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