1986
Titre francophone: Morbus Gravis
Autre titre: Druuna, Tome 1
Auteur: Paolo Eleuteri Serpieri
Dessinateur: Paolo Eleuteri Serpieri
Editeur: Dargaud
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Dans l’histoire de la bédé érotique et décadente à souhait, Paolo Eleuteri Serpieri se pose là comme un monument, sans doute en deçà d’un Milo Manara, mais tout de même sur un piédestal. Son dessin avant tout est succulent, très fouillé, rond et spectaculaire de sensualité ou d’effroi. Son réalisme cru joue des contrastes entre d’un côté son héroïne saine, rose et charnue, illustration de l’idéal féminin et de l’autre, le monde chaotique, dépravé, en pleine dégénérescence où Druuna, tel un papillon en cage, volète de page en page essayant de survivre à ces atrocités, à ce monde en décomposition.
Parce que l’univers décrit est totalement perdu, tordu, froidement immoral, un enfer perpétuel, j’en conviens. L’atmosphère, les situations de perversion, de trahison, de faux semblants, l’humour très rare et souvent noir laissent un goût amer et poisseux.
Druuna, l'héroïne à la plastique si surprenante de perfection dans un monde de déséquilibre, semble à elle seule retenir un peu d’air frais. Certes, il n’aura échappé à personne que ce type d’histoire n’a rien de très original depuis la Justine de Sade ou la plus onirique Alice de Carroll, c’est même devenu un schéma tellement reproduit, rodé dans l’art érotique qu’on peut presque parler de mythologie dans ce sens.
Il n'empêche que Serpieri établit sur cette tradition un scénario original, en y mêlant un autre domaine tout aussi chargé en mythes : la science-fiction eschatologique, un monde futur en perdition, rongé par un mal mystérieux qui rend les hommes à leur bestialité la plus violente. Eros et Thanatos, quand Justine rencontre Mad Max, cocktail ô combien épicé, qui au fil des ans n’a rien perdu de ses saveurs.
J’ai découvert en effet cette série quand j’étais ado et encore très impressionnable, libidineusement causant. Aujourd’hui, ce dessin et ces histoires sadomasochistes exercent pourtant encore ces effets irrationnels de tension érotique.
Je me rends compte également que ce premier tome est somme toute beaucoup plus calme sur ce plan que les tomes à venir. Du moins, dans mon souvenir, il me semble que certains dessins frôleront plus tard la pornographie. Ici, le dessin ne se veut pas tout à fait explicite. Même le côté gore n’est pas totalement assumé sur cette première aventure. Comme si Serpieri tâtait le terrain. S’est-il trouvé plus à l’aise sur la suite ? A-t-il voulu aller vers où la logique le destinait ? Quoiqu'il en soit, je ne suis pas sûr que cela change fondamentalement les données du problème : ce premier opus me paraît tout aussi efficace que la suite. Peut-être même est-il supérieur? Il est rondement mené. Le final est une magnifique ouverture sur les tomes suivants. Belle œuvre!
Dans l’histoire de la bédé érotique et décadente à souhait, Paolo Eleuteri Serpieri se pose là comme un monument, sans doute en deçà d’un Milo Manara, mais tout de même sur un piédestal. Son dessin avant tout est succulent, très fouillé, rond et spectaculaire de sensualité ou d’effroi. Son réalisme cru joue des contrastes entre d’un côté son héroïne saine, rose et charnue, illustration de l’idéal féminin et de l’autre, le monde chaotique, dépravé, en pleine dégénérescence où Druuna, tel un papillon en cage, volète de page en page essayant de survivre à ces atrocités, à ce monde en décomposition.
Parce que l’univers décrit est totalement perdu, tordu, froidement immoral, un enfer perpétuel, j’en conviens. L’atmosphère, les situations de perversion, de trahison, de faux semblants, l’humour très rare et souvent noir laissent un goût amer et poisseux.
Druuna, l'héroïne à la plastique si surprenante de perfection dans un monde de déséquilibre, semble à elle seule retenir un peu d’air frais. Certes, il n’aura échappé à personne que ce type d’histoire n’a rien de très original depuis la Justine de Sade ou la plus onirique Alice de Carroll, c’est même devenu un schéma tellement reproduit, rodé dans l’art érotique qu’on peut presque parler de mythologie dans ce sens.
Il n'empêche que Serpieri établit sur cette tradition un scénario original, en y mêlant un autre domaine tout aussi chargé en mythes : la science-fiction eschatologique, un monde futur en perdition, rongé par un mal mystérieux qui rend les hommes à leur bestialité la plus violente. Eros et Thanatos, quand Justine rencontre Mad Max, cocktail ô combien épicé, qui au fil des ans n’a rien perdu de ses saveurs.
J’ai découvert en effet cette série quand j’étais ado et encore très impressionnable, libidineusement causant. Aujourd’hui, ce dessin et ces histoires sadomasochistes exercent pourtant encore ces effets irrationnels de tension érotique.
Je me rends compte également que ce premier tome est somme toute beaucoup plus calme sur ce plan que les tomes à venir. Du moins, dans mon souvenir, il me semble que certains dessins frôleront plus tard la pornographie. Ici, le dessin ne se veut pas tout à fait explicite. Même le côté gore n’est pas totalement assumé sur cette première aventure. Comme si Serpieri tâtait le terrain. S’est-il trouvé plus à l’aise sur la suite ? A-t-il voulu aller vers où la logique le destinait ? Quoiqu'il en soit, je ne suis pas sûr que cela change fondamentalement les données du problème : ce premier opus me paraît tout aussi efficace que la suite. Peut-être même est-il supérieur? Il est rondement mené. Le final est une magnifique ouverture sur les tomes suivants. Belle œuvre!
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