mercredi 6 août 2014

La Reine Christine



1933

Titre: La Reine Christine
Title: Queen Christina

Cinéaste: Rouben Mamoulian
Comédiens: Greta Garbo - John Gilbert

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd




Très joli mélodrame de Rouben Mamoulian dont la force réside essentiellement dans la beauté d'une histoire d'amour et dans le bouleversant portrait d'une femme habitée par une Greta Garbo au sommet.

Tout repose sur elle. En tout cas bien plus que sur John Gilbert. A ce propos, le film peut revendiquer un aspect féministe non négligeable. La Reine Christine, au delà du patriotisme affiché avec conviction, est une femme qui ne se laisse rien dicter. Dès l'enfance, elle repousse toute main tendue sans réelle nécessité.
Elle se rit de la position inconfortable des hommes vis à vis de sa majesté indépassable. Et j'irais même jusqu'à dire de leurs faiblesses toutes mâles à ne voir pas aussi loin qu'elle. L'univers des hommes est décrit comme assez étroit, violent, rétrograde, toujours en retard, en dehors de la course véritable du monde. Au contraire, cette femme qui ne s'en laisse pas compter est comme visionnaire, cultivée, tolérante. Sa largesse d'esprit qu'on pourrait aisément identifier comme sa plus grande intelligence lui permet d'affronter l'existence avec pragmatisme et courage. Même quand elle rencontre l'amour sous les traits rieurs et étonnés de l'hidalgo John Gilbert,
elle continue à montrer autant de passion et de force. Pleinement femme, à la fois reine et amoureuse, cette association s'avère malheureuse, c'est là tout son drame, l'inconciliabilité de son statut et les élans de son cœur.

Et il faut absolument noter que ce rôle, peu commun sans doute à l'époque, va comme un gant à Greta Garbo. L'image du gant n'est pas très heureuse, un brin grossière, pardonnez-moi, si éloignée de l'élégance de la comédienne. Disons plutôt que le rôle était fait pour elle, une blonde, avec sourcils expressifs, pleins de sous-entendus et au teint frais, pleine d'appétit, sportive, avec une silhouette très fine. Elle est droite, longue, une tige de fleur. Elle a le beau talent de très bien incarner cette joie de laisser aller son cœur à l'amour, objet de découverte pour elle qui n'avait jamais connu pareil émoi. Il y a quelque chose de juvénile, de très délicat aussi. Mais également une grande sincérité transparaît. Elle joue vraiment très bien, je suis épaté. Belle et juste. Son bonheur comme son malheur sont communicatifs. Je comprends encore mieux la fascination que cette femme a pu exercer sur nombres de fans. Elle est jolie femme, mais sa beauté ne correspond pas non plus aux canons habituels, même à l'époque. Elle est à part. Sans doute parce que sa beauté irradie. Un truc qui émane d'elle. Un charme très difficile pour moi à définir. Je n'en vois pas le début d'une explication, pas le moindre indice. Je vois au contraire ce qui devrait me gêner : ce sourcil gauche trop souvent en accent circonflexe, ce profil étrange, lisse, ce corps trop fin... Et pourtant, impossible de ne pas être admiratif et tout chose devant une créature pareille.

Et puis cette histoire d'amour est bien racontée. La progression ne manque pas d'intelligence, ni de douceur. Sensiblement, le spectateur se sent bien avec les deux tourtereaux. Beaucoup de naturel, d'humour gentil, de fraîcheur dans la conduite du récit fait que suivre cette histoire se révèle une agréable aventure ciné. La tournure mélodramatique finale ne vient pas empeser le propos, bien au contraire, elle le souligne avec une puissance qui laisse le spectateur dans un état émotionnel particulier. Un très joli film.

Trombi
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