mardi 30 mars 2010

La grande vadrouille



1966
alias : Don't look now - We're being shot at

Cinéaste
: Gérard Oury
Comédiens: Louis De Funès - Bourvil - Claudio Brook - Andréa Parisy

Notice Imdb
Vu en dvd


Un film très important du cinéma populaire et je crois pas loin d'être unique en son genre, ce qu'on appelle un classique paradoxalement pluriel, qui se situe avec difficulté entre la comédie et le film d'aventure, spécialement celle de guerre.

Je ne connais pas suffisamment le cinéma de ce temps-là mais j'ai comme l'impression qu'il ouvre une ère nouvelle, en dédramatisant la deuxième guerre mondiale, ouvrant la voie à de nombreuses autres comédies de guerre. Pas sûr en effet qu'il y en ait eu beaucoup avant. Cet esprit pionnier est une rareté dans le cinéma de Gérard Oury (à l'exception notable encore des Aventures de Rabbi Jacob) volontiers traditionnel, conventionnel, bourgeois ou populaire, destiné à être audible du plus grand nombre. Utiliser des évènements ô combien tragiques et en disposer de manière à produire un spectacle et du rire est en soi une entreprise que je ne peux que louer.

Je trouve même cela admirable. Alors si Oury dans un soucis naturel chez lui de ne pas faire de vague, toujours contre-productive, prend le risque de choquer les âmes sensibles de cette époque, comment ne pas saluer ce challenge? Quand en plus de cela, son film bat tous les records d'affluence démontrant l’imbécillité des cloisonnements que nos logiques étroites alimentent malheureusement, il serait parfaitement injuste de ne pas mettre en valeur ce fait d'armes.

S'il ne s'agissait que de débloquer ces verrous, ce serait déjà remarquable, mais en plus, ce film se dégage de la masse par de réelles qualités purement cinématographiques, ce qui n'est pas le cas de tous les films de Gérard Oury (cf "L'as des as").

D'abord sur le plan formel, un cinémascope de la plus belle eau donne à cette vadrouille tout sa grandeur. Du moins sont-ce des souvenirs de visionnages lointains qui me font dire cela. La piètre qualité du dvd Studio Canal, annonçant éhontément une pseudo-remasteurisation, ne fait pas honneur aux couleurs du film. J'imagine avec envie ce que l'édition blu-ray doit apporter. Les paysages ensoleillés de Paris,

de Bourgogne,

de l'Aveyron

ou bien les ruelles étroites et désertes la nuit de Mersault

sont les jolis théâtres de ce mouvementé périple. La variété de tonalités et de couleurs décore un récit haletant,

où les temps morts servent quelques morceaux de bravoures comiques dont les deux ténors que sont Bourvil et Louis de Funès sont les principaux artisans.

Après le succès mérité du "Corniaud", autre miraculeuse précision d'orfèvre, la réunion de ces deux grands acteurs comiques est une nouvelle fois une belle réussite. Elle est le produit d'une alchimie bien difficile à gérer selon le metteur en scène, car les comédiens évoluaient sur des rythmes différents. Mais on se fout un peu des recettes de cette tambouille car en tant que spectateur on ne peut qu'admirer leurs échanges.

Entre le débonnaire un peu simple -pour ne pas dire simplet- et le petit nerveux à l'arrogante impétuosité, cela ne pouvait que déboucher que sur une rencontre à étincelles. La richesse de ce qu'ils proposent tous les deux, la maîtrise de leurs jeux respectifs, le respect des temps, la cadence qu'ils imposent forcent le respect. Évidence qui est l'élément d'explication majeur du succès de ce film qui tourne rond comme une belle horloge avec ces deux pendules pourtant asymétriques.

Le scénario très dynamique charrie, certes, son lot de situations convenues, quasi vaudevillesques, où les déguisements, les croisements de personnages, les échanges d'identités, comme de places sociales, invitent au rire, ce rire que le cinéma français de l'époque a érigé en système qui parait assez enfantin aujourd'hui et néanmoins pas du tout dénué d'un certain charme,

celui des années pré-soixanthuitardes.

Non négligeable, ce rire a valeur d'illustration d'une France qui n'existe plus. A ce titre "La grande vadrouille" fait figure de document d'archives.

En somme, "La grande vadrouille" est une délicieuse invitation à un voyage dans le temps très agréable.

Trombi:
Claudio Brook:

Andréa Parisy:

Colette Brosset:

Mike Marshall:

Mary Marquet:

Pierre Bertin:

Benno Sterzenbach:

Marie Dubois:

Terry-Thomas:

Sieghardt Rupp:

Reinhard Kolldehoff:

Helmuth Schneider:

Paul Préboist:

Hans Meyer:

Michel Modo:

Jean Droze et Guy Grosso:

Gabriel Gobin et Jacques Bodoin: (les deux premiers à gauche)

Henri Génès:

Paul Mercey:

Clément Michu: (à droite)

lundi 29 mars 2010

L'as des as



alias : Ace of aces
alias : The super ace
1982

Cinéaste
: Gérard Oury
Comédiens: Jean-Paul Belmondo - Marie-France Pisier - Rachid Ferrache - Frank Hoffmann

Notice Imdb

Vu en dvd



La vache! Voilà l'exemple type du film qu'on adore quand on est enfant et qui, 15 ou 20 ans plus tard, parait mal foutu, éclopé, vieilli.

Je devais avoir 10 ans quand j'ai vu ce film au cinéma. J'y suis retourné deux fois de suite au Gaumont du cours Georges Clémenceau. En même temps que je découvrais les lumières de la grande ville bordelaise, le monde des grandes salles de cinéma à pas cher (moins de deux euros la place, miam) m'ouvrait ses grands bras dodus. Pour le petit bambin sans père que j'estois, l'histoire de cet orphelin sauvé par un Bébel souriant et bondissant offrait le double avantage du pétaradant divertissement et de l'édifiante image paternelle.

J'associe à cet "as des as" deux ou trois autres films que j'ai vus à la même époque, deux ou trois fois de suite également : "Octopussy", "Le retour du Jedi" et "Jamais plus jamais", des films pleins de couleurs, de testostérone. Sans doute l'apparition d'un troublant duvet sur mon pubis y était pour beaucoup dans cette enthousiasmante rencontre entre le pré-pubère et ce cinéma velu.

Voilà pour le contexte personnel lourd de signification dans le débordement de plaisir que cet "As des as" a provoqué en moi.

Le film est une comédie d'aventure à la Oury, malheureusement de celle où le cinéaste portait de grosses loupes sur le nez. On est très loin de la précision chirurgicale de la mise en scène et en image de "La grande vadrouille". Les moyens ne manquaient pourtant pas en cette année 1982 pour les producteurs travaillant à la grosse industrie "Belmondo", la locomotive du cinéma français (avec Delon et De Funès). Pourtant, à plusieurs reprises, la photographie, les décors respirent le studio, la factice. L'exemple le frappant est ce fond noir de la salle de boxe, irréel.

Superficialité qui dénonce le manque de soin. Les rues de Berlin en est une autre illustration : elles ne sont pas convaincantes. Dommage.

Le rythme est parfois pas assez soutenu dans l'enchaînement des situations. Les dialogues manquent de punch. Néanmoins c'est souvent des dialogues de Danielle Thompson que jaillissent quelques étincelles réjouissantes, rares scènes où le film se tient bien, respire enfin la comédie.
Quand Belmondo ne fait pas trop son Bébel (ce qui ne manque pas d'être grotesque à la longue)

et qu'il joue enfin juste, alors le film parvient à être drôle. Mais c'est surtout sur les scènes entre Belmondo et le petit Rachid Ferrache

que le film prend un peu de hauteur (tout est relatif). Sans doute que le contexte personnel présenté plus haut m'a davantage porté à y déceler de plus grasses ressources. Quoiqu'il en soit, même aujourd'hui je trouve le visage tour à tour grave et souriant de Belmondo d'une justesse émouvante. La relation père-fils est d'autant plus touchante qu'elle est imposée par des circonstances extérieures tire-larme, la guerre, l'antisémitisme.


Ce qui faisait pour le gamin que j'étais le charme de ce genre de film, à savoir la puissance de Belmondo, héros musclé, grossier, séducteur et bonne âme généreuse m’apparaît aujourd'hui presque pathétique.
J'ai revu cet as des as avec mon beau-fils de 6 ans et le freluquet m'a dit ces paroles impies : "le papy, il est rigolo!"...
Je...
Que...
M'enfin... Belmondo quand même...
J'étais estomaqué par l'outrecuidance du petit. "Papy"? Belmondo? Ze Bébel? J'ai eu pour héros un papy? C'est vrai qu'il est déjà bien ridé en ce début des années 80. Le poil un peu grisonnant...
Et puis, à y regarder de plus près, c'est vrai que le film est vieux. L'humour y est vieux, grimaçant, manque de rythme et la mise en scène passerait presque pour rhumatisante.
L'insistance à démontrer que c'est Bébel et bien Belmondo qui fait ses cascades a quelque chose de plutôt dramatique.

La gestuelle théâtrale, outrancière, guignolesque, tac-tac-badaboum-boum-tralalesque de Belmondo est usée, tout aussi sinistre. Le rimmel coule. Clown en perdition. Le cerveau n'est plus. La grande vadrouille non plus.

Alors Oury s'appuie tant bien que mal sur ces béquilles, des trucs qui ont fait ses succès, jadis. La course poursuite dans les montagnes bavaroises rappelle celle de La grande vadrouille, on balance plus des citrouilles mais des pneus. Même si elle est impressionnante cette séquence ne sauve pas le film de son état de décomposition avancée.

Je vieillis. Hé, c'est la vie.

NB. Quand même je suis toujours impressionné par la belle partition que nous propose Vladimir Cosma.

Trombi:
Marie-France Pisier:

Frank Hoffmann:

Günter Meisner:

Benno Sterzenbach:

Yves Pignot:

Stéphane Ferrara:

Jean-Roger Milo:

Florent Pagny:

Maurice Auzel:

Sonja Tuchmann:

Marc Lamole:

Agnia Bogoslava?, Martin Umbach et ?:

Peter Bonke?

? et ?: