lundi 19 octobre 2009

Entre les murs



2008

alias : The class

Cinéaste: Laurent Cantet
Comédiens: François Bégaudeau

Notice Imdb

Vu en salle



Vu en octobre 2008:
J'aime pas faire le rabat-joie. C'est ingrat comme rôle, on a l'air d'un chialeur impénitent. Mais bon, là, une palme d'or, faut pas déconner quand même.

Je suis allé voir ce film avec aucune arrière pensée, je n'avais rien lu, comme d'hab, et à la rigueur j'y allais avec sympathie pour le foin médiatique que le documentaire fiction avait engendré un peu partout. "Docu fiction" c'est dire le peu que je savais du film. Donc aucun a priori, si ce n'est un poil de positivité.

Je n'ai pas non plus trouvé le film foncièrement mauvais, loin de là. Le suivre n'a pas été un pénible labeur. J'ai vu quelques minutes d'un documentaire jusqu'à me rendre compte qu'effectivement cela n'avait rien à voir avec un documentaire. La première anicroche vient du jeu médiocre d'ailleurs des profs. Ça saute au visage, ça arrache les oreilles ces discours convenus, récités, beaucoup trop textués si l'on puit dire. J'ai travaillé dans l'enseignement et je n'ai jamais entendu parler les gens comme ça. Les adultes sonnent faux dans ce film. D'entrée d'ailleurs avec ce prof qui pleurniche découvrant que les ados sont exaspérants. Jamais un prof ne pourrait faire ça, avouer ainsi, déclamer son incapacité à tenir le coup, à avoir les nerfs solides. La difficulté d'enseigner elle se traduit avec plus de subtilité dans la vraie vie. On ne peut pas déclarer à tout le monde qu'on s'est trompé comme ça, ou qu'on est nul, qu'on se sent une merde. Ça peut arriver, mais sous le biais de la confidence, de l'aveu intime. Cette scène et bien d'autres ensuite m'ont complètement sorti du film. S'il n'y avait que celle-là... mais le film en regorge. Le pompon revient à l'irréel conseil de classe et les profs qui parlent librement des élèves devant les parents et les délégués d'élève... incroyable mais faux. Le prof principal se permettant de qualifier un élève de limité, sans que personne autour de la table ne trouve à redire d'une pareille ânerie, c'est trop ahurissant pour foutre en l'air la crédibilité du film.

Ensuite je ne comprends pas le parti pris tout aussi inepte de distordre la réalité que le scénario nous propose avec au milieu du film une césure nette dans le trajet du prof François. Le film se coupe en deux parties. La première où François va chercher les élèves en difficultés, les trouve pour la plupart et la deuxième où subitement il baisse les bras, révélant un double langage là encore peu crédible. Ca n'a pas de sens. Pourquoi. On ne sait pas. Comment peut-il parler d'un élève en qui il a réussi à trouver des potentialités, qu'il est limité. Limite qu'il pose lui même, gratuitement. Voltaire en quatrième? Pas possible, trop difficile. Il est l'auteur de son propre échec en tant que prof. On se retrouve donc avec un prof cohérent, ambitieux dans la première partie et qui devient d'un coup d'un seul défaitiste? Pourquoi? Sait toujours pas et on ne saura jamais, forcément, c'est absurde.
Alors peut-être le cinéaste voulait-il nous montrer qu'il se cachait dans un premier temps derrière des discours pédago-in et un entrain, un dynamisme de bon aloi mais en fait de pacotille? Ah. Je n'ai pas vu la nuance dans la première partie. J'ai vu la transformation brusque du prof, pas une lente dégradation. Et je n'y crois plus non plus. On veut nous dire que le métier de prof est un travail sur le fil du rasoir, entre réussite et échec? Pas très convaincante cette démonstration, avec la démarche assurée d'un élép... mammouth!

Du reste, ne savait-on pas déjà tout ce que le film montre? N'est-ce pas enfoncer des portes ouvertes? Rien d'original n'effleure véritablement.

Alors cherchons du côté des émotions. Elles m'ont beaucoup plus interpellé. Comme cet aveu effrayant, humble et naïf de l'élève à la fin de l'année/ Ou bien le conseil de discipline confrontant deux mondes, celui des parents et de la mère non francophone du petit Soulemane (ce gamin, Franck Keita si mes souvenirs du générique sont bons, est époustouflant et donne tout l'intérêt au film, sublime prestation, je suis soufflé). Les enfants dans l'ensemble sont pas mal, amateurs et pourtant investis complètement dans leurs rôles. Comme je le disais plus haut, on ne peut malheureusement pas en dire autant des adultes qui ne sont pas loin d'être à faire popo.

Et donc une palme d'or... je ne comprends toujours pas. J'ai bien essayé de juger de mon ressenti en m'imaginant l'ayant vu sans connaître cette récompense mais ce n'est pas possible. Je suppose que j'aurais dit à peu près la même chose mais je n'aurais pas prêté autant d'attention au film.

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