lundi 29 mai 2017

Gazon maudit



1995

Titre original : Gazon maudit

Cinéaste: Josiane Balasko
Comédiens: Josiane Balasko - Victoria Abril - Alain Chabat - Ticky Holgado

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd

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Une éternité que je n’avais pas vu ce film dont je gardais un assez bon souvenir, notamment pour quelques joyeuses scènes entre Alain Chabat et Josiane Balasko. Je m’attendais pour tout dire à ce qu’il me donne l’impression d’avoir vieilli.

Or, à ma grande surprise, au delà bien entendu de son esthétique années 80 naturellement très marquée, je vois ce jour un film qui a de la tenue et un regard toujours contemporain. L’humour y est toujours aussi bon, percutant.

Construit sur le bouleversement très violent qu’un macho, un poil arriéré par définition, se voit contraint d’accepter, une véritable révolution dans son existence, le scénario joue sur cette douleur affective et narcissique.

Entre amour et ego meurtri, Alain Chabat 
aborde son rôle sur une large palette d’émotions. Il le fait avec assez de talent pour ne pas déborder et tomber dans la caricature, bien que ce péril soit si proche d’arriver.

De la même manière, Josiane Balasko
campe une homosexuelle très garçonne, mais non dénuée de sensibilité et donc avec une certaine dose de réalisme. D’aucuns diront qu’elle n’était pas obligée de la jouer aussi camionneur rustique, m’enfin, le parti pris résolument comique lui a sans doute commandé d’en rajouter dans le cliché pour heurter davantage son adversaire masculin du moment. Ça peut se comprendre.

Entre eux deux, la sauce espagnole au goût d’Avril printanier signe la Victoria d’une très belle actrice, mêlant sensualité et tendresse, passion et sourires. J’aime beaucoup Victoria Abril,
son explosivité, comme sa délicatesse, une grande comédienne. Almodovar ne s’y est pas trompé.

Hors de question d'oublier dans la distribution le superbe rôle attribué à un 4e larron tout aussi festif : Ticky Holgado.
Dans les seconds rôles français des années 90, cet acteur a su se faire une belle place. Avec Une époque formidable, peut-être s'agit-il là d'un de ses meilleurs rôles. Très émouvant, son personnage un peu paumé, naïf et gentil, très doux et con à la fois a de quoi toucher. Le comédien rond sait très bien le jouer, ajoutant quelque chose de merveilleusement délicat et qui n'appartient qu’à lui. Comment ne pas aimer Ticky Holgado? Je ne sais pas faire, désolé.

De ce quatuor émane une alchimie pétillante, un dynamisme dans les échanges comme dans l'enchaînement des situations qui assure à l'humour une place prépondérante mais pas non plus systématique : par moments, le film se laisse aller à d'autres émotions, notamment quand les personnages sont désemparés devant leur échec, leur souffrance.

Sur le plan technique ou de la mise en image, Josiane Balasko n'a jamais été une grande cinéaste, mais son film reste un objet très correct, sobre, propre. Rien de notable vient rehausser le film. Rien non plus vient le rabaisser. Balasko filme de façon très académique, sans bavure ni relief. Tout repose sur le talent des comédiens à donner de la vie à un scénario par ailleurs bien écrit, assez riche, vif et émouvant.

Trombi:

dimanche 28 mai 2017

Les voleurs du marsupilami



1952

Titre original: Les voleurs du Marsupilami
Autre titre : Spirou et Fantasio, tome 5

Auteur: André Franquin
Dessinateur: André Franquin
Editeur: Dupuis

Notice SC
Notice Bédéthèque
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Cette cinquième aventure ne m’a pas vraiment enthousiasmé, de façon très surprenante. Elle est plutôt bien fichue pourtant. Mais je la trouve un poil trop ordinaire, pas assez explosive, ni exotique. Il y a pourtant le Marsupilami et un certain suspense. Le comte de Champignac est sollicité une nouvelle fois dans une sorte de caméo, une brève participation. Mais c’est trop court.

Reste que malgré les poursuites et les bastons, l’histoire ne réserve guère de grande surprise. On a quelques jolis cadres, avec des décors bien foutus, bien dans la tradition de ce que Franquin sait admirablement faire, qui décrivent très bien l’époque. J’aime beaucoup son dessin, même s’il n’est pas totalement libéré encore de l’académisme bédé du temps.

Je retiendrais que Franquin s’amuse, semble-t-il, à dessiner une partie de football. On se rappelle avec grand sourire les matchs de Gaston Lagaffe. Décidément, après la course automobile dans Spirou et les héritiers, Franquin aime vraisemblablement à dessiner ses héros dans les sports populaires déjà à l’époque.

Du nord au sud



1972

Titre original: Du nord au sud
Autre titre: Les tuniques bleues, tome 2

Auteur: Raoul Cauvin
Dessinateur: Louis Salvérius
Editeur: Dupuis

Notice SC
Notice Bédéthèque

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Très bon album. Pour la première fois, les tuniques bleues prennent pour cadre la guerre de Sécession. Le premier tome (Un chariot dans l’ouest) prenait celui du Far-West et ses guerres indiennes.  
On fait d’ores et déjà connaissance d’un personnage destiné à perdurer : le capitaine Stark. J’avais oublié qu’il intégrait la série aussi tôt.

Cet album déroule son récit avec habileté, grande facilité et une belle efficacité comique. Le dup Blutch/Chesterfield est redoutable. Le ressort de cette série tient à la complicité et à l’antagonisme de ces deux héros, une sorte de buddy-comic ou buddy-bédé si l’on préfère. Et cela fonctionne bien dès le départ.
 
Ici, l’aventure fait penser au film Le bon, la brute et le truand, plus précisément le passage où le bon et le truand doivent passer un pont en plein milieu d’une bataille de la guerre de Sécession. Avec rondeur, fracas mais sans jamais dépasser les bornes de la bédé pour la jeunesse, le récit emprunte à la grande Histoire sa trame et le fait avec élégance et une légère dérision plutôt intelligente.

samedi 27 mai 2017

Style wars



1983

Titre original : Style wars

Réalisateur: Tony Silver

Notice SC
Notice Imdb

Vu sur le net

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Le mois prochain, cela fera donc un an que j’aurai découvert le monde artistique propre au streetart. Depuis, il a pris une part importante dans ma vie. Avec ma femme, nous avons trouvé là un prétexte à nous balader un peu partout dans la région pour écumer les spots de streetart (Montpellier, Nîmes, Sète, Grau du Roi, Sauve,  etc). Mon compte instagram à 99% consacré au streetart (sebray34) ne désemplit pas de nos découvertes et m’a permis de deviser avec certains artistes locaux, notamment Honck qui, devant mon inculture et mon intérêt pour le streetart m’a conseillé de voir ce documentaire, alors que nous parlions du wild style.

Très bon conseil. Certes, il est question d’esthétique, de parti pris et de l’histoire stylistique du graffiti et du tag, mais bien au delà de ça, le film de Tony Silver évoque le streetart dans sa globalité, comme un fait de société, une histoire de la pratique, de la philosophie des graffeurs new-yorkais de la fin des années 70 au début des années 80.

Il traite des regards divergents, passionnés ou rebutés à l’égard de cette expression, les clivages spatiaux, sociaux, culturels, politiques qui ressortent, les conflits d’intérêts, l’engouement, le rejet viscéral, les concurrences presque tribales, etc. C’est foutrement intéressant.

D’autant plus qu’en France aujourd’hui, on retrouve certaines de ces problématiques, le plus grand écart sera sans doute trouvé dans l’appartenance sociale au quartier, propre aux USA, mais pour le reste, l’acceptation de cette forme d’art de plus en plus développée n’est pas encore tout à fait aboutie. Nombreux sont ceux qui voient dans le graffiti ou le tag une dégradation de l’espace public urbain alors que les autres y voient de l’art, un embellissement évident. Cette fracture est palpable dans le quotidien de nombreux artistes, sur le plan judiciaire notamment.

L’aspect “vandal” est également toujours revendiqué par un grand nombre d’artistes qui y voient là une forme d’expression de leur liberté aussi. Bref, le documentaire a plus de 30 ans et il est encore d’actualité, tant le streetart est devenu un objet de fascination, entre exclusion et embourgeoisement.

Tony Silver interviewe des artistes plus ou moins jeunes, dont certains sont aujourd’hui l’incarnation de l’histoire de cet art (comme Seen par exemple) et ces entretiens dynamiques, simples, intimes et intelligents assurent à la lecture une belle lisibilité. C’est fluide, jamais ennuyeux, superbe, équilibré et structuré par un montage astucieux. J’ai adoré.