Quand le reptile se fait des pellicules, des toiles, des pages et des dessins... Blog sur l'image et la représentation en général. (cliquez sur les captures pour obtenir leur taille originale)
mardi 7 décembre 2010
A nos amours
1983
alias : To Our Loves
Cinéaste: Maurice Pialat
Comédiens: Maurice Pialat - Dominique Besnehard - Evelyne Ker - Sandrine Bonnaire
Notice Imdb
Vu en dvd
Mon troisième Pialat après "Police" et "Nous ne vieillirons pas ensemble" Sa filmographie n'étant pas très grande, ma foi, prendre son temps et l'aborder avec une certaine retenue me parait être une bonne idée. D'autant que le bonhomme a du coffre. Ses films ne sont pas vraiment des petites bluettes que l'on regarde en se curant le nez ou en prenant l'apéro. Le propos est encore une fois très physique. Il demande au spectateur des efforts, non pas d'attention, mais de réception.
"A nos amours" est un film qui ondule de la croupe proposant le portrait intime d'une jeune fille, presque déjà femme, mais franchement perdue encore dans ses sentiments et ses désirs et puis balançant soudain dans l'étude de mœurs d'une famille à la dérive, dont les dysfonctionnements de communication provoquent une grande violence et pas mal d'explosions proches de l'hystérie chez chaque membre. Le film va de l'un à l'autre, sans arrêt. Les deux faces du même film se renvoient la balle, se nourrissant l'une de l'autre.
Comme toujours chez Maurice Pialat, les rapports entre les individus se vivent dans la douleur et la violence, l'agression visant à provoquer des actes ou/et des mots d'amour. Ils n'est pas question pour nous de porter des jugements de valeur sur ce point. Je remarque toutefois que ce genre de relations dans la vie mais tout autant dans les films m'irritent de façon rédhibitoire habituellement. Mais Maurice Pialat n'est pas le dernier des salauds. Il aime ses personnages. Et finalement au bout du compte, l'amour l'emporte. C'est à dire que la tendresse finit toujours par prendre le dessus sur le reste. On sort de ce film conquis par cette démonstration affective, certes parfois brutale, c'est le moins qu'on puisse dire, mais cette rudesse n'est jamais présentée comme une donnée consubstantielle à l'amour, un passage obligé, une clé. Elle sert juste de ponctuation, un relief sur lequel il convient de s'adapter. On fait avec, en somme. Malgré la violence, les êtres luttent pour continuer à s'aimer, pour chercher et peut-être un jour parvenir à trouver la paix. Chacun tente à sa manière de construire son espace de bonheur malgré les dépendances affectives, en dépit de la souffrance que les autres lui infligent. Ces rapports sont très compliqués à comprendre, c'est la raison pour laquelle "A nos amours" fait preuve d'une sincérité et donc d'une force que le spectateur ne peut pas recevoir autrement que de manière frontale.
En me relisant je crains que nous pensiez que ce film fait en quelque sorte l'apologie de la violence dans l'expression. Ce n'est absolument pas le cas. Si cela l'était, cette famille resterait unie malgré tout. Non, elle éclate. C'est juste que les gens ne se haïssent pas pour autant. La violence de la cellule familiale est un phénomène ô combien complexe et c'est une entreprise courageuse de la part de Maurice Pialat que de vouloir lui donner une couleur et des formes.
Des comédiens qu'il a choisi, Sandrine Bonnaire
est bien entendu la plus brillante. La surprise est totale à l'époque quand cette gamine apparaît sur les écrans et dessine une fille aussi naturellement souriante avec ses hommes que triste ou paumée sous une pluie battante à un abri-bus.
Maurice Pialat
lui même incarne le père, fatigué par sa femme et ses gamins, ce fossé qui se creuse avec ces gens qu'il ne comprend plus, qui l'éreintent. Sa masse, sa mâchoire, sa barbe d'où sortent des phrases lapidaires, des discours incisifs, tenus dans le plus parfait calme mais dont on sent obscurément l'arrière goût âpre et violent, son physique en imposent. Il s'est bien choisi. Il avait des choses à dire. Il en profite pour régler ses comptes avec la critique et l'intelligentsia mais peut-être plus avec celles ou ceux qui préfèrent vendre leur âme. Maurice Pialat est un moraliste avec ses petits airs d'ayatollahs parfois. Ses avis tranchants lui ont souvent valu de perdre des amis. Les pères-la-morale sont sans concession.
Cet "A nos amours" est un film qui fait penser, frémir, qui ne devrait pas vous laisser indifférent. Un autre film important de Maurice Pialat.
Trombi:
Dominique Besnehard:
Evelyne Ker:
Cyril Collard:
Jacques Fieschi et Valérie Schlumberger:
Anne-Sophie Maillé:
Cyr Boitard:
Pierre-Loup Rajot:
Maïté Maillé (à gauche):
Christophe Odent?
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j'ai lu que le modèle de cette famille est celle de claude berri - ce qui se voit aussi dans un des ces films autobiographiques. dont je ne retrouve pas le nom, il est tôt...
RépondreSupprimeron pourrait ajouter aussi, film (et actrice) générationnel, mais là, tout est relatif !