mercredi 26 septembre 2018

Madame est servie - Un dîner pour deux



1984

Saison 1
Episode 6

Titre original : Who's the boss - Dinner for two
Titre francophone : Madame est servie - Un dîner pour deux

Réalisateur:
Comédiens: Judith Light - Tony Danza

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd

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La complicité et l’amitié qui se tissent de plus en plus clairement entre Angela Bower (Judith Light) et Tony Micelli (Tony Danza) sont au cœur de la série, mais si elles ne font pas systématiquement celui de chaque épisode. Loin de là. Et cependant, quelquefois (on peut même dire plutôt rarement en fin de compte), cette relation amicale frôle un niveau supérieur, flirte avec la ligne jaune.

Curieusement, dans mes souvenirs, j’avais le sentiment que cela arrivait dans les autres saisons, et plutôt en fin de saison. Or, dès ce 3e épisode l’idylle potentielle entre les deux protagonistes est abordée cette fois frontalement. Mais en regardant de plus prêt cette chronologie sur Imdb, je me rends compte que l’édition dvd française de Sony merdoie complètement. Elle présente cet épisode comme le 3e alors qu’en réalité, il n’est que le 6e épisode diffusé par ABC.

Quoiqu’il en soit, l’épisode suggère de manière nette qu’une relation pourrait se développer à l’avenir entre eux deux. Ou du moins qu’une certaine attirance mutuelle bien évidente pourrait les pousser dans les bras l’un de l’autre. Je suis étonné que cela survienne tout de même si tôt dans la saison.

Dans les épisodes dont le scénario se construira sur ce même thème, souvent l’un des personnages sera placé en porte à faux dans une position cruelle de laissé pour compte, une posture ô combien romantique de l’amant éconduit. Cette fois-ci c’est Tony qui en fait les frais, d’autant qu’en une seconde, il est renvoyé à son statut d’employé de maison, zappé par la situation plus que par Angela.

La série va souvent utiliser ce ressort dramatique. Car même si cette sitcom fait l’essentiel de son développement sur le comique de situation, par définition, elle ne se refuse pas quelques autres tonalités de temps en temps, plus dramatiques, voire carrément romantiques. Comme avec cet épisode.

Dans ce registre, les comédiens ne sont pas mauvais non plus. Leur entente naturelle est manifeste. Ici, la présence des deux enfants et de la grand-mère est anecdotique, très succincte, en prologue et en conclusion de l’épisode. On s'amusera bien plutôt de la participation rigolote de Robert Costanzo,
 comédien que l’on voit fréquemment sur plein de séries des années 80-90. Il a été le père de Joey dans Friends par exemple.

Le scénario très classique est d’une belle efficacité, bien écrit, équilibré et percutant. Il sert très bien les personnages. Du sitcom grand cru.

Trombi:
Tony Danza:
Judith Light:
Alyssa Milano :
Danny Pintauro:
Katherine Helmond:
John Reilly:

mardi 25 septembre 2018

Pulsions



1980

Titre original : Dressed to kill
Titre francophone : Pulsions

Cinéaste: Brian de Palma
Comédiens: Nancy Allen - Angie Dickinson - Michael Caine

Notice SC
Notice Imdb

Vu à la télé

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Dans la période fortement, que dis-je, suprêmement hitchcockienne de Brian de Palma, Pulsions était l’un des rares films du cinéaste que je n’avais pas eu l’occasion de voir ou alors que j’avais complètement oublié. Mais j’en doute fort, tant le film recèle de bons petits moments de cinéma et d’hommages appuyés au maître anglais.

Les marottes sexuelles goûtées par les deux réalisateurs sont ici davantage mises en avant, bien évidemment plus assumables dans les années 70. Voyeurisme, violence et frustration sexuelles, fantasmes et libido exacerbée forment un conglomérat explosif surtout dans une société américaine schizophrène baignant dans des eaux contraires, entre corsetage puritain et sur-sexualisation consumériste. Les contours sont flous et les individus en souffrent : quel personnage est véritablement en équilibre dans ce film? Sans doute aucun. Je cherche encore.

Même si le scénario et la mise en scène usent de procédés plutôt massifs pour ne pas dire pachydermique parfois, l’ensemble, le style qui s’en dégage me plaisent beaucoup. Certes l’outrance est de mise avec De Palma, mais justement, cet excès sert le récit et rend le spectacle un poil plus léger. J’entends par là que la mise en scène pompière est presque en trompe l’oeil, ressemblant à celles des films d’horreur, créant une confusion presque comique.

Et progressivement, il apparaît évident que ce que nous conte De Palma est une espèce de farce, porté par un humour caustique, corrosif, déglinguant avec une certaine adresse de funambule les hypocrisies, les contradictions de la société américaine sur les rapports sociaux entre hommes et femmes, de pouvoirs, de statuts, de sexualités.

Je peux comprendre que le cinéma de Brian de Palma soit rejeté : il n’est pas d’accès commode. La caricature rebute nombre de spectateurs, mais pour beaucoup d’autres elle en fait le sel, la particularité unique. Et dans ce sens, la filiation avec Alfred Hitchcock, ici notamment avec Psychose et Fenêtre sur cour surtout, est tout à fait légitime. Elle l’est d’autant plus que le style De Palma reste très fort, dans le fond mais surtout dans la forme, par exemple avec cet usage immodéré de la double focale.

Les acteurs sont formidables également. Comment ne pas applaudir devant l’audace et la courage d’Angie Dickinson

 de jouer une nymphomane fantasmant sur son propre viol? Surtout à un âge où la société relègue les femmes aux rôles de grands mères ou d’épouses rangées des voitures, cela constitue un exploit à saluer. Mais elle le joue bien avec une belle ambiguïté, balançant entre culpabilité et sensualité à une époque où la femme moderne continuait d’être le jouet de questionnements sur la modernité. L’usage de l’imparfait est sans doute ici un peu prématuré, dirons certains. Ce film, en son temps, interrogeait la femme, sa sexualité, ses désirs, et le regard moral qui en découlait charriant encore énormément son lot de culpabilités plus ou moins liées au substrat religieux, chrétiens, qui aujourd’hui encore paralysent un grand nombre d’américains.

La morbidité générée transpire tout le long de ce film. Eros et Thanatos ont toujours fait bon ménage chez les coincés du cul. Et c’est exactement ce genre de charges que porte en elle Angie Dickinson dans un jeu très complexe.

Face à elle, Michael Caine

 offre un miroir plus froid, plus monolithique mais qui sied, bien entendu, au personnage et à la conduite du récit.

L’autre personnage fondamental par sa subtilité et sa richesse est celui qu’incarne Nancy Allen.

 Elle est une sorte de double de celui d’Angie Dickinson. Plus jeune, plus assumée en apparence, elle souffre tout aussi brutalement du regard désapprobateur, réifiant et moralisateur des hommes. Même si elle peut encore, grâce à la jeunesse de sa plastique, jouer des désirs libidineux de la gente masculine, elle n’est pas dupe de la violence qu’elle doit subir.

Je me suis demandé si elle n’était pas ce personnage le plus équilibré d’une certaine manière bien qu’elle soit tout de même obligée de tapiner pour vivre. Mais d’une part, cela sous-entend que la prostitution est liée à une dysfonction psychologique ou affective, ce qui me paraît indéfendable à tout point de vue. D’autre part, cela nierait les explications sociales plus évidentes.

A noter que l’histoire du personnage n’est pas vraiment abordée, ce qui laisse peu de marges pour pouvoir expliquer la situation de l'héroïne. De Palma préfère de toute façon souligner la force de caractère, la pugnacité du personnage. Quoiqu’il en soit, Nancy Allen donne beaucoup de dynamisme à son rôle. Elle est véritablement en phase et donne beaucoup de crédit à un personnage complexe et dangereusement casse-gueule pour la comédienne qui s’en tire au final très bien.

Entre les deux comédiennes principales, la scénario pour le moins torturé et la mise en scène tape à l’oeil, ce film finit par produire un spectacle assez intense et pas trop con. J’aime beaucoup.
Trombi:
Keith Gordon:
Dennis Franz:
David Margulies:
Ken Baker?

vendredi 21 septembre 2018

Règlement de comptes



1953

Titre original : The big heat
Titre francophone : Règlement de comptes

Cinéaste : Fritz Lang
Comédiens : Glenn Ford - Gloria Grahame - Lee Marvin

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd

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Ancienne critique :

Pas grand chose d'original à dire. On répète alors : film noir efficace, réalisation de Lang bandante. Quel réalisateur tout de même! Admiratif je suis.

Je ne suis pas un fan de Glenn Ford. Sa tête ne me revient pas. J'ai envie de lui mettre des claques je ne sais pas pourquoi (Errol Flynn style?). Cependant il m'a bien plu dans ce film. Son personnage en prend plein la tête et il arrive bien à montrer la cocotte minute qui commence à siffler dans un simple regard. Je reconnais qu'il sert bien son personnage.

J'ai bien aimé la prestation de madame Nicholas Ray, Gloria Grahame, que bella, sublime même brûlée, agile, enflammé et sexy en diable.

Lee Marvin encore, et toujours dans un rôle de sombre salop, avec une trogne pas possible et une présence physique indéniablement noire.


Nouvelle critique :

Ce Big Heat est souvent cité quand on évoque le genre du film noir. En règle générale, quand on parle de Fritz Lang, il n’est pas rare qu’il soit mentionné également. Bref, ce film est important. Et pourtant, à titre personnel, même si je l’aime bien pour toutes sortes de raisons que je vais énumérer et expliciter, il reste pour moi un peu mineur dans la filmographie de Lang. Il y a tellement de plus grands films de ce cinéaste!

Déjà, quant à parler de film noir, certes le film se pare de quelques atours du genre, mais il n’est pas aussi noir que la majorité. Surtout une fin pas véritablement malheureuse pour le héros principal me fait irrémédiablement tiquer à l’heure de l’estampiller “film noir”. La seule vraie héroïne “noir” est le personnage joué par Gloria Grahame. Celui de Glenn Ford connaît un passage difficile certes, un tourment qui est proche de le redéfinir en tant qu’être humain, de le faire basculer complètement, mais justement, il ne change pas, ne sombre pas, il tient bon. Or, un héros “noir” tombe, par définition. Bon, cessons ces bavardages au fond terribles de nullité. Les définitions n’ont guère d’intérêt en l’occurrence.

Ce qui compte ici, c’est l’histoire qu’on nous raconte et comment l’on distribue les cartes évidemment. D’abord, cette histoire est classique : un flic intègre est confronté à la pègre et aux flics corrompus, un Serpico avant l’heure en somme. Touché au plus profond, il garde son sang-froid, ainsi que ses principes moraux et parvient tout de même à aller au bout de sa quête aussi professionnelle que personnelle.

Lang utilise de grands acteurs pour incarner ce dilemme métaphysique, ces enjeux cruciaux. Le brave type qui reste perpétuellement droit dans ses bottes est joué par un Glenn Ford

 impressionnant. Ses marges de manœuvres sont courtes : il doit suggérer la colère la plus violente et dans le même temps la plus contenue. Tout est dans le regard, dans sa lipe furibarde et ses mâchoires serrées.

Face à lui, le portrait que dessine Gloria Grahame

 est comme souvent avec cette délicieuse actrice tout en subtilité. Elle incarne une jeune femme, d’abord légère, mais dont la trajectoire révèle beaucoup plus de nuances qu’on pouvait l’imaginer au départ. Elle subit les violences d’un Lee Marvin toujours aussi efficace dans l’abjection, la petitesse de son esprit malade. Mais dans la douleur, avec ce besoin évident de s’attacher, presque en midinette, aux hommes, dans une dépendance à laquelle elle ne peut pas échapper, elle trouve néanmoins une capacité de révolte, une force qui en fait une femme remarquable. Pas facile pour le spectateur de ne pas sentir l’emprise charmante de ce personnage attendrissant. La bouille à la fois sympathique et sensuelle de Gloria Grahame est attirante. Elle a du chien : on ne peut pas mieux justifier cette expression qu’avec cette superbe comédienne.

Dans le rôle majeur du bad-guy, Lee Marvin

 vole la vedette à Alexander Scourby qui pourtant devrait être son supérieur sur le papier. Marvin, je l’écrivais plus haut, a quelque chose de malsain, de pervers qui n'apparaît pas chez Alexander Scourby.

 Ce dernier incarne un parrain un peu pâlichon, et il n’est pas dur pour Marvin ou Ford de prendre le dessus en terme d’image et d’épaisseur. C’est dommage car cela atténue la puissance de la confrontation morale entre les deux hommes.

The big heat n’est pas si big que ça, mais hit par moments, grâce à une belle photo de Charles Lang (aucun lien de famille), adéquate sur les thèmes “noirs” et qui met bien en valeur l’expression contenue ou explosive des acteurs. L’ambiance développe avec aisance cette noirceur, ce côté délétère d’une société en crise, une société pas si parallèle que ça. Un bon petit Lang.

Trombi:
Jocelyn Brando:
Jeanette Nolan:
Peter Whitney:
Willis Bouchey:
Robert Burton:
Adam Williams:
Howard Wendell:
Dorothy Green:
Edith Evanson:
Dan Seymour: