Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
jeudi 19 juin 2014
Gone with the wind
1939
Alias: Autant en emporte le vent
Cinéaste: Victor Fleming
Comédiens: Vivien Leigh - Olivia de Havilland - Clark Gable - Leslie Howard
Notice SC
Notice Imdb
Vu en blu-ray
Avant de parler du film proprement dit, je suis un peu déçu par qualité de l'image blu-ray. JE m'attendais à bien plus de détails, de profondeur dans la photo, de puissance dans les couleurs. C'est toujours mieux qu'un dvd, m'enfin pour un blu-ray, j'ai connu infiniment plus éclatant.
Pour beaucoup, ce film est une référence. A juste titre. Pour moi, il constitue cette montagne à escalader notamment au "Ciné-club" d'Antenne 2 ou au "Cinéma de minuit" de FR3, quatre heures de film à essayer de tenir dans la nuit avant l'heureux temps du magnétoscope (pendant longtemps je n'ai pas eu les moyens de faire l'acquisition de cette technologie).
Au-delà de la longueur de cette épopée, il fallait également supporter Scarlett. Je comprends tout à fait ceux qui n'y parviennent pas. Les pauvres se privent alors d'une des mécaniques essentielles de ce mélodrame : l'évolution chaotique d'une femme complexe, petite fille tirée de son égocentrisme par les aléas de l'Histoire américaine et aliénée toute sa vie par un rêve illusoire, une aberration du cœur, l'amour pour un falot bellâtre. Par bien de ces aspects, le personnage de Scarlett est horripilant, certes, mais sa réalité est telle.
On ne devrait que mieux en apprécier la composition de Vivien Leigh. La comédienne se collette donc à un rôle exigeant des trésors de subtilité pour à la fois traduire l'infantilisme, la candeur et l'extrême arrivisme de cette petite aristocrate aux dents acérées, connaissant parfaitement l'étendue du pouvoir que sa beauté rayonnante a sur les hommes et dans le même temps, pour réussir à ne pas en faire trop, à ne pas la réduire à une caricature irritante mais au contraire à nous la rendre concrète, à lui donner aussi bien du crédit qu'un physique palpable, de l'épaisseur en somme. Vivien Leigh est toujours très juste. Elle joue de son physique à merveille, notamment ce sourcil droit qui a tendance à se relever pour marquer ses accents d'émotion au gré des événements, et ils sont nombreux, qui la bouleversent, l'assouplissent ou la violentent. Rôle très riche, très difficile à maintenir hors de l'eau et des outrances. Et Vivien Leigh s'en tire haut la main.
Face à elle, un Clark Gable dans la force de l'âge, livre également une prestation parfois éblouissante. Touchant toutes les notes émotionnelles, entre sourires et larmes, pince-sans-rire, dévasté par la peine ou amoureux en colère, il mène sa barque avec maestria.
J'ai une affection particulière pour la vierge Marie du film, Mélanie. Olivia de Havilland a elle aussi un rôle difficile, dans le sens inverse de celui de Scarlett. Elle joue la sainte, la femme parfaite, épouse fidèle, ultra positive, le cœur sur la main, donnant sans compter. Son altruisme est si manifeste qu'il peut en saouler plus d'un. Mais l'actrice arrive à maintenir son personnage sur un fil d'équilibre sans tomber dans le pathos excessif. Je la trouve relativement bonne comédienne, le geste et l'expression impeccables toujours au bon moment.
Je n'en dirais pas autant de Leslie Howard qui joue son époux Ashley. J'ai déjà dit l'antipathie que j'éprouve pour le style de jeu du comédien à propos de "Pygmalion". Ici encore, le comédien ne peut s’empêcher de ruiner deux ou trois scènes dramatiques avec des petits gestes, gras d'emphase, pour marquer la fatalité qui le prend à la gorge. Ces scènes qui demanderaient au contraire de la mesure, une attention particulière à ne pas sur-dramatiser sont ridiculisées par Leslie Howard qui se croit obligé d'en rajouter comme s'il était sur une scène de théâtre et qu'il fallait s'assurer que le spectateur du fond de la salle voit bien combien il est meurtri par le sort fatal qui s'acharne sur lui. En plus de cela, son personnage Ashley est un indécrottable nigaud, incohérent, sans coucougnettes devant ces dames et ses propres sentiments, un lâche coincé entre ses désirs bien mal enfouis pour Scarlett et son aspirations au confort, à la paix sociale que représente la délicate Melanie. C'est le malheur de Scarlett que de rester accrochée à une image d'Ashley fantasmée dans son enfance. C'est dommage qu'on ait pris cet acteur pour ce rôle. Quelqu'un de brillant, de plus consistant aurait pu rendre cet aveuglément plus compréhensible.
Vu l'éprouvante et douloureuse gestation du projet, la mouvementée production du film, je m'attendais lors de cette revoyure à y déceler, au moins dans la structure narrative, une certaine discontinuité, peut-être même un manque d'uniformité, des ruptures dans les tonalités. Or, il n'en est rien! Le film raconte beaucoup de choses, et réussit néanmoins à guider le spectateur sur le long récit en sauvegardant une cohérence générale miraculeuse.
La mise en forme est sublime. Hollywood dans toute sa splendeur technicolor arbore ses plus beaux atours et le spectacle est continu. Les couleurs sont vives. Le blu-ray aurait pu leur rendre un plus bel hommage, mais au moins permet-il d'apprécier la bonne tenue des effets visuels.
Sans être totalement bouleversé, j'éprouve une certaine admiration pour ce film. Je suis en tout cas friand du réel plaisir à recevoir ce spectacle de cinéma. On en a plein les mirettes. Les acteurs principaux sont formidables (à l'exception du mollusque Howard). L'histoire est grandiose, portant une morale pas trop conne. Le film regorge de répliques cultes, qu'on aime à se remémorer. Bref, un classique qui mérite de l'être encore longtemps. Je ne boude pas mon plaisir renouvelé.
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