1980
Titre original : Dressed to kill
Titre francophone : Pulsions
Cinéaste: Brian de Palma
Comédiens: Nancy Allen - Angie Dickinson - Michael Caine
Notice SC
Notice Imdb
Vu à la télé
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Dans la période fortement, que dis-je, suprêmement hitchcockienne de Brian de Palma, Pulsions était l’un des rares films du cinéaste que je n’avais pas eu l’occasion de voir ou alors que j’avais complètement oublié. Mais j’en doute fort, tant le film recèle de bons petits moments de cinéma et d’hommages appuyés au maître anglais.
Les marottes sexuelles goûtées par les deux réalisateurs sont ici davantage mises en avant, bien évidemment plus assumables dans les années 70. Voyeurisme, violence et frustration sexuelles, fantasmes et libido exacerbée forment un conglomérat explosif surtout dans une société américaine schizophrène baignant dans des eaux contraires, entre corsetage puritain et sur-sexualisation consumériste. Les contours sont flous et les individus en souffrent : quel personnage est véritablement en équilibre dans ce film? Sans doute aucun. Je cherche encore.
Même si le scénario et la mise en scène usent de procédés plutôt massifs pour ne pas dire pachydermique parfois, l’ensemble, le style qui s’en dégage me plaisent beaucoup. Certes l’outrance est de mise avec De Palma, mais justement, cet excès sert le récit et rend le spectacle un poil plus léger. J’entends par là que la mise en scène pompière est presque en trompe l’oeil, ressemblant à celles des films d’horreur, créant une confusion presque comique.
Et progressivement, il apparaît évident que ce que nous conte De Palma est une espèce de farce, porté par un humour caustique, corrosif, déglinguant avec une certaine adresse de funambule les hypocrisies, les contradictions de la société américaine sur les rapports sociaux entre hommes et femmes, de pouvoirs, de statuts, de sexualités.
Je peux comprendre que le cinéma de Brian de Palma soit rejeté : il n’est pas d’accès commode. La caricature rebute nombre de spectateurs, mais pour beaucoup d’autres elle en fait le sel, la particularité unique. Et dans ce sens, la filiation avec Alfred Hitchcock, ici notamment avec Psychose et Fenêtre sur cour surtout, est tout à fait légitime. Elle l’est d’autant plus que le style De Palma reste très fort, dans le fond mais surtout dans la forme, par exemple avec cet usage immodéré de la double focale.
Les acteurs sont formidables également. Comment ne pas applaudir devant l’audace et la courage d’Angie Dickinson
de jouer une nymphomane fantasmant sur son propre viol? Surtout à un âge où la société relègue les femmes aux rôles de grands mères ou d’épouses rangées des voitures, cela constitue un exploit à saluer. Mais elle le joue bien avec une belle ambiguïté, balançant entre culpabilité et sensualité à une époque où la femme moderne continuait d’être le jouet de questionnements sur la modernité. L’usage de l’imparfait est sans doute ici un peu prématuré, dirons certains. Ce film, en son temps, interrogeait la femme, sa sexualité, ses désirs, et le regard moral qui en découlait charriant encore énormément son lot de culpabilités plus ou moins liées au substrat religieux, chrétiens, qui aujourd’hui encore paralysent un grand nombre d’américains.
La morbidité générée transpire tout le long de ce film. Eros et Thanatos ont toujours fait bon ménage chez les coincés du cul. Et c’est exactement ce genre de charges que porte en elle Angie Dickinson dans un jeu très complexe.
Face à elle, Michael Caine
offre un miroir plus froid, plus monolithique mais qui sied, bien entendu, au personnage et à la conduite du récit.
L’autre personnage fondamental par sa subtilité et sa richesse est celui qu’incarne Nancy Allen.
Elle est une sorte de double de celui d’Angie Dickinson. Plus jeune, plus assumée en apparence, elle souffre tout aussi brutalement du regard désapprobateur, réifiant et moralisateur des hommes. Même si elle peut encore, grâce à la jeunesse de sa plastique, jouer des désirs libidineux de la gente masculine, elle n’est pas dupe de la violence qu’elle doit subir.
Je me suis demandé si elle n’était pas ce personnage le plus équilibré d’une certaine manière bien qu’elle soit tout de même obligée de tapiner pour vivre. Mais d’une part, cela sous-entend que la prostitution est liée à une dysfonction psychologique ou affective, ce qui me paraît indéfendable à tout point de vue. D’autre part, cela nierait les explications sociales plus évidentes.
A noter que l’histoire du personnage n’est pas vraiment abordée, ce qui laisse peu de marges pour pouvoir expliquer la situation de l'héroïne. De Palma préfère de toute façon souligner la force de caractère, la pugnacité du personnage. Quoiqu’il en soit, Nancy Allen donne beaucoup de dynamisme à son rôle. Elle est véritablement en phase et donne beaucoup de crédit à un personnage complexe et dangereusement casse-gueule pour la comédienne qui s’en tire au final très bien.
Entre les deux comédiennes principales, la scénario pour le moins torturé et la mise en scène tape à l’oeil, ce film finit par produire un spectacle assez intense et pas trop con. J’aime beaucoup.
Trombi:
Keith Gordon:
Dennis Franz:
David Margulies:
Ken Baker?
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