Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
vendredi 11 juillet 2014
Pauvre France!
1982
Auteurs: Sam Bobrick - Ron Clark - Jean Cau
Metteur en scène: Michel Roux
Comédiens: Jean Lefebvre - Georges Beller - Annick Alane - Nadine Capri - François Duval
Vu sur le net
J'ai dû voir cette pièce lors de sa diffusion "Au théâtre ce soir", je devais avoir entre 8 et 10 ans et je me souviens avoir beaucoup ri, d'avoir été conquis par l'abattage et la présence incontestable de Jean Lefebvre, une tête qui m'était déjà fort bien connue, une trogne du cinéma français qui passait souvent à la télé jadis.
La revoyure 30 ans plus tard est un voyage temporel stupéfiant. Avec "La cage aux folles", cette pièce est sûrement l'une de ces œuvres primitives qui ont amené le sujet de l'homosexualité dans le salon de monsieur et madame Français moyens, le bourgeois comme le prolo avec une pincée de sourire. Ce cheval de Troie apparaît aujourd'hui comme un gros machin grossier et vulgaire.
Il faut donc pour être tout à fait honnête faire preuve d'indulgence, mais foutre que c'est compliqué! C'est là qu'on mesure le ravin qui nous sépare de 1982. Même s'il s'agit d'un sujet de société important, comme l'intention est d'abord de faire rire, on nous colle donc une folle. L'humour franchouille aime ça. Faut que ça couine, que ce soit énooorme, peut-être pour que le "problème" homosexuel soit encore maintenu éloigné dans un monde irréel?
Georges Beller, avant de toucher à l'animation télé, a été un comédien et s'y colle. Il n'atteint pas la tessiture ultra aiguë de Michel Serrault. Beller arrive même à être plutôt bien. Étonnamment, il n'en fait des tonnes que très rarement. Enfin... c'est un avis personnel. D'aucuns diront sûrement le contraire. Je m'attendais à pire disons. Et au final, j'aurais envie de dire qu'il s'en tire pas trop mal, même si avec un poil de sobriété en plus on aurait pu parler de très bonne prestation. Je n'ai rien contre l'image homosexuelle efféminée quand cela ne vrille pas le tympan du public.
M'enfin, autre temps, autres mœurs, autre jeu. Je ne sais pas à quel point il y a de la facilité à donner un personnage pareil à l'époque. Je suppose que le public attendait quelque chose comme cela. En contre-partie, le fils homo de Jean Lefebvre est tout en mesure et virilité affichées, à la fois pour justifier que ses parents ne se soient pas rendus compte de son orientation sexuelle, mais peut-être aussi pour alléger la "follitude" de la pièce.
Ce qui me gêne surtout ce n'est pas le jeu des acteurs qui est sans doute assez ordinaire, plutôt correct. Non, ce qui me titille un peu plus c'est une espèce d’ambiguïté qui ressort de tout cela, du regard posé sur l'homosexualité. Tout le long de la pièce, je ne saisis pas bien ce que les auteurs (Sam Bobrick, Ron Clark auteurs anglais originels et Jean Cau adaptateur français) veulent nous dire sur l'homosexualité, ce qu'ils veulent laisser entendre au public. Il y a à la fois une vision très rétrograde qui peut être comprise comme celle des personnages les plus traditionalistes et une autre beaucoup plus tolérante et décoincée. Reste que je m'interroge encore sur les intentions un peu complaisantes des auteurs, mais plus encore de celle de Jean Cau vis à vis de l'homophobie des parents. Pourtant à certains moments, on a envie de croire qu'on se moque davantage de l'homophobie que de l'homosexualité. Mais le doute persiste. Quand on connait un peu le parcours de Jean Cau, on peut tout de même se poser des questions. Qu'en est-il de la pièce d'origine?
Je donnerais cher aussi pour pouvoir la comparer avec la première représentation avec Jacques Fabbri et Bernard Giraudeau. Celle-ci m'a l'air pépère et toute axée sur la performance de son comédien principal. Jean Lefebvre va asseoir avec cette pièce sa renommée boulevardière. Il pourra ainsi continuer à gagner sa croûte (en l'occurrence son jeton de casino) quand le cinéma lui tournera volontiers le dos. Déjà, on le voit prendre le parti de jouer la connivence avec le public dans la salle. Plus tard, ces apartés deviendront si célèbres qu'un certain nombre de spectateurs iront le voir rien que pour ça, se foutant complètement de la pièce. Mais le succès retentissant de "Pauvre France" est certainement le top départ de cette relation privilégiée entre le public de boulevard et lui.
On a donc là une pièce un peu moisie, pas si méchante qu'on pourrait le craindre. Elle fait penser à un discours égrillard et vieillot d'un grand-oncle qui sent un peu la vinasse en fin de banquet, qu'on écoute par politesse mais qu'on ne prend plus au sérieux depuis longtemps parce que arriéré, parce que reliquat d'une époque disparue. Le monde a tourné depuis 1982, fort heureusement. La pièce demeure un témoignage de ce passé et le voir aujourd'hui raconte beaucoup la lente mais profonde évolution des mœurs. Elle n'est donc plus aussi drôle qu'elle a pu l'être. Le grand-oncle faisait rire aussi dans le temps, aujourd'hui on fait avec, parce que dans le fond on l'aime bien, on sait bien qu'il n'est pas méchant, mais il n'a pas plus d'importance.
Trombi:
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Ouai pas sur que les mœurs on changés et on s'en fout !
RépondreSupprimerOn ce force mais les gens hétéros trouvent et trouveront toujours que les homos sont hors norme et eux même le savent .
on veut stigmatiser les hétéros, mais rien ne change ces hommes et ces femmes on les aiment on les aimera (amitié) PAS parce qu'ils sont pd mais parce qu'ils sont des hommes ou des femmes de qualités.
comme on détestera les sacrées cons qu'il y a chez les gays
même si on peut en rire, comme tout autre choses .
mais on force à changer et se n'est pas bon !