lundi 1 février 2016

Mia Madre



2015

Mia Madre

Cinéaste: Nanni Moretti
Comédiens: Nanni Moretti - Margherita Buy - John Turturro

Notice SC
Notice Imdb

Vu en salle



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Difficile d'évoquer ce film sans enfoncer la porte ouverte de l'émotion. Forcément avec un film sur une maman qui meurt à petit feu, comment y échapper ?! Disons plutôt que le mérite du film n'est pas juste d'émouvoir, mais de le faire avec mesure.
Je ne sais pas si c'est une question de douleur ou de pudeur, mais Nanni Moretti n'a pas joué son propre rôle et a laissé une femme l'endosser. Margherita Buy joue donc une réalisatrice en train de tourner et acceptant de plus en plus mal l'état de santé préoccupant de sa mère hospitalisée.
Ce qui m'a plu dans ce film, c'est la façon dont il aborde des questions existentielles, celles bien entendu qui surpassent les autres à certains stades de la vie, en forme de bilans pénibles, qui interrogent le sens de la vie et surtout notre capacité à regarder de front la mort, la nôtre comme celle de ceux qu'on aime. Le scénario pose ces questions plutôt ouvertement, avec des personnages tous en difficulté dans leur vie. Ce lien entre douleur de vivre et peur de mourir est très finement observé, et pas uniquement grâce au personnage joué par Margherita Buy.
Nanni Moretti lui même joue le frère d'abord solide en apparence mais évidemment tout aussi déboussolé par cette mort. Chacun à son rythme, chacun avec ses propres fêlures, chacun s'adaptant à sa propre angoisse.
Et bien entendu, John Turturro, présenté dans un premier temps comme un acteur loufoque, diva excentrique, comique mais dont l'activité cache aussi une souffrance.
Tout le monde est de près ou de loin dans une quête de sens, avec tout ce que cela signifie de conflits intérieurs, de trouille existentielle et de lutte permanente contre le monde, la société, les apparences, les affects, la communication. Ce fatras qu'est l'existence est très bien dépeint par le scénario avec suffisamment d'humour pour trouver de quoi se dégager de la gangue de douleurs et de peurs, pas trop non plus pour ne pas tomber dans le piège inverse, du divertissement aveuglant. La poussière n'est pas cachée sous le tapis avec Moretti. Jamais du reste, il faut savoir lui en rendre grâce.

Après, il y a la mise en scène de Moretti qui m'a beaucoup plu, des idées peut-être pas inédites mais qui tombent à point, donnant du relief au récit ou bien l'adoucissant. C'est souvent le cas dans ses films, Moretti parvient à imposer une grande tendresse, ce qui est paradoxal parce que ce type n'apparaît pas vraiment comme un tendre de prime abord, il semble plutôt bourru. Il a un côté revêche, comme s'il retenait en lui une certaine agressivité. Il doit y avoir quelque chose qui se rapproche de ça, d'une agressivité qu'il s'évertue à canaliser, voire à complètement étouffer, mais derrière cet obstacle, au contraire, on sent une véritable délicatesse, beaucoup d'indulgence, de philosophie affective pour ses personnages, leur parcours. Et Mia Madre me confirme ce sentiment de moins en moins confus que Nanni Moretti est un vrai tendre, avec quelques démons intérieurs bien matés, profondément enfouis dont on ne devine que quelques centimètres de bouts de queues par moments.

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