Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
mardi 8 avril 2014
The Grand Budapest Hotel
2014
Cinéaste: Wes Anderson
Comédiens: Ralph Fiennes- Willem Dafoe - Tony Revolori
Notice Imdb
Notice SC
Vu en salle
Extraordinaire! Cette certitude que vous allez avoir du plaisir au cinéma, elle m'habitait avant d'entrer dans la salle. Aucun doute. Je ne pouvais pas penser que j'allais être déçu. Et ce qui devait arriver arriva : j'ai adoré. Niveau kif de sa race : premium! Qu'est-ce que c'est bon d'avoir un cinéaste sur qui on peut compter ! Ils ne sont pas nombreux. Wes Anderson est de ceux-là pour moi.
D'entrée de jeu, on est plongé dans un cinéma à part. Comme chez Karel Zeman que j'ai découvert il y a peu, le petit dessin de ce funiculaire qui monte et, hop ! on est en Europe centrale zemanienne! On sait alors qu'on est invité à voir un film pas comme les autres, dans un univers parallèle.
Je comprends d'ailleurs que certains s'en formalisent et restent réticent face à cette mise en scène, car elle est très épicée. Les travellings qui traversent l'hôtel ou ces grands plans fixes où les acteurs semblent prendre la pose peuvent irriter. Ils m'enchantent. J'ai l'impression que les personnages et les images dansent sur le toit du monde.
Excellence que l'offre chromatique souligne. La grande recherche stylistique est aussi reconnaissable que le nez au milieu de la figure de Cyrano. Cette recherche de couleurs (irréaliste au possible) est une merveille pour les yeux. Notons que cette générosité s'étale sur tous les films de Wes Anderson. Voilà un cinéaste qui sait si bien ce qu'il veut qu'il ose la couleur. Ce Grand Budapest Hotel a de quoi aplanir la palette habituelle d'Anderson avec ses étendues enneigées, ces geôles sombres, ces nuits inquiétantes et pourtant, il arrive fréquemment au cours du film que les couleurs vives explosent, comme dans une belle bédé rutilante, pleine d'éclat. Cette offre chromatique n'est pourtant pas excessive. Cela reste maîtrisé, sans faute de goût.
L'histoire elle-même, si elle propose un regard profondément humaniste et joyeux, n'est pas non plus d'une béatitude à la fois naïve et stupide. Non, le propos coloré n'en demeure pas moins empreint de la douleur du monde.
Tout est dans le personnage de M. Gustave joué par Ralph Fiennes qui trouve là un de ses plus beaux rôles, fuoriclasse! Il est tout le film : classieux mais grossier, dur mais bon, optimiste mais pragmatique, diplomate mais bagarreur. Sous le costume impeccable du directeur de grand hôtel se cache un inébranlable héros anti-casse-burnes fascoïdes et pro-humain, un grand romantique par excellence, la flamboyance incarnée.
Affublé de son jeune acolyte M. Moustapha, interprété par Tony Revolori (sacré veinard pour son premier long métrage!) ils forment un couple très fort, un duo de héros modernes, mais encore garants d'un certain état d'esprit, vieillot, quelque peu aristocratique, en tout cas plein de noblesse. Par moment, on a l'impression d'être devant un vieux film d'espionnage à la Fritz Lang ou d'Alfred Hitchcock, ces personnages obstinés, brinquebalés par des événements dramatiques mais qui restent pénétrés par une force de vie imparable.
En effet, l'humour est constant, même dans les moments de tension. On reste proche parfois du dessin animé. L'absurde est toujours présent malgré tout. Je ne louerais jamais assez cette faculté chez Wes Anderson d'aborder avec humour, tendresse et dynamisme des sujets qui sont au bord du tragique.
Ici plus encore, le cinéaste habille son récit de personnages hilarants, loufoques ou morbides. Harvey Keitel en taulard ultra tatoué est spectaculaire, mais le meilleur est dans le clownesque assassin Willem Dafoe.
En fait, je suppose que cette joie de création qui transpire provient non seulement du scénario complètement barré d'Anderson, de sa mise en image à la fois calculée et échevelée, mais encore du plaisir tellement visible des comédiens de participer la construction de cette folie douce et futée.
Parce que tout cela n'est pas juste un spectacle tout joli, tout mimi. Le film est d'une pureté d'écriture ahurissante. Pas une once de temps perdu, pas une seconde en trop. Calibré à la perfection dans le montage. Les textes sont superbes, ce qui peut aussi expliquer que tout Hollywood se bouscule pour jouer dans ces films.
Bref, c'est d'un sublime ! Encore une fois, j'adore ! Hâte d'un blu ray qui va déchirer sa mémé. Sûr!
Mini trombi:
Adrien Brody:
Saoirse Ronan:
Jude Law:
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