mercredi 29 juillet 2009

Nuages épars



1967

Titre original : Midaregumo
alias : Nuages épars
alias : Scattered Clouds

Cinéaste: Mikio Naruse
Comédiens: Mitsuko Mori - Mitsuko Kusabue - Yôko Tsukasa - Yuzo Kayama - Daisuke Katô
- Mitsuko Mori

Vu en dvd


Un Naruse sombre jouant avec subtilité sur des éléments traditionnels et simples du mélodrame romantiques. Toujours avec un soucis quasi naturaliste que les personnages complexes incarnent et grâce surtout à une mise en scène qui laisse place à un jeu épuré jusque chez les personnages secondaires, Naruse parvient à raconter une histoire classique de deuil particulièrement difficile à vivre, de sentiments de culpabilité qui empêchent les individus de dépasser l'absence, la mort des êtres chers et le poids des valeurs sociétales que les protagonistes s'ingénient à supporter, comme des juges suprêmes, pour mieux ne pas accepter l'idée de leurs propres réticences. C'est bien nébuleux tout ce charabia pour qui ne connait pas l'histoire. Alors résumons un petit peu.

Juste avant de partir pour Washington avec sa femme un diplomate est tué dans un accident de voiture. Quelqu'un lui est rentré dedans. Victime d'une crevaison et d'une embardée fatale, le conducteur (Yuzo Kayama) se sent néanmoins responsable de cette mort. Il essaie d'oublier cet accident en envoyant de l'argent à la veuve (Yôko Tsukasa) qui l'accepte qu'avec grande réticence. Bientôt elle est rejetée par la famille de son mari, perd son statut d'épouse et se retire dans son village d'enfance non loin de la petite ville où vient d'être muté Yuzo Kayama. Progressivement, ils se retrouvent. Elle accepte enfin de discuter et d'essayer d'affronter ensemble leurs deuils respectifs. Forcément, leurs douleurs les rapprochent jusqu'à ce qui parait inimaginable, surtout pour elle. Elle n'y échappe cependant pas.


Quand elle accepte cet amour naissant dans une scène bouleversante, elle essaie d'oublier sa douleur, son sentiment de culpabilité d'aimer un homme responsable de la mort de son époux. Le passé beaucoup trop présent se rappelle à son mauvais souvenir, sans arrêt : un accident sur la route, un couple amoureux et enlacé, une femme qui tient la main de son mari gravement blessé sur une civière, etc.


Cette histoire d'amour impossible est développée avec la lenteur et la délicatesse que l'on connait à Naruse. Il prend le temps. Les personnages ne sont pas forcément décrits avec précision mais avec une ou deux scènes a priori anodines, Naruse réussit à disposer tous les éléments nécessaires à la fluidité du récit. Les exemples sont multiples, comme les échanges de regards qui valent tous les discours ou bien les aléas que subissent les personnages en parallèle, dus à ce poids du passé : ils tentent de se distraire dans les soirées entre amis ou dans l'alcool mais il y a toujours quelqu'un pour ruiner leur frêle gaieté en rappelant la tragédie.

Plus que dans les autres Naruse que j'ai vus, la société joue un rôle considérable, notamment par le fait qu'elle est d'une certaine façon utilisée comme prétexte, support ou incarnation des barrières que les deux personnages construisent eux même autour de ce deuil qui les emprisonne. Presque de manière paranoïaque, ils transforment le regard des autres en jugement de valeur, que finalement ils sont seuls à déceler.

Les personnages secondaires les poussent à passer à une autre existence. Peut-être pas à être ensemble mais disons que tout le monde a oublié l'accident sauf Yuzo Kayama et Yôko Tsukasa. Elle garde une photographie encadrée de son mari qu'elle adule du regard.

Lui, maintient une relation névrotique, à la limite du harcèlement avec cette veuve qui ne veut pourtant pas de son argent ; il n'a aucune obligation judiciaire à faire cela, si ce n'est une question d'honneur destinée à cacher une sorte d'obsession malsaine.

Les personnages sont interprétés avec une justesse remarquable. Si je connaissais Daisuke Katô (que j'ai pu voir dans Yojimbo ou dans Quand une femme monte l'escalier déjà chez Naruse) le petit ami de Mitsuko Mori et celle qui joue la mère de Yuzo Kayama et dont j'ai perdu le nom,

je ne connaissais pas Yôko Tsukasa ni Yuzo Kayama. Comme souvent chez Naruse qui semble aimer filmer les jolies femmes, le film doit beaucoup à l'élégance, la retenue et la beauté de Yoko Tsukasa. Il s'avère qu'en plus, coup de bol, elle joue très bien. L'intensité de son regard dans les face-à-face haineux

ou amoureux

avec Yuzo Kayama marque les plus grandes scènes du film. Toutefois, j'avoue avoir été d'abord estomaqué par le sieur Yuzo Kayama lors de la scène avec sa mère. Entre ivresse et désespoir, son visage se vide, semblant se perdre dans les méandres de son désespoir. C'est beau, simple. Avec rien il dit tout cela. Brio.

Et puis je découvre une actrice plutôt dynamique et intéressante, Mitsuko Mori:

Ce que j'aime chez Naruse, c'est qu'il n'est jamais enfermé dans les carcans du cinéma. On ne sait jamais où il veut en venir. Beaucoup auraient donné une fin heureuse à ce film. D'ailleurs on n'est pas loin d'y croire. Mais Naruse privilégiant peut-être l'exaspération des sentiments dans la culpabilité étouffe dans l’œuf la relation amoureuse. Soucis de réalisme ou au contraire recherche dans la tragédie de résonances romantiques? Difficile de répondre. Comme Naruse focalise essentiellement son cinéma sur la femme japonaise, je pencherais volontiers pour l'idée qu'il veut avant tout présenter les difficultés pour les femmes de construire leur vie, contre la dépendance vis à vis des hommes et de leurs propres sentiments, même au-delà de la mort.

mardi 28 juillet 2009

La mort dans la peau



2004
Titre original : The Bourne supremacy
Titre francophone : La mort dans la peau

Cinéaste: Paul Greengrass
Comédiens: Matt Damon - Franka Potente - Brian Cox - Julia Stiles

Vu en dvd
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Ce deuxième volet souffre incontestablement moins du montage ultra rapide que d'une réalisation parkinsonienne. La rapidité d'enchaînement des plans est encore lisible mais le fait que la caméra subisse des à-coups continus pendant la fraction de seconde que dure le plan rend les tentatives de bien lire le film souvent vaines. De jour, on y arrive plus aisément, de nuit ou dans les intérieurs sombres, l'entreprise devient ardue. L'épreuve de lire le film devient presque aussi physique. L'intensité en est-elle pour autant accrue? Je ne suis pas sûr qu'on y gagne réellement en respiration contractée ou en halètement devant ce flot d'images saccadées et zigzagantes. De ce capharnaüm d'images, Greengrass et son monteur parviennent à donner une vision embrumée (soulignant les poussées d'adrénaline et l'amnésie du personnage?) sans trop donner la nausée : relatif exploit.

Par contre, la lassitude gagne ; on sort du film à plusieurs reprises. Je suppose que cette sorte d'harcèlement du spectateur permet au film de remplir les vides laissés par un scénario basique, largement convenu dont les rebondissements se sentent à plein nez plusieurs minutes à l'avance. Aucune surprise. Les personnages et les situations sont usuelles, rien de neuf à se mettre sous la rétine. Pour masquer ce manque d'originalité, la mise en scène et en image produit ses effets épileptiques qui "endorment" la cervelle du spectateur plus qu'autre chose.

Rien de scandaleux, c'est un film de pop-corm, spectaculaire, destiné à vider la tête. Sans brûlure de cervelle. Garanti!

Trombi:
Matt Damon:

Franka Potente:

Brian Cox:

Julia Stiles:

Karl Urban:

Joan Allen:

Marton Csokas:

Karel Roden:

dimanche 26 juillet 2009

They're a weird mob



1966

Cinéaste: Michael Powell
Comédiens: Walter Chiari - Alida Chelli - Claire Dunne
Vu en dvd



Petite production d'un Michael Powell vieillissant et désormais séparé de son alter-ego d'écriture Emeric Pressburger. Si l'on ne s'en est pas toujours rendu compte, force est de constater qu'ici l'absence de rigueur et de finesse dans le rythme plombe pas mal cette comédie.

Powell n'invente pas grand chose. L'esthétique, la manière de filmer sont ordinaires. Tout juste a-t-il introduit quelques effets de distorsion et des ralentis pour faire ressentir l'ivresse ou la fatigue du personnage principal. Il semblerait que Powell se soit concentré sur le parcours de son personnage, un italien venant de débarquer à Sydney et bien décidé à payer les dettes qu'il a contractées auprès d'une belle plante.

Powell s'intéresse beaucoup au vocabulaire typiquement australien, sujet de nombreuses scènes dont le comique touchera essentiellement les australiens et les britanniques. On a droit à une sorte de panorama social de l'australien moyen et citadin. Aussi le film prend-il par moments des allures touristiques. Gentil, il suit son cours, paisiblement et puis se tourne un brin vers la comédie romantique pour pimenter un récit sympathique mais peu dynamique.

Finalement on pourra toutefois apprécier une distribution d'abord italo-australienne avec quelques têtes connues. Mais le fanatique de Powell s'en trouve un peu décontenancé. Certes, la bonne humeur qui imprègne le film rappelle l'espèce de fraîcheur, que d'aucuns pourront appeler "candeur", des films de Powell, cet amour, cette confiance dans l'humanité, les liens de solidarité mais le film reste désespérément plat, tranquille, trop tranquille.


Trombi:
Walter Chiari:

Claire Dunne:

Ed Devereaux:

Alida Chelli:

John Meillon:

Rendez-vous avec la mort




1988
Titre original : Appointment with death
alias : Rendez-vous avec la mort
1988

Cinéaste: Michael Winner
Comédiens: Peter Ustinov - Lauren Bacall - Carrie Fisher - John Gielgud




Cet "appointment" m'a désappointé. Rendez-vous raté. Oui, c'est facile, mais c'est vrai. La distribution avait pourtant de quoi faire saliver à première vue. Mais quand on gratte un peu la couenne, on se rend compte rapidement que l'os n'est pas loin, sec et sans moelle. Peter Ustinov, pour qui j'éprouve le plus profond respect, cabotine dans le vide. Tout maître de son personnage qu'il est, il n'en demeure pas moins tributaire d'un scénario et d'une mise en scène qui se révèlent ici presque indignes.
La réalisation de Michael Winner est une faillite complète. Sa mise en image est des plus fades. Combien de fois ai-je été consterné par le manque de finesse des échanges entre les personnages ou bien par la manière insipide de les filmer? Trop souvent, on a la détestable impression d'être en face d'un téléfilm ou une série télé très cheap, avec une frilosité de la caméra (tout juste Winner essaie-t-il quelques obliques et deux ou trois filtres). Ces impressions, tristes, mornes, sont appuyées par une photographie plus que médiocre, sans aucune espèce de début de personnalité, sans saveur, jamais et également par quelques comédiens auxquels ces mêmes reproches pourraient être faits mot pour mot. Je pense ici surtout à John Terlesky dont le jeu ferait peut-être mouche pour AB productions mais ici, face à Bacall, Carrie Fisher

ou Peter Ustinov fait une tâche indélébile.

Dans les adaptations d'Hercule Poirot, il y a cette série où Ustinov incarne le détective belge, avec un "Mort sur le Nil" plutôt agréable, assez bien balancé, un "Meurtre au soleil" encore regardable et une petite floppée de téléfilms. Je n'en ai vu qu'un, "Dead Man's Folly" ("Poirot joue le jeu") qui était plus moyen qu'autre chose. Je pensais que ce "Rendez-vous avec la mort" vaudrait mieux. Manquate! Outre l'inconsistance de la mise en scène de Winner, je crois que le bât blesse surtout au niveau du montage. Le manque de rythme m'a presque donné envie de pleurer. On peut sereinement conseiller de ne pas voir ce film. Peu de chance qu'on lui trouve quoique ce soit d'excitant.

Trombi:
Lauren Bacall:

Piper Laurie:

Jenny Seagrove n'est pas sans charme:


David Soul:

John Gielgud:
Hayley Mills:
Nicholas Guest:

 John Terlesky?
 
Valerie Richards?