vendredi 26 juin 2015

Le fabuleux destin d'Amélie Poulain



2001

Titre original: Le fabuleux destin d'Amélie Poulain
Titre anglophone: Amelie

Cinéaste: Jean-Pierre Jeunet
Comédie: Audrey Tautou - Mathieu Kassovitz

Notice SC
Notice Imdb

Vu sur le net


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Je ne l'avais pas vu depuis une bonne quinzaine d'années, depuis peut-être sa sortie dvd (20 ans?). A l'époque de sa sortie en salle, j'avais beaucoup aimé. Difficile de ne pas tomber sous le charme du personnage joué par Audrey Tautou, sa timidité maladive, sa fragilité et en même temps, la poésie colorée, onirique du film.

Et j'avais été ébahi que certains critiques aient pu imaginer que cette allégorie nostalgique ait un quelconque rapport politique avec une idéologie réactionnaire. Tellement sidérant qu'aujourd'hui, en revoyant le film, ça m'est revenu en mémoire. Ça me semblait d'une ineptie incommensurable. Maintenant, avec beaucoup de recul, c'est encore plus net. Le propos politique est d'autant plus imbécile que le film entend évidemment au contraire présenter une France cosmopolite et ouverte sur le monde changeant. S'il ne s'agissait que de louer une vision nostalgique du passé, peut-être pourrait-on arguer que le film est réactionnaire, mais ce n'est pas du tout le cas.

Il est question de bien plus riches et plus variées propositions dans le film! Il est avant tout hédoniste selon moi. Le thème majeur est le plaisir de vivre. Amélie Poulain est une sociopathe qui essaye de s'insérer dans la vie sociale, de sortir de son enfance trop protégée, trop inquiète. Elle n'est pas totalement coupée du monde réel, mais le rêve, le fantasme, la paréidolie peuvent parfois l'aider à surmonter ses peurs, les sentiments trop forts surtout. Elle fuit, le fait en beauté, mais elle fuit, toujours dans la couleur, avec le panache d'un héros du journal Mickey Parade, dans la lumière abondante, dans l'éclat, mais elle fuit.

Le plaisir reste tout de même ce qui la lie à la matière, à l'univers, le plaisir de plonger sa main dans un sac de féculents ou bien celui de voir les gens autour d'elle resplendir de bonheur. Voyez comme on peut être très éloignée des idéologies mortifères, faut arrêter les conneries. Je crois que cette imbécile diatribe avait plus à voir avec l'envie ou le snobisme dus au succès retentissant du film. Qu'une œuvre triomphe et certains se placent en pourfendeurs de l'ordre commun, cela flatte l'égo à peu de frais. Quoiqu'il en soit, cela ne peut en aucun cas être tenu pour une critique un tant soit peu honnête intellectuellement, ni solide rationnellement. On baigne plutôt dans la mesquinerie.

Passons à la réalité de ce film. Il est tellement coloré et rieur qu'il me fait penser à de la bande dessinée pour jeunes ados, positive, humoristique, entre Franquin et Goscinny. Je pense aussi à Margerin. Dans ce goût là, quelque chose d'encore un peu lié à l'enfance, celle qui rassure, qui rattache à un époque douée d'insouciance, de jeux, pendant laquelle l'avenir semblait toujours radieux. C'est indéniable qu'Amélie aspire à devenir adulte, elle souffre de ne pas y parvenir. Ces bédés ne laissent pas l'enfance inerte, elles construisent le lecteur autant qu'elles le divertissent. Certes, cela peut être le seul lien à un passé édulcoré qui rattache le film à une déformation du réel, mais de là à en faire un discours idéologique, c'est tellement plus que laborieux. D'autant qu'il n'y a pas plus naturel et humain d'aimer à puiser dans la douceur de ses souvenirs heureux, la caresse nostalgique. La mémoire n'est pas que douleur.

Justement, Amélie élabore un Paris présent à la fois réel et fantasmé. Ce film est une lecture, une interprétation qui déforme pour transformer. Ses images multiformes et polychromes présentent une réalité parallèle, une réalité de bande-dessinée, comme tous les univers conçus par Jean-Pierre Jeunet d'ailleurs. Mais elle est ancrée sur une France réelle, aux cultures multiples, une France des sex-shops comme des marchés, une France des photo-matons comme des nains de jardins, une France des Arabes et des indigènes, une France des jeunes et des vieillards, une France qui tire un coup dans les toilettes d'un bar comme celle qui s'embrasse à la commissure des lèvres.

Comme il s'agit avant tout d'un conte qui s'adresse aux enfants ou disons plus sûrement aux jeunes adolescents, le film est très généreux dans ses modes de narration : de très nombreux procédés sont utilisés pour mettre en forme le récit et lui donner surtout cet aspect créatif et innovateur cher à Jeunet. La plupart sont créés numériquement, ce qui à l'époque conférait au film une image très moderne et récréative. Bonbon sucré ! Or, aujourd'hui, les effets spéciaux continuent d'être appréciés, cette fois non plus pour la nouveauté, mais pour l'acuité, la pertinence de leur utilisation.

Ajoutons à cela une distribution qui fait mouche et le film peut constituer un petit classique du cinoche français. Je ne reviens pas sur la touchante Amélie Poulain que compose Audrey Tautou.

Il serait fastidieux d'énumérer tous les petits rôles excellents qui l'entourent, mais je me contenterais de signaler Serge Merlin dans un rôle émouvant, imposant, crucial pour tout dire.

Jamel Debbouze dans un de ses premiers rôles, totalement à contre-emploi, est intéressant dans la retenue et la timidité.

On retiendra l'apparition de Maurice Bénichou
vraiment remuante ainsi que la prestation d'Urbain Cancelier dans un rôle de salopard qu'Amélie s'amuse à martyriser de bon cœur.

Chez les dames, Isabelle Nanty livre une prestation haute en couleurs qui restera comme une de ses meilleures compositions.

Voilà un classique de la comédie romantique populaire qui met de bonne humeur! Son inventivité, sa fraîcheur, sa vivacité, son optimisme font de ce film un perpétuel bain de jouvence, un bon moment de détente. Du plaisir garanti!

Trombi:
Mathieu Kassovitz:

Rufus:

Lorella Cravotta:

Clotilde Mollet:

Claire Maurier:

Dominique Pinon:

Artus de Penguern:

Yolande Moreau:

Michel Robin:

Andrée Damant:

Claude Perron:

Armelle:

Ticky Holgado:

Flora Guiet:

Eugène Berthier:

Charles-Roger Bour:

Luc Palun:

Fabienne Chaudat;

Dominique Bettenfeld:

Jean Darie:

François Bercovici et Thierry Gibault:

François Viaur:

Valérie Zarrouk:

Franck Monier:

Marc Amyot:

Myriam Labbé:

Frankie Pain:

Julianna Kovacs:

Jean Rupert:

jeudi 25 juin 2015

Dans la maison



2012

Cinéaste: François Ozon
Comédiens: Ernst Umhauer - Fabrice Luchini - Kristin Scott Thomas - Emmanuelle Seigner

Notice SC
Notice Imdb

Vu à la télé


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Nouvelle expérience télévore pour moi. Épreuve rare. Après la laborieuse lecture d'un film sur TF1 (quelle horreur !) dernièrement avec "Le plan parfait", je me suis laissé tenter par France 2 pour ce film de François Ozon avec Fabrice Luchini. Deux noms, deux raisons de titiller ma curiosité. Pas de coupure pub, c'est déjà ça, mais ce (-10) accroché au bas de l'écran... quel intérêt ? Si ce n'est ajouter artificiellement un soupçon de tension, promesse finalement non tenue.

Je n'aime pas toujours les films de François Ozon. Certains me plaisent sans fard, d'autres me laissent de marbre, mais ceux qui m'ont plu me donnent l'envie d'y retourner. J'ai encore du mal à analyser son cinéma. Parfois sa mise en scène, sa direction d'acteurs me paraissent statiques. Parfois cela m'exaspère, parfois cela m'enchante. C'est à n'y rien comprendre ! Peut-être que cela dépend de la distribution ? Catherine Deneuve dans Potiche est un cadeau de cinéma.

Fabrice Luchini est intéressant ici. Par contre, j'ai vraiment un problème avec Ernst Umhauer. Il est tellement figé qu'il en paraît désincarné. Sa diction, sa gestuelle indiquent un mal-être sans doute. Oui, peut-être que l'impression de balai rangé dans son fondement est voulue par Ozon pour distinguer ce personnage de l'engeance ordinaire ? Seulement, au final, il apparaît peu crédible. On ne voit qu'un jeune acteur mal à l'aise, au jeu insuffisamment naturel pour faire oublier les dispositifs scéniques.

Mais, ce qui me déçoit le plus, c'est la finalité de cette histoire. En suivant ce récit construit sur un crescendo de suspense, je m'attendais à une explosion plus percutante, quelque chose qui sorte de l'ordinaire, un rebondissement, un climax qui donne du sens, de la hauteur à l'ensemble de l'histoire. Cela n'arrive pas, on se retrouve malheureusement avec une fin classique, pour ne pas dire banale, et l'on se demande pourquoi on nous a raconté ce personnage. Son cynisme n'a pas de portée. Sa perfidie, sa condescendance sont gratuites. Je ne comprends pas, je ne vois pas l'intérêt. L'ambiguïté relationnelle entre les deux personnages est même évoquée frontalement (désir homosexuel, désir de parenté, frustration existentielle ?), mettant en lumière des non-dits qui pouvaient alors encore passer pour du sous-texte subtil. Mais même ça, on nous l'enlève.
Je ne me suis pas ennuyé tout à fait, mais c'est pas passé loin.

Mini trombi:
Emmanuelle Seigner (right droite):

Ernst UmhauerDenis MénochetEmmanuelle Seigner et Bastien Ughetto:

Kristin Scott Thomas: