Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
jeudi 30 avril 2015
Le samouraï
1967
Cinéaste: Jean-Pierre Melville
Comédiens: Alain Delon - François Périer
Notice SC
Notice Imdb
Vu en dvd
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Une éternité que je ne l'avais vu. La dernière fois, ce devait être à la télévision, sur un écran cathodique 36cm. Je devais avoir 12-13 ans et j'en ai bientôt 43, je le regarde sur un DVD Criterion sur un grand écran fullHD. Sirop de pêche sur sorbet fondant donc.
Toute latitude m'est offerte d'admirer la superbe photographie d'Henri Decaë. L'esthétique de Jean-Pierre Melville est à peu de chose près identique à celle qu'il formalisera plus tard pour "Le cercle rouge" : une image souvent fixe, des intérieurs austères, voire délabrés ou au contraire à la modernité un peu surfaite, celle que nourrissaient les imaginaires des années 60/70. A cet égard, le commissariat est une belle illustration de cet univers glacé, très sombre, presque mortuaire. Les peintures luisantes, noires, les décors plastiques ou métalliques, finalement peu réalistes, mais si bien dans l'air du temps donnent à la police un écrin moderne implacable, un caractère d'industrielle puissance, sur-équipée, très inquiétante. La gadgétisation accompagne une police décrite comme une entité monstrueuse, fascisante, cynique, capable de toutes les vilenies pour parvenir à ses fins : harcèlement des témoins, des suspects, espionnage, infractions et pourquoi pas falsifications.
Mais cette modernité déshumanisée n'est pas l'apanage de la seule police. Même la pègre oublie ses codes en embrassant les changements du temps. Jeff Costello (Alain Delon) est confronté non seulement aux flics mais également à ses propres commanditaires. Eux-mêmes sont décrits comme des hommes vivants dans un environnement très moderne et différent du sien. Le night-club est rutilant de plastiques, de glaces, toujours dans un gris-noir omniprésent.
Par conséquent, Jeff est bien le dernier à vivre dans une pièce délabrée, dont la tapisserie grise aussi paraît bouffée par les moisissures. La fumée de sa cigarette se confond avec les murs. Le mobilier est succinct.
Seule musique : les piaillements d'un piaf en cage. Comme son propriétaire avec les mots, il est à l'économie. Enfermé dans un monde qui change et qui le heurte sans cesse, Jeff est oiseau chassé. A l'image des samouraïs au cours du XIXe siècle, il est un spécimen en voie de disparition. Le film de Jean-Pierre Melville est un polar, mais peut être lu sans problème comme un western. Le cow-boy samouraï veut se venger de la trahison de son patron, mais accablé par un monde qui n'est plus le sien, il semble de plus en plus désemparé. Son dernier geste est sans doute même désespéré. Peut-être s'est-il entiché de cette pianiste (Cathy Rosier)
tout en comprenant qu'il n'appartient ni à cette femme ni à ce monde? Le final est donc difficilement compréhensible. Je lance des suppositions sans trop savoir.
Quand je dis "seule musique", j'y vais fort. Car la musique de François de Roubaix n'est pas le dernier des éléments à construire cette ambiance de fin de monde. Ce grand compositeur parvient par quelques notes, avec une grande discrétion, mais également une sûreté évidente à créer un accompagnement parfait, entêtant, en totale adéquation avec l'image glacée et la thématique fatale du film.
Il se dégage comme souvent avec Melville une atmosphère profondément mélancolique et enivrante. La rareté des dialogues doit y être pour beaucoup. Les personnages parlent avec les yeux.Alain Delon assure. Son regard bleu épouse très bien cette histoire, sa tristesse, son opiniâtreté également. Sa composition épurée reste sobre. Et son samouraï devient glaçant, puis fascinant.
La mise en scène de Melville est toute de rigueur, dans les gestes, les mouvements que ce soit pour les personnages ou la caméra. Il détaille, prend son temps à raconter par les corps ce qu'ils ont à montrer/dire. Il n'y a pas de hâte ni d'excès. Au contraire, il fait la démonstration de sa belle maîtrise surtout dans le rythme. Malgré cette minutieuse description des gestes, on ne s'ennuie jamais. Le montage est à ce titre très précieux.
J'ai passé une très belle soirée avec cette œuvre impeccable, sans fioritures, allant droit à l'essentiel mais ne refusant pas non plus un certain symbolisme pour évoquer la difficulté à accepter l'irrémédiable décrépitude du monde qui n'en finit pas de faire disparaître les traces du passé, l'enfonçant davantage vers le néant. Film noir, profondément pessimiste, désespéré et donc fondamentalement et romantiquement nécessaire.
Trombi:
François Périer:
Nathalie Delon:
Jacques Leroy:
Michel Boisrond:
Robert Favart:
Jean-Pierre Posier:
Catherine Jourdan (droite right):
Carlo Nell:
André Salgues:
Jacques Deschamps (immense acteur de doublage!):
Maria Maneva:
Jacques Léonard:
Jean Gold??? Georges Billy???
A nous les lycéennes
1975
Titre original: La liceale
Titre francophone: À nous les lycéennes
Titre anglophone: Sophomore Swingers
Titre anglophone: The Teasers
Cinéaste: Michele Massimo Tarantini
Comédiens: Gloria Guida - Gianfranco D'Angelo - Alvaro Vitali - Ilona Staller - Mario Carotenuto
Notice SC
Notice Imdb
Vu en dvd
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Je ne sais trop que penser face à ce film. Tout d'abord, j'ai été étonné de découvrir une comédie, même si le générique présentait son lot de comiques italiens. Je croyais à un film plutôt destiné aux adolescents, un film érotique susceptible d'accompagner ou de susciter les premiers émois mâles. En tout cas, à quelque chose de plus sérieux si je puis dire.
Et petit à petit, les problèmes que se fabrique cette lycéenne (Gloria Guida)
apparaissent plus profonds. Oh, attention, on reste dans un traitement léger. Mais disons que de la comédie polissonne (comme les nombreux films d'Edwige Fenech à l'époque) on passe un peu à la bluette adolescente (type "La boum") avec une interrogation sur un personnage d'adolescente pas aussi amusée par son pouvoir de séduction qu'elle se l'imagine. Les conséquences de ses actes et la fragilité des relations qu'elle pourrait nouer lui deviennent évidentes, finalement, en guise d'une sorte de morale. C'est sans doute un peu facile, mais bizarrement, j'ai trouvé ça cohérent. Cela donnait un sens à tout le film qui m'avait semblé partir dans de multiples directions et pouvait même être un poil emmerdant à force. Mais ses relations avec sa mère ou son père redeviennent sensées à la fin.
Effectivement, on assiste tout le long du film à la dérive d'une jeune fille, belle et idiote, encore naïve, surtout très seule et donc affolée, inconsciente et désemparée par une séduction dont elle ne maîtrise pas toutes les subtilités, ce qui la rend cruelle, injuste et agaçante.
La photographie de Giancarlo Ferrando est incroyablement bonne. Malgré l'ambition mesurée a priori de ce genre de production, le travail sur l'image est fort correct. Il y a du grain, de la couleur, de la texture. On pourrait presque en dire autant de la mise en scène, de la réalisation. J'hésite parce que ce n'est pas mal foutu, mais cela reste ordinaire. De plus, on doit se garder des singeries des grimaciers habituels, ce qui ne me tire pas un seul sourire. Rien de bien folichon, rien de gravement nul non plus.
La caméra se tient bien ; seule la direction d'acteur est trop libre à mon goût dès lors qu'il s'agit de burlesque. Le fait que le film change de genre entre les scènes ne facilite pas la bonne tenue de l'ensemble, mais c'est le lot de ce type de production qui a fait aussi la fortune du cinéma italien dans les années 70/80.
Quoiqu'il en soit, je craignais de trouver au film une forme déplorable. Certes, il a vieilli mais s'en tire pas mal. Et je crois que la photo y est pour beaucoup.
Chez les comédiens je n'ai pas d'attirance pour les clowns italiens Alvaro Vitali
et Gianfranco D'Angelo.
Une large part du film leur est dévolue. Je suppose que cette participation doit faire plaisir aux cinéphiles italiens. Personnellement, j'ai toujours plaisir à voir un navet avec Jean Lefebvre par exemple de temps en temps. Liens nostalgiques, presque affectifs qui expliquent une construction cinéphile et qui pardonnent beaucoup. Avec ces deux-là, je n'ai pas ces liens. Donc ils m'ennuient.
Par contre j'ai beaucoup aimé la performance de Mario Carotenuto.
Allez savoir pourquoi ? Je n'en ai aucune idée. Sa manière désinvolte, gaie, surtout pudique de jouer le papa aimant mais inquiet a quelque chose d'émouvant. Encore une fois, rien d'extraordinaire, mais cette simplicité me ravit. J'ai plaisir à suivre ce personnage. On n'est plus seulement dans la comédie mais également dans une tonalité très tendre et salutaire.
Gloria Guida est une belle jeune femme au visage rond, assez gironde, au physique sensuellement généreux, dont le jeu m'a fait longtemps peur, un poil trop statique et puis, progressivement, elle paraît vraiment amoureuse, plus à l'aise, vraiment soucieuse, cela prend vie. Toujours rien qui ne sorte de l'ordinaire, mais c'est à peu près valable. A l'image de tout le film, il ne renverse rien, il n'invente rien, mais son jeu parvient à former un ensemble correct, tout a fait crédible.
Étonnant de nos jours, Ilona Staller
du temps où la Cicciolina n'existait pas est presque méconnaissable.
Dans ce type de production, on vu film bien pire et très souvent!
Trombi:
Giuseppe Pambieri:
Gisella Sofio:
Rodolfo Bigotti:
Angela Doria:
Franco Diogene et Ilona Staller:
Marcello Martana:
Renzo Marignano:
Enzo Cannavale:
Fortunato Arena (droite, right):
Ennio Colaianni:
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